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LA LECTURE PUBLIQUE
R�inventer le plaisir de lire
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 04 - 2005

A l'heure o� les pouvoirs publics promettent d'"arrimer l'Alg�rie � la soci�t� de l'information", de r�sorber, selon la formule consacr�e, "la fracture num�rique", l'absence d'une v�ritable politique du livre et d'une activit� �ditoriale soutenue et de qualit� ne constitue-t-elle pas une autre fracture qu'il faudra aussi vite souder ?
Dossier r�alis� par Sa�d A�t Mebarek
Dire que la lecture n'est pas un activit� privil�gi�e des Alg�riens est une id�e banale. Et dire encore que la concurrence d'Internet, de la t�l�vision et d'autres m�dias �lectroniques est la cause principale de cette situation, qui est loin d'�tre une exception alg�rienne, est une conclusion qu'il ne faut pas se h�ter de tirer.
LE NET, ADJUVANT MAIS PAS CONCURRENT DU LIVRE
Car, s'il est vrai que la t�l�vision occupe une place pr�pond�rante dans le quotidien des Alg�riens, ce n'est pas encore le cas du Net qui, m�me s'il suscite int�r�t et engouement, la r�volution Internet reste � faire pour le plus grand nombre. Les chiffres du minist�re de la Poste et des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (cf. le quotidien La Tribune du 08/07/2004) sont �difiants. Ils font �tat de 10 000 internautes seulement sur l'ensemble du territoire national. Les cybercaf�s en activit� sont estim�s au nombre de 6 000. Une progression de 2 000 unit�s pr�visionnelles suppl�mentaires n'est attendue que pour l'horizon 2010. Les chiffres rapport�s par le m�me journal ne disent rien sur la distribution et la r�partition des usagers du Net par cat�gories socioprofessionnelles, par �ge et par sexe. Aucune indication n'est donn�e sur les informations recherch�es et les sites visit�s � l'occasion des diff�rentes connexions. Le d�compte des foyers �quip�s d'un ordinateur et d'une ligne t�l�phonique, donc potentiellement en mesure d'�tre connect�s au r�seau des r�seaux, reste aussi � faire. Il en est de m�me pour l'ADSL qui affiche un faible taux de croissance et un co�t relativement �lev� qui le met, pour l'heure et peut-�tre pour longtemps, hors de port�e du plus grand nombre. Le constat incline, comme on le voit, � la modestie. M�me si du point de vue d'un ex-ministre de l'�ducation, qui exprimait dans un d�bat ayant pour th�me "Internet, acc�s et partage des connaissances" et diffus� par un site Internet, "les choses commencent � changer, aujourd'hui (octobre 2001, ndlr) en Alg�rie". Il y a, selon lui, une tendance � la normalisation et � une mutation dans l'attitude des pouvoirs publics vis-�-vis des nouveaux moyens d'information historiquement appr�hend�s comme �tant subversifs et porteurs "d'�l�ments politiques qui attisent les contre-pouvoirs (qui) sont mortels pour la survie du pouvoir (...)". L'ex-ministre, mettant davantage de nuance dans son propos, pense que "c'est une apparence, une d�marche qui va dans le sens de la d�mocratie de l'acc�s au savoir, mais dans la r�alit�, cela (Internet) s'installe dans un contexte de privatisation, de frustration, de contestation, de chert� de la vie, de crise socio�conomique". Quant � conclure que le Net constitue une menace pour la lecture publique et accentue la d�saffection du public par rapport � cette activit�... La r�ponse est sugg�r�e par l'ex-ministre de l'Education qui est aussi universitaire. Il ne per�oit pas de rapports antagoniques et concurrentiels entre la lecture et le Net dont l'�norme potentiel de connaissances et d'informations qu'il charrie reste sou-exploit� : "Ce n'est pas contradictoire. Le Net, bien g�r�, peut pallier le d�ficit des biblioth�ques (...) cela permet l'acc�s � des biblioth�ques situ�es ailleurs ou bien � la r�colte de l'information directement."
UN PETIT NOMBRE DE GRANDS LECTEURS
Le Net peut donc aider les amoureux de livre � r�aliser leurs fantasmes de lecture. Ces lecteurs