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“Le fédéralisme ne menace pas l’unité de l’Irak�
Entretien avec Ramadhane Rachid, responsable de l’UPK à Kirkouk
Publié dans Liberté le 18 - 02 - 2004

M. Ramadhane Rachid est le deuxième responsable du bureau de l’Union patriotique du Kurdistan — le parti de Jalal Talabani — à Kirkouk. Dans cet entretien, il nous éclaire sur les visées et les aspirations kurdes à la lumière des derniers développements en Irak.
Liberté : M. Ramadhane Rachid, si vous le permettez, je souhaiterais commencer par un petit aperçu historique. En quelle année a été fondée l’UPK ?
Ramadhane Rachid : L’UPK a été fondée exactement le 1er juin 1975 en Syrie par le Dr Jalal Talabani et d’autres membres.
Quel est l’état de vos relations avec votre éternel rival, le PDK ? On parle de guerre de leadership dans le Kurdistan irakien entre Jalal Talabani et Massoud Barzani…
Au contraire, les relations sont très bonnes entre les deux formations et entre les deux hommes. Et elles s’améliorent de jour en jour.
Quelle est — ou quelle était — la raison des différends entre les deux partis ?
Il y avait des divergences de points de vue et de stratégie mais nous avons dépassé cela. Il y avait des différends au niveau des idées et des orientations politiques. Chaque parti avait ses orientations et sa stratégie propres.
Justement, peut-on connaître les grandes lignes de la stratégie de l’UPK ?
Notre objectif est la création d’un Irak pluraliste, parlementaire et fédéral. Telle est la principale orientation de l’Union patriotique du Kurdistan.
Le PDK (Parti démocratique du Kurdistan, ndlr) a-t-il un avis différent sur la question ?
Non, il a la même position. Il est lui aussi pour un gouvernement fédéral en Irak, avec un État autonome pour le Kurdistan irakien.
Est-il prévu dans votre stratégie la création d’un État national kurde ?
Non, pour l’heure, cela n’est pas à l’ordre du jour. Nous tenons à l’intégrité territoriale de l’Irak et nous sommes pour l’unité de l’Irak et pour l’unification de l’Irak dans un cadre fédéral. Nous n’avons aucune tendance séparatiste ou un objectif de création d’un État kurde indépendant dans la région.
À quoi sont dus les derniers évènements qui se sont produits à Kirkouk ?
Ce sont des incidents gratuits. Il est tout à fait naturel que les gens se rassemblent et manifestent, et cela fait partie des fondements mêmes de la démocratie. Le fait est que quelques jours avant ces manifestations, les Kurdes ont organisé une marche pacifique qui a drainé plus de 50 000 personnes, dont des Arabes et des Turkmènes. Et cette marche s’est déroulée sans aucun incident.
Il semblerait que durant cette marche, des slogans ont été scandés pour réclamer un État kurde autonome dont la capitale serait Kirkouk. N’est-ce pas le cas ?
Ce n’est pas vrai. La marche revendiquait un État fédéral, sans plus. Et c’est ce qui a été convenu avec le Conseil de gouvernement. Le seul point d’achoppement était au niveau de la formulation, c’est-à -dire quel type de fédéralisme nous voulons. Sinon, le principe du fédéralisme a été adopté par toutes les parties.
En ce qui vous concerne, comment voyez-vous l’instauration du fédéralisme en Irak ?
Il est regrettable que les gens ne comprennent pas le sens précis du fédéralisme et déforment souvent sa signification. Le régime fédéral existe dans plusieurs pays dans le monde sans que cela conduise au séparatisme ou à une forme de sécession. Cela n’implique en rien une atteinte à l’unité territoriale ou une séparation de l’État mère.
En 1991, il y a eu un embrasement général dans le Kurdistan et dans tout l’Irak. Comment se fait-il que le Kurdistan irakien ait pu décrocher un gouvernement autonome et pas les chiites dans le Sud ?
La vérité est que les forces de la coalition qui ont imposé des zones d’exclusion aériennes en Irak ont eu un rôle essentiel dans cette affaire. Ainsi, la région est devenue sécurisée avec le retrait de l’armée de Saddam à partir du 36e parallèle qui sépare le Kurdistan du gouvernement irakien.
Les pays limitrophes comme la Turquie, l’Iran et la Syrie ont exprimé des appréhensions par rapport à l’émancipation des Kurdes en Irak. Qu’en pensez-vous ?
La Turquie est un État indépendant et l’Iran et la Syrie pareillement.
Chacun de ces pays traite avec ses communautés comme bon lui semble et nous n’avons aucune influence sur les Kurdes de ces pays-là .
Quelle est la situation des Kurdes déportés ?
Le nombre des Kurdes déportés varie entre 180 000 et 200 000 personnes. Le quart de ces personnes ne sont pas revenues car leurs terres et leurs maisons ont été confisquées, et ils ont été expropriés.
Leurs biens ont été occupés par d’autres, et les forces de la coalition ne leur ont pas encore trouvé de solution.
Comment voyez-vous le rôle des Kurdes dans le jugement de Saddam ?
Nous avons demandé à ce que Saddam soit jugé à Kirkouk ou bien à Halabja car les crimes les plus abominables de Saddam ont été perpétrés dans ces deux régions.
Est-ce que vous êtes pour un procès irako-irakien de Saddam ou bien pour sa traduction devant le TPI pour crimes contre l’humanité ?
