Très souvent et avec raison, nous pensons que nous consommons très salé. Dans ce numéro, nous avons interrogé des personnes sur leur relation avec ce condiment présent dans nos assiettes. Alors, vous goûtez avant de saler ? Ou pas de sel du tout ? Nous vous avons posé la question... Yasmine, maman de deux enfants : «Je sale toujours avant de goûter» Pour Yasmine, sa relation avec le sel est fusionnelle. «Depuis mon adolescence, je sale sans même goûter. Et j'en mets partout, dans n'importe quel plat, même dans la salade», explique-t-elle en riant. «Ma mère n'arrêtait pas de crier ou de bouder pour que je n'en rajoute pas. Pour ce faire, elle a trouvé quelques astuces : ne pas mettre de salière sur la table ou encore cacher carrément le sel. Mais je ne pouvais manger sans resaler, ne serait-ce qu'un petit peu. Toute ma famille m'expliquait sans cesse la dangerosité d'un tel comportement. Mais je n'arrivais pas à m'en défaire. C'était comme une drogue. Il m'arrivait même de prendre un peu de sel dans ma main et le déguster. Alors, on peut dire que j'étais droguée au sel», ajoute-t-elle, avant de poursuivre : «Cela n'a pas été sans conséquences, il faut le dire. Vous savez toute drogue a des retombées souvent très néfastes. Imaginez que pendant plus de dix ans, j'ai consommé un excès de sel. Et même durant les premières années de mon mariage. C'est lors de l'accouchement de mon second enfant que cette surconsommation a eu des impacts sur ma santé. J'ai fait une hypertension artérielle et j'ai même failli perdre mon bébé. C'est après cela et sachant que nous avons pu mourir mon enfant et moi que je me suis réellement remise en question par rapport à mon alimentation et surtout ma consommation de sel. Depuis, je fais attention, j'arrive petit à petit à diminuer même si des fois cela m'est difficile de ne pas rajouter de sel ou bien de ne pas manger certains fromages.» Mohamed, la quarantaine, célibataire : «je mange sans sel» C'est une question épineuse et qui peut même être intime pour Mohamed. Mangez-vous très salé ? «Je vais être honnête avec vous, je suis un peu gêné par cette question», répond Mohamed mi-sérieux, mi-amusé. «Pourquoi ?» «Parce que vous entrez dans mon intimité. Vous savez, j'estime que lorsque nous posons des questions sur notre façon de manger, nous pouvons savoir quel type de personne nous avons en face de nous. Donc, pour répondre à votre question, lorsque je vous dirais que je mange sans sel, vous penseriez que je suis malade et que je souffre de tension artérielle. Ce qui est faux !» répond Mohamed. Devant notre air étonné, il enchaîne : «Vous voyez, j'avais raison. Je mange sans sel parce que ma mère avait peur que je tombe malade. Je suis fils unique et j'ai perdu mon père très jeune à cause de sa tension artérielle. Donc, ma mère craignait que je n'aie le même problème d'autant plus que c'est héréditaire. De ce fait, dès mon enfance, je mangeais sans sel. Mais ma mère relevait le goût avec de l'ail, des épices, du thym, du laurier et depuis une dizaine d'années avec de la moutarde. Au fil des ans, cela a produit chez moi une sorte de sensibilité. Dès que je mange un peu salé, j'ai l'impression que ma langue brûle. Pour moi, la nourriture sans sel n'est pas fade. C'est pour cela que je ne peux jamais me restaurer dans des fast-foods, c'est hypersalé ! J'aurais l'impression de jeter de la soude sur ma langue !» conclut-il en riant. Sofiane, marié, trois enfants : «Je suis extrémiste dans mes goûts» Tout en éclatant de rire, Sofiane répond : «C'est une question piège ! Parce que moi, je suis extrémiste dans mes goûts !» Il explique : «Pendant des années, je salais énormément mes plats. Au fil du temps, c'est devenu une habitude. Là où j'allais manger, je demandais automatiquement du sel pour en rajouter. Alors, lorsque je me suis marié, j'ai gardé la même habitude. Et cela a commencé à déplaire à mon épouse. Elle pensait que ses plats étaient fades. Et cela devenait réellement une source de disputes. Elle était persuadée que je faisais exprès pour la rabaisser ou lui dire d'une façon détournée qu'elle ne savait pas cuisiner, et ce, jusqu'au jour où elle en parle à ma mère. Cette dernière lui a expliqué que je le faisais même quand c'était elle qui préparait à manger. Depuis, il faut le dire, les clashs entre nous ont beaucoup diminué. Mais un jour, elle a préparé une sauce salée, et elle a rajouté du sel. Moi, par automatisme, avant même de goûter, j'ai saupoudré généreusement mon assiette. Lorsque elle m'a servi. j'en ai mangé, j'ai vomi. Je n'ai pas supporté cet excès de sel. Elle m'a donné une bonne leçon ! Maintenant, je mange pratiquement sans sel. Mais mon médecin m'avait expliqué qu'il fallait que je fasse attention du fait que je pratique du sport et que j'ai besoin d'une certaine quantité. Il faut que je trouve le juste milieu, ce qui n'est pas toujours évident !» Nouha, célibataire : «Je mange sans sel à cause de mon régime» Avec quelques rondeurs, Nouha s'est lancée dans un régime depuis plusieurs semaines. «C'est un peu difficile au début lorsqu'on fait un régime de changer ses habitudes alimentaires. Mais à force d'en faire, je suis devenue une professionnelle. Je sais dès le départ ce qu'il faut éviter de manger. Donc, je mange sans sel parce que le sel retient l'eau dans le corps et ne permet pas de diminuer le poids. Et comment j'ai procédé ? J'ai éliminé les produits surgelés, tout ce qui est déjà préparé, je lis bien les étiquettes des emballages, notamment ceux des produits laitiers. Et surtout, j'ai modifié mes habitudes en évitant d'ajouter du sel avant, pendant et après la cuisson.»