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LETTRE DE PROVINCE
Octobre 88 : une certaine insurrection face à la suspicion officielle
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 10 - 2016


Par Boubakeur Hamidechi
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Au fur et à mesure que les années passent, la patine du temps contribue à son tour à rendre dérisoire l'évocation de ce 5 Octobre 1988 dont, pourtant, une grande partie de la classe politique en avait fait jadis une date de référence. Il est vrai que l'histoire récente du pays a fini par être sélective mémoriellement tant le chaos que vécurent les Algériens fut littéralement indescriptible. Le règne du terrorisme islamique avec ses charrettes de cadavres n'avait-il pas relégué, en quelque sorte, le souvenir de cette révolte populaire dans les vieilles cases d'un passé lointain ? Célébrés frileusement et selon de multiples prismes idéologiques, ces évènements ont subi une érosion préjudiciable en terme de sens historique de telle sorte qu'ils sont perçus comme une insurrection tout juste éligible à des thèses pour historiens. Car après les écrits factuels publiés à chaud et ensuite les travaux accomplis sur la base de témoignages crédibles, dix années plus tard (1998), peu de révélations étaient venues, depuis, expliciter ce grand moment de colère. Une chape de plomb s'était alors imposée dans les rouages des pouvoirs qui ne désiraient pas que l'opinion connaisse les tenants et les aboutissants de ces journées sanglantes semblables aux fameuses «trois glorieuses» de l'histoire de France. La crainte politique ayant dicté la censure molle ne se justifiait alors que par les luttes d'obédiences qui s'opposaient sur le sens à attribuer à ce tournant dans l'existence même du système. Le refus d'accorder une quelconque paternité permit justement de doter l'ensemble des courants (islamistes, gauche démocratique, pagsistes, etc.) d'un quotient participatif ! Bref, en l'évacuant de tout débat, le 5 Octobre 88 devenait le patrimoine commun de toutes les chapelles activant en 1999. C'est ainsi d'ailleurs que Bouteflika, à peine élu à cette date, voulut exercer son influence sur le pluralisme, bouillonnant à cette époque-là. Subtilement, il parvint à satelliser à son profit quelques leaders d'opinion acquis à ses promesses et pour lesquels il fit des concessions sur ce passé auquel il n'accorda pourtant que peu d'intérêt si ce n'est celui d'avoir été «une source de désordre» (sic). Faire l'impasse politique sur Octobre 88 fut la contrepartie pour «aller de l'avant», disent-ils. Or, cette démarche s'avéra inopérante dès lors qu'elle n'agitait qu'un pathos de scouts. La reconsolidation du vieux système s'était alors accomplie grâce à la participation de tous les agrégats idéologiques qu'un Président parvint à convaincre que la cohabitation est aussi un vertu politique avant d'être un moindre mal strictement tactique. En ce temps-là (l'an 2000), l'on assista à l'union des islamistes «fréquentables » et des libéraux laïques pour voler au secours d'une drôle de réconciliation laquelle fera table rase de toute référence au 5 Octobre. En échange de ce triste solde de tout compte, Bouteflika apparut alors comme le seul fédérateur de la classe politique. Il est vrai que les précédentes années (92 – 99) étaient surchargées de cadavres et que les lignes de divergence ou de rupture s'étaient aggravées au contact d'une réalité aussi funeste. De plus, le constat était probablement exact, celui qui reprochait à cette période de résistance au terrorisme d'avoir non seulement ignoré les revendications inscrites dans la date du 5 Octobre et de plus, d'avoir réactivé les mécanismes de contrôle et de cooptation de l'ancien régime. De ce passif peu conforme aux professions de foi de ses prédécesseurs, Bouteflika en fit justement un exercice de réfutation très significatif. En effet, c'est à lui que l'on doit ce parallèle entre «démocratie des structures» et «démocratie des valeurs». Au nom de la nécessité de «réévaluer objectivement », cette démocratie qu'il trouvait pagailleuse et inefficace, il fut le premier à enterrer publiquement le 5 Octobre en tant que vecteur du changement. Pour étayer son réquisitoire, il abordera dans le même sens que certains chroniqueurs ayant analysé à chaud les causes de cette «chouannerie » algérienne. Convaincu que cette violence n'avait pas eu pour souche une quelconque aspiration aux libertés et qu'en fait elle se réduisait à une fronde des ventres creux, il se demandait, dès lors, pour quelle raison l'on avait vite fait d'une simple explosion sociale un «déterminant» pour les réformes. C'était, pensait-il en substance, «un moment d'errements qui aurait laissé après son passage et ses dégâts un tissu de pseudo-partis sans ancrage ni doctrine alternative à la praxis du système ». Autant rappeler par conséquent que 28 années plus tard, dont 17 sous le régime de Bouteflika, pas un seul cacique gravitant dans les cercles du pouvoir n'est, de nos jours, en mesure d'affirmer le contraire de ce dogme énoncé par le Président lors de son second mandat. Déclassifié de son rôle dans l'Histoire à l'instar d'un document qui aurait perdu de son secret au vu de l'époque, le 5 Octobre 88 a cessé d'être une grande idée nécessaire à toute réflexion sur le devenir de l'Etat et les bilans des libertés publiques. C'est ce que souhaitait le pouvoir actuel dès sa prise de fonction et dont il avait souligné le projet en plaidant pour une «démocratie des valeurs». Celles qui s'étalonneraient sur les «constantes» d'un ex-parti unique bénéficiant d'une nouvelle existence au cours des multiples mandats du Président. Alors que sa promotion personnelle avait été le fruit d'une «démocratie des structures» qu'il dénonça plus tard, il visait en fait l'armée dont la tutelle lui pesait. Or, son affranchissement absolu qu'il avait habillé de la noblesse des «valeurs» n'a-t-il pas accouché d'une oligarchie libre de tout garde-fou ? En enterrant très tôt le 5 Octobre 88, le pouvoir privait justement la classe politique de toute référence à l'évolution récente du pays, laquelle aurait dû constituer un obstacle moral aux dépassements actuels. D'ici à ce que l'on qualifiera un jour qu'Octobre 88 ne fut qu'une aventure des sans-culottes illustrée par la casse et le pillage, pourquoi devrions-nous alors nous étonner si, par un autre «hasard... voulu», une association téléguidée décidait d'intenter des procès à tous ceux qui célébreraient cet anniversaire ?


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