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C'est ma vie
L'impossible divorce de Fadila
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 09 - 2016


Par Belaïd Mokhtar, un lecteur
A 32 ans je n'étais toujours pas mariée, et pourtant, sans fausse modestie, je suis plutôt jolie. En Kabylie, à mon âge, on est déjà considéré comme une vieille fille et les prétendants ne se bousculent plus au portillon. Ma délivrance, je la dois à une voisine.
Un parent à elle, qui réside à Alger, cherchait chaussure à son pied, ma mère saute sur cette occasion inespérée et accepte que ce monsieur vienne chez nous pour les présentations d'usage.
Moi, afin d'arrêter les commérages et les fausses compassions, j'étais prête à épouser Quasimodo. Une semaine plus tard, l'homme en question et sa mère se pointent chez nous. Il faut dire qu'il n'était guère gâté par la nature. Il était maigrichon, chauve ; une vraie tête de fouine
En revanche, j'ai su dès son premier coup d'œil que je lui plaisais, il n'arrêtait pas de me regarder en douce. J'avoue que ni lui ni sa mère ne m'inspiraient confiance, mais je ne voulais en souffler mot à ma mère. Il a chuchoté quelques mots à l'oreille de sa maman, et cette dernière a demandé qu'on serve le café, un code qui signifiait que je lui plaisais et qu'elle était donc prête à demander ma main. Mais elle n'a pas manqué de préciser avec son air le plus cynique que son fils n'avait que 30 ans et que j'étais plus vieille que lui de deux ans, c'était le seul argument qu'elle avait trouvé pour le valoriser à mes yeux. Mais ma mère va inventer tous les arguments pour me convaincre de l'épouser.
Mes frères s'occupèrent de toutes les formalités, mon père n'étant plus de ce monde, les fiançailles furent vite fêtées et après la célébration du mariage, sur lequel je ne vais pas m'étaler, je me retrouve à Alger. Je fus vite déçue. Et pour cause, ma belle-famille réside dans un trou perdu en banlieue.
Je pensais pouvoir enfin sortir de la tutelle de mes frères et avoir plus de liberté, je me trompais lourdement. Après un mois de quiétude, ma belle-mère sort ses griffes et je lui découvre un autre visage, en fait son vrai visage. Je devais me soumettre à ses ordres matin et soir. Elle m'a bien fait comprendre que mon mari n'est qu'une marionnette entre ses mains et que c'était elle qui tirait les ficelles. Et pour me le prouver elle a interdit à son fils d'établir l'acte de mariage. Il a fallu attendre que je me rende à Béjaïa avec mon mari et que ma belle-mère soit retenue à Alger pour que nous puissions enfin légaliser notre union. Elle a voulu me déshonorer juste pour imposer son autorité. C'était son cadeau de bienvenue. Il faut vous préciser que ma «nouvelle famille» se compose de neuf personnes, trois hommes dont l'un est mon époux, deux enfants, deux filles prêtes à marier, ma belle-mère et moi qui clôture le compte. Ma vie se résume à préparer à manger à toute la smala, laver son linge et à faire le ménage à longueur de journée, moi qui m'imaginais enfin libre, je constate que j'ai juste changé de geôle, condamnée aux travaux forcés. Ma belle-mère cherchait une bonne à tout faire plutôt qu'une épouse pour son fils. Pendant que je trimais comme une esclave, tout ce beau monde se la coulait douce. Mes deux belles-sœurs cherchaient des maris, mes beaux-frères étaient scotchés devant la télé, mon mari se contentait de petits boulots juste de quoi s'acheter son litre de vin qu'il buvait en cachette de sa mère dans notre propre chambre. Le seul qui faisait réellement bouillir la marmite, c'était le troisième frère qui n'avait malheureusement pas toute sa raison. Il disparaissait souvent et on le retrouvait dans différents hôpitaux psychiatriques. Lorsqu'il est à la maison, je redoutais ses réactions et il me faisait très peur.
Après quelques mois de résignation, épuisée, je suis devenue méconnaissable. Mon moral en a pris un sacré coup. Je frôlai la dépression. J'ai appelé ma famille pour me venir en aide, j'ai demandé à mon frère aîné de venir me sortir de ce guêpier. De retour chez mes parents, j'ai voulu demander le divorce.
Ma belle-mère ne tarda pas à montrer le bout de son nez, elle usa de toute son hypocrisie pour convaincre ma mère, jurant que si je décide de retourner chez elle tout allait changer et dorénavant j'allais être traitée comme une reine. Je suis vite tombée dans le panneau. Croyant à ses boniments, me revoilà donc à nouveau dans mon trou à rats. A ma grande déception je n'ai pu constater aucun changement. Elle voulait juste avoir le temps de me dompter, je n'avais plus accès au téléphone donc impossible d'appeler à l'aide, il a fallu attendre la visite de mon frère quelques mois plus tard pour lui expliquer mon calvaire. Et pour ne pas arranger les choses, j'attendais un enfant. Cette fois-ci mon frère décide de me ramener à la maison et de couper définitivement les ponts avec ces monstres. C'est chez moi que j'ai accouché. Aucun membre de ma belle-famille n'est venu me rendre visite. Une attitude qui me conforta dans ma décision. J'entame donc une première procédure de divorce en 1988 juste après la naissance de mon enfant. Le tribunal, après les séances de réconciliations, tranche. Mon mari devait me verser une pension pour les mois que j'ai passés au sein de ma famille, et moi je devais réintégrer le domicile conjugal pour le bien-être et l'équilibre de notre enfant. Naïve que j'étais, je pensais que ma tortionnaire devenue grand-mère allait s'amender et être plus clémente avec moi. Je me trompais. Une vipère reste une vipère. Toutes les corvées me sont reversées à nouveau et en plus, je dois accepter les sarcasmes et les brimades de cette méchante femme. Mon mari n'a jamais essayé de me défendre, il tremblait à l'idée qu'elle le jetterait dehors. Il était incapable d'affronter la vie sans sa maman. A cette période il a trouvé un emploi comme magasinier, mais son patron l'a surpris en train de voler de la marchandise. Il a déposé plainte, à l'issue de quoi, il a été condamné à la prison ferme. Ma belle-mère m'a obligé à l'accompagner chez mes parents pour demander une aide financière à mon frère aîné. En fait ce n'était pas la première fois qu'elle prétextait des prêts qu'elle ne remboursait jamais du reste. Une sorte de chantage.
