De notre bureau de Bruxelles Aziouz Mokhtari Le faible taux de participation pour l'�lection de l'ex�cutif des musulmans du royaume consacre l'inutilit� et obsolescence d'un telle structure. Pourquoi donc l'Etat belge s'obstine-t-il � recommencer l'�chec ? Mille deux cents (1 200) points de vote, essentiellement des mosqu�es et des salles de pri�re, cent soixante-quatorze (174) candidatures retenues pour une direction qui doit compter soixante-huit (68) membres et dont la composante devrait �tre connue dans quelques jours ou semaines. Les candidatures et les campagnes �lectorales, souvent tendues, ont �t�, encore une fois, l'occasion de consacrer les divisions de l'islam de Belgique. Les Marocains et les Turcs, majoritaires, ici, parce que l'immigration musulmane venant du Maroc et de la Turquie est de loin la plus nombreuse, s'opposaient aux autres Iraniens, Alg�riens, Kosovars, Albanais, Tch�ch�nes, Turkm�nes et Afghans et les Europ�ens, nouvellement convertis. Cependant, plusieurs associations repr�sentatives tant de l'immigration dite musulmane, belge ou europ�enne, beaucoup d'hommes politiques et des personnalit�s marquantes de la soci�t� civile estiment, mordicus, qu'une repr�sentation de l'islam telle que configur�e dans l'ex�cutif est non seulement inutile, mais porteuse de risques. Ils citent, entre autres, les tensions communautaires, l'utilisation par les radicaux des facilit�s mat�rielles accord�es par l'Etat belge au fonctionnement de l'ex�cutif, les discours int�gristes qui, r�guli�rement, se greffent � l'action des repr�sentants du culte musulman de Belgique et, surtout, la crainte de voir les �lus du royaume �tre sous la pression constante de r�seaux et d'id�ologies "ext�rieures". Au demeurant, la communaut� musulmane, de culte ou culture, de Belgique n'a jamais �t� particuli�rement friande de ce type de repr�sentativit�. Lors des �lections de 1998 ou celles d'hier le taux de participation a �t� particuli�rement faible, voire nul. Sur une population d'� peu pr�s cinq cent mille (500 000) membres en �ge de voter, seules soixante � soixante-dix mille (60 � 70 000) personnes ont accompli cet extravagant devoir �lectoral. Les participants au scrutin doivent �tre musulmans, ce qui, � l'�vidence, pose probl�me, parce que qui est identifi� (et par qui ?) musulman et qui ne l'est pas ? Tout arrivant de F�s, de Mekn�s, d'Istanbul ou d'Islamabad est-il n�cessairement musulman ? Cela reviendrait, par exemple, � classer dans l'hypoth�se de l'existence d'un ex�cutif des chr�tiens du Maroc ou d'Alg�rie, tout Europ�en r�sidant � Oran, Rabat, Annaba, Oujda ou Settat comme �tant automatiquement chr�tien et qui plus est pratiquant. Au-del� de l'inutilit� d'une telle structure, certains, en Belgique, n'h�sitent pas � qualifier la d�marche de raciste. En ce sens qu'elle globalise l'ensemble des citoyens de culture musulmane en les "fourrant" toutes et tous dans un seul moule d�formant et folklorique. Comme si les pays musulmans �taient incapables de produire d'autres �lites que religieuses. Et, comme si les musulmans de Belgique avaient besoin de gestionnaires de leur religion. L'ex�cutif des musulmans de Belgique est l'expression de l'�chec d'une d�marche d�magogique et immense.