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Lettre de province
Boudiaf, Djaout et Matoub : trois crimes majeurs en juin
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 06 - 2016


Par Boubakeur Hamidechi
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Encore heureux qu'une grand-messe du football se tienne au moment où les Algériens jeûnent rituellement à l'instar de tous les musulmans du monde. Mais ce sublime spectacle sportif qui sert, depuis 10 jours, de dérivatif contre la faim taraudant les corps et le blues moral rongeant la société ne donne en vérité du plaisir que pour les petites gens survivant à la limite de la clochardisation. Une sorte «d'opium des stades» susceptible d'exorciser, le temps d'un match, la malvie que portent sur leurs visages tous ces «faces de carême» condamnés à l'errance quêteuse chaque jour de ce mois d'abstinence. Par contre, ces instants jubilatoires, œuvres des duels sportifs, permettent tout de même de «zapper» l'actualité indigène reléguée alors au rang de préoccupation secondaire.
En effet, qui s'intéresse depuis le 6 juin aux gesticulations de quelques responsables et à la péroraison d'un Premier ministre alors que le JT qui en diffuse les extraits passe lui-même à une heure indue ? C'est qu'à travers le créneau malheureux de 19 heures, la communication officielle est fatalement condamnée à commettre un flop quotidiennement. Or, la voilà la raison de trop expliquant cette singulière indifférence du pays. Celle que l'on pourrait qualifier de dissidence passive de la société lorsqu'elle ne s'intéresse plus à la chronique peu ragoûtante de la vie politique.
Cependant, ce refus qui ne dit pas son nom épargne le culte du souvenir. C'est qu'il est difficile en Algérie de gommer de notre calendrier le mois de juin, surtout ! Et pour cause les Djaout, Matoub Lounès et Boudiaf en sont ses sanglantes éphémérides. Dans l'ordre des jours, le 23 est placé sous le signe du poète, le 25 désigne le barde iconoclaste quant au 29, il est réservé à la statue du commandeur. Une trinité emblématique pour un seul mois et dont on s'est efforcé d'enfouir le souvenir jusqu'à vouloir effacer le sens de ce martyrologe afin d'en soustraire les références que ces trois noms inspirent. Ainsi à la perte d'un génie littéraire puis d'un messager populaire et enfin d'une conscience morale, l'on a voulu imposer l'amputation mémorielle.
Un recours au procédé de la «table rase» au nom de la culture de l'oubli laquelle n'est rien d'autre que l'horrible injustice rôdant en permanence dans les allées des cimetières. Même si l'on sait qu'il est pathologiquement malsain d'habiter en permanence dans les cryptes des mausolées ou bien de faire de la fréquentation exclusive des panthéons la seule source de régénération, il n'en demeure pas moins que c'est, ici, dans ces lieux de l'éternité que se cultive la mémoire et que recule l'amnésie. Or, dans le compagnonnage pesant de la mort, la société algérienne a toujours su tirer profit de son rapport au malheur en parvenant justement à faire la part plus grande à la vie et à l'optimisme sans toutefois rien oublier des grandes douleurs.
En effet, une fois l'émotion surmontée, n'a-t-elle pas été souvent capable de refouler les miasmes mortifères pour rebondir immédiatement dans la vie ? Ainsi, le droit et le devoir de mémoire sont-ils demeurés intacts. C'est dire que de nos jours, comme au lendemain de l'indépendance, l'on ne s'est jamais départi de ce recours au passé et au souvenir de ceux qui en furent les porteurs de lumière. Sur cet aspect, l'on peut même avouer que notre société fut d'une excessive imagination.
Multipliant les cryptes de la gloire et décentralisant les panthéons, n'a-t-elle justement pas fini par faire de ce vaste pays un témoin implacable contre la barbarie de l'intégrisme religieux ? Or, aussi longtemps que les pouvoirs s'efforceront d'expliquer la morale de l'histoire récente par des subterfuges étroitement politiques, il est à craindre que bon nombre des sépultures majeures risquent de connaître l'oubli et l'insupportable désertion des commémorations.
Oulkhou pour Tahar Djaout et Taourit Moussa pour Matoub Lounès : voilà deux lieux-dits, c'est-à-dire deux hameaux, dont la musicalité des noms qui les désignent rappelle les discrètes chroniques de Feraoun, devenu depuis deux décennies des destinations pour les pèlerins de la liberté. Sans oublier, évidemment, qu'aux côtés de ces oasis de lumière, où reposent le poète et le barde, il existe également le jardin officiel de l'immortalité où gît le père initiateur de notre décolonisation. Or, un quart de siècle après son martyre, la postérité de Boudiaf continue de susciter dans l'Algérie officielle une curieuse prévention proche du doute quant à la sanctification de sa place dans les manuels d'histoire. Il est vrai que l'on a longtemps épilogué sur ce crime majeur sans jamais parvenir à reconstituer le puzzle du complot. Certes, le temps politique n'est pas le même que celui de l'Histoire, elle-même conditionnée par les prescriptions imposées par la raison d'Etat. Mais était-il pour autant concevable d'escamoter le versant biographique de l'homme à travers lequel il aurait dû être célébré ? C'est justement ce déni de reconnaissance officielle imputable aux pouvoirs successifs qui est à l'origine du lent rabaissement de notre patriotisme. Pourtant, Boudiaf symbolise, aujourd'hui encore, le modèle du «père de ce petit peuple».
Celui qui, justement, s'installe devant un écran de TV pour communier avec le football européen et ignore souverainement la cohorte des dirigeants lorsqu'ils font leur cinéma à la télé officielle.


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