S'il n'acceptait pas, elle continuerait à me mener la vie dure. Elle finit par obtenir ce qu'elle voulait. J'ai attendu la sortie de prison de mon époux et ayant constaté qu'il n'y avait aucun changement par rapport à ma condition d'esclave au sein de cette famille, j'ai décidé de couper les ponts définitivement avec mes bourreaux. Je rentre chez mes parents avec mon enfant, mes affaires et mon livret de famille. J'entame une deuxième procédure de divorce en 1989. A ce jour, c'est-à-dire 27 ans plus tard, je suis légalement toujours sa femme malgré toutes les démarches que j'ai entreprises. D'abord à cause de certains avocats qui, dès qu'ils perçoivent leurs honoraires, délèguent des stagiaires vous représenter ou, pis encore, demandent à leurs collègues qui ne connaissent rien au dossier de les remplacer. Eux s'occupent d'affaires plus juteuses ; mais aussi à cause de mon conjoint qui n'a jamais eu le courage de se présenter devant le juge. Première audience : je fais le trajet Béjaïa-Alger avec comme avocat un soi-disant ami de mon défunt père. Ni mon représentant ni mon mari ne sont présents au tribunal, donc l'affaire est reportée.
Deuxième et troisième audiences — à chaque fois je fais les 230 km qui séparent les deux villes —, mais pas l'ombre de mon mari. Le jugement est enfin rendu, il se résume à cela : comme votre époux n'a pas donné signe de vie, le divorce ne peut être prononcé. Il devait juste me verser une petite pension alimentaire, et moi, je devais à nouveau réintégrer le domicile conjugal. Il n'était pas question que je retourne au purgatoire. Pendant plusieurs années, j'ai volé l'enfance de mon garçon en l'empêchant de sortir dehors de peur que sa grand-mère le prenne, des voisins m'ont dit l'avoir vue rôder dans le quartier. J'entame une troisième procédure. Cette fois je choisis une femme comme avocate, je me disais que par solidarité féminine elle sera plus à l'écoute et plus sensible à mes déboires. Je me trompais lourdement. Lors de la première audience, mon frère, qui était présent dans la salle, a bien vu que c'est juste une stagiaire qui était là pour écouter et faire son rapport à son maître. Mon mari, pour ne pas changer, brilla par son absence. Même verdict : retour à la case départ.
Un jour, à notre grande surprise, mon époux se pointe à Béjaïa et demande à voir mon frère aîné. Il voulait en fait récupérer le livret de famille. Monsieur avait l'intention de refaire sa vie, alors qu'il refuse que je refasse la mienne. Plusieurs années après, j'ai appris qu'il s'était marié et qu'il avait d'autres enfants. Pour le contraindre à payer toutes les pensions qu'il me devait, et comme j'avais plusieurs décisions de justice, j'ai mandaté un huissier de justice pour faire valoir mes droits. Mon mari après avoir reçu la convocation de l'homme de loi s'est présenté et a promis de payer puis a pris la poudre d'escampette sans avoir versé un centime.
Après toutes ces épreuves, j'ai contracté plusieurs maladies (diabète, hypertension...). Il a fini par avoir raison de moi. J'ai baissé les bras et décidé de ne plus chercher après lui. En 2013, un de mes jeunes frères qui a fait des études universitaires avait un ami avocat qui pouvait reprendre mon affaire, j'ai accepté de recommencer ce combat qui date de 1989. Mon nouveau défenseur, plus consciencieux et plus honnête, a réussi à ficeler un bon dossier afin d'entamer une ultime procédure. Cette fois-ci comme mon mari et moi résidons dans la même wilaya les audiences peuvent se dérouler à Béjaïa. Ouf ! plus de déplacements éreintants. Mon avocat arrive aussi à obliger mon mari fuyard à se présenter devant le juge. Il accepte de payer les pensions alimentaires qu'il me devait et qu'il est même prêt à un divorce à l'amiable comme s'il s'était conduit honorablement avec moi. Il a tenté de contacter mon fils par l'intermédiaire d'un de ses frères. Ce dernier a essayé de soudoyer mon fils en lui faisant croire qu'il était prêt à lui léguer des terrains à Alger s'il arrive à me convaincre de passer l'éponge et de tout pardonner. Bien entendu la chair de ma chair a catégoriquement refusé cet ignoble marché mais malgré cela mon époux n'a jamais été inquiété et peut-être qu'il ne le sera jamais.
En 2014, avec toutes les maladies et cette injustice que j'ai subies, un cancer du sein a eu raison de ma frêle santé. Et le calvaire commença : ablation, chimiothérapie et prises de différents poisons censés abréger mes souffrances ; alors que lui coule des jours heureux dans sa nouvelle famille. La seule justice que j'attends aujourd'hui, c'est celle de Dieu. Ma belle-mère n'est plus de ce monde, elle est entre les mains de son Créateur afin de rendre compte de ses actes.


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