Personnellement, je souhaiterais qu’il soit jugé en Irak par les Irakiens eux-mêmes quoique sous surveillance internationale, dans la mesure où les Occidentaux ont une meilleure expérience que nous quant au traitement des criminels de guerre.
Quel a été le rôle des Peshmergas dans la capture de Saddam ? On a entendu dire que ce sont les forces spéciales kurdes, sous la direction de Rassul-Ali, qui l’ont attrapé les premiers...
C’est vrai. Qossret Rassul-Ali a eu un rôle fondamental dans la révélation du lieu où se cachait Saddam, et ce, sur la base d’informations fournies par nos propres services de renseignements.
D’anciens collaborateurs de Saddam ont contacté Rassul-Ali et lui ont fourni des renseignements stratégiques qui lui ont permis de capturer Saddam.
Pourquoi sur les images qu’on a vues, il n’y avait pas de Kurdes dans l’opération de sa capture ? Pourquoi les Kurdes ne l’ont-ils pas capturé directement ?
Parce que la région dans laquelle l’ancien dictateur se terrait n’était pas sécurisée pour les Kurdes pour y effectuer des opérations. Du reste, il y a eu un travail de collaboration avec les forces de la coalition.
Quel est, à l’heure actuelle, l’état de vos relations avec la coalition ?
Elles sont excellentes. Nous coopérons dans le domaine sécuritaire, dans le rétablissement de l’ordre dans la ville de Kirkouk, et pour 2004, nous avons beaucoup de projets pour le développement de Kirkouk. Nous nous réunissons régulièrement au sein du conseil de la ville avec les autres partis kurdes, ainsi que les partis arabes et turkmènes, pour discuter des problèmes de la région et nous essayons de leur trouver des solutions dans un esprit de concertation.
Qui assure la sécurité à Kirkouk en ce moment ?
Il y a une police composée de toutes les communautés ethniques : 40% de Kurdes, 27% d’Arabes, 25% de Turkmènes et 8% d’Assyriens.
Et le pétrole de Kirkouk, qui est en train de le pomper ?
Le pétrole se trouve dans tout l’Irak, pas seulement à Kirkouk. Quand on prononce le nom de Kirkouk, les gens s’imaginent que toutes les rues de cette ville sont en marbre. La réalité est tout autre. Faites un tour et vous allez constater la misère qui y règne : chômage, désordre, pénuries…
Comment expliquez-vous la persistance de la pénurie d’essence dans une ville pétrolière comme celle-ci ?
C’est à cause des actes de sabotage perpétrés par les terroristes. Nous n’avions pas ce problème. On donnait du pétrole brut à la Turquie et nous avions du carburant en retour. Mais il y a eu beaucoup de camions-citernes qui ont été attaqués près de Mossoul, ce qui a créé cette pénurie.
Y a-t-il de Kurdes pro-résistance ?
Ici ? Non.
Pensez-vous qu’Al-Qaïda se soit implantée en Irak ?
C’est sûr. Al-Qaïda était présente en Irak déjà avant. Il y a beaucoup d’activistes qui sont entrés en Irak pendant laa guerre, via la Syrie et la Jordanie. Ansar Al-Islam aussi sont actifs par ici. Ce sont des Kurdes affiliés à Al-Qaïda. Leur chef, le mollah Kerkar, vit à Oslo en Norvège. Il est originaire de Souleimaniya et il est affilié à Al-Qaïda.
Pensez-vous que la résistance est impopulaire en Irak ?
Ces gens n’ont pas de popularité en Irak. Ils sont en nombre réduit et ils vont bientôt disparaître, Incha Allah. Ils en sont à leur dernier quart d’heure. Ce sont des résidus de l’ancien régime, et leurs intérêts ce sont confondus avec ceux d’Ansar Al-Islam et d’Al-Qaïda.
Que faites-vous des baâthistes que vous arrêtez ?
Ce n’est pas nous qui les arrêtons. Les forces de la coalition ont une liste. Ceux qui sont impliqués dans des actes terroristes sont interpellés. Les autres, ils ne sont pas inquiétés. Et le président du CIG Adnane Pachachi vient d’ailleurs de proposer une réconciliation nationale avec les baâthistes. On ne va tout de même pas passer au poteau tous les baâthistes, le peuple irakien en serait décimé de moitié.
Comment voyez-vous l’élaboration de la nouvelle Constitution ?
La Constitution doit garantir les droits de toutes les communautés ethniques, qu’elles soient arabes, kurdes, turkmènes, assyriennes ou autre. Et il y a une commission où toutes ces communautés sont représentées, qui s’attelle à l’écriture de la Constitution.
Et pour ce qui est des modalités de transfert du pouvoir aux Irakiens ?
Notre leader Jalal Talabani avait obtenu des Américains, durant sa présidence du CIG, de passer le pouvoir aux Irakiens le 30 juin 2004. Les choses vont donc évoluer nécessairement vers le meilleur.
Un État kurde dans la région est, d’après vous, impossible ?
Il n’y a aucun projet politique dans ce sens. Nous sommes pour le fédéralisme et le régime fédéral suppose une union, pas une scission. Toute chose vient en son temps. Tout propos a un avant-propos. Peut-être que dans dix ans, mon fils vous tiendra un tout autre discours…
M. B.
Demain : Halabja, des rescapés se souviennent.


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