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Kiosque arabe
Un demi-siècle de marche arrière
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 12 - 2016


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Décédé le 11 décembre dernier, le penseur syrien Sadek Jallal Al-Azm est sans doute le mort le plus embarrassant de cette guerre sanglante qui se déroule dans son pays. Il n'est pas mort à Alep, ce qui aurait été une bénédiction pour la coalition occidentale qui utilise les ennemis de la démocratie pour établir un régime démocratique à Damas. Ceux qui sont chargés de remplacer une dictature pseudo-laïque par une autre dictature religieuse, la leur, la pire, n'ont pas vraiment compati au décès du penseur. Pourtant, il y a quelques années, Sadek Jallal Al-Azm pouvait être compté parmi les opposants les plus résolus du régime syrien, qu'il avait combattu à Damas même. Avant de mourir(1), il y a une quinzaine de jours, dans un hôpital berlinois, l'intellectuel rêvait lui aussi d'instaurer la démocratie dans les territoires les plus hostiles à la démocratie. Il a dû déchanter très vite en voyant que la coalition anti-Bachar s'était fait progressivement absorber par les groupes terroristes, estampillés printemps arabe.
De leur côté, les rescapés de la défunte Armée syrienne libre (ASL), recyclés dans la «Coalition nationale syrienne», ont déploré, à partir d'une «ville libéré» d'Europe, la disparition du penseur. On sait que les baathistes défroqués sont saisis d'épouvante à la seule idée de prononcer le mot laïcité, cher à Jallal Al-Azm. Quant au régime de Damas qui célèbre la reconquête d'Alep et la victoire sur l'Internationale terroriste, il ne faut pas s'étonner de son silence(2). Il ne faut donc pas compter sur Bachar Al-Assad pour organiser des funérailles nationales à un homme qui ne pouvait être prophète dans son pays. Un homme qui a réussi le tour de force de se faire détester des deux forces théoriquement antagoniques qui mettent actuellement la région à feu et à sang. Il faut dire que les démêlés de Sadek Jallal Al-Azm avec les autocraties et les théocraties arabes ne datent pas de «l'insurrection syrienne», ni du «Printemps arabe». Dès 1968, au lendemain de la guerre dite des Six jours, ce professeur de philosophie, spécialiste de Kant, avait déjà défrayé la chronique avec son premier pamphlet «Autocritique de la défaite». Deux mots, autocritique et défaite, qui étaient à l'époque aussi suspects et imprononçables que l'est la laïcité de nos jours. Moins d'un an plus tard, il récidive en 1969, en rallumant un nouveau brasier sous les minarets.
Avec sa Critique de la pensée religieuse, Sadek Jallal Al-Azm se livre à un réquisitoire en règle contre la montée en puissance de l'intégrisme wahhabite, sous le label «Eveil de l'Islam». Alors que l'Occident s'extasiait déjà sur la défaite du nationalisme arabe et la montée en puissance des monarchies du Golfe, à l'idéologie religieuse, lui voyait les deux raisons de l'échec. La défaite était non seulement la conséquence de l'état de sous-développement des pays arabes, mais aussi le résultat de l'obscurantisme religieux dominant. Sadek Jallal Al-Azm sera même emprisonné au Liban sous la pression des Etats de la région et sous l'accusation de porter atteinte aux fondamentaux religieux.
Ecrire de telles vérités, sans être lu d'ailleurs dans le monde arabe pour cause de censure, c'était comme prêcher dans le désert, pour Sadek Jallal Al-Azm. Cela semblait tellement évident pour les gouvernements de l'époque que le penseur, jugé peu dangereux, était revenu dans son pays pour y enseigner, sans renoncer, à son esprit critique. Il n'en demeure pas moins qu'il a allumé la première mèche contre l'intolérance et l'irrédentisme islamiste qui sévissent encore, en pire, dans les pays arabes, et notamment en Egypte. Dans ce pays, plus particulièrement, les autorités ont recours à des articles du code pénal, et notamment l'article 98 punissant le «mépris des religions», pour réduire au silence les libres penseurs. C'est en vertu de cet article que deux intellectuels, Fatima Naout et Islam Behaïri, ont été condamnés à des peines de prison que le second a purgée en partie.
Le plus curieux, c'est que cet article avait été introduit par le Président Sadate lui-même au prétexte de protéger la communauté copte contre les attaques islamistes, à partir des mosquées. Seulement, si l'article en question n'a jamais été utilisé contre ceux qui prônaient ouvertement un mépris de la religion des Coptes, il a été souvent utilisé contre les intellectuels. Il ne s'agissait plus de défendre une communauté chrétienne, mais de décourager tout discours remettant en cause l'orthodoxie régnante.
Alors que des agressions verbales et physiques commises contre la communauté chrétienne d'Egypte n'ont jamais été sanctionnées, des intellectuels ont été poursuivis. C'est en application de l'article 98 que Nasser Hamed Abou Zeid a été condamné pour apostasie, à être séparé de sa femme, et contraint à l'exil. Au banc des accusés, on retrouve d'autres inculpés de renom, comme la féministe Nawal Saadaoui, la réalisatrice Inès Deghaidi, ou l'historien Sayed Qimni.
Les actions en défense de l'immobilisme et de l'obscurantisme, déjà inaugurées en 1969 par Sadek Jallal Al-Azm, sont une vraie barrière contre l'intelligence, érigée par Al-Azhar et une armée de prêcheurs cathodiques.
C'est ainsi que l'institution religieuse chargée de réformer le discours religieux s'emploie à débusquer le «mépris des religions» (comprendre l'Islam uniquement), jusque dans les chansons. Al-Azhar a ainsi intenté un procès au chanteur populaire égyptien Hakim, à cause de son clip sur YouTube «Ya A'm Salama» dans lequel il s'appuie sur un mur marqué d'inscriptions coraniques.
Un autre chanteur, Mohamed Ramadhane, ainsi que la danseuse Dyna sont sous la menace du même article qui prévoit des peines de un an à cinq ans de prison. En 1969, il y a presque un demi-siècle, Sadek Jalla Al-Azm a passé quelques nuits en prison pour avoir dressé un véritable réquisitoire contre la pensée religieuse figée. Près d'un demi-siècle après, on peut mesurer le chemin parcouru en marche arrière.
A. H.
1) Le penseur a été donné pour mort un mois auparavant sur la base d'un communiqué de sa famille annonçant qu'il était dans le coma.
2) L'ambassade de Syrie, celle de Berlin et celle de Paris n'ont daigné répondre à nos emails.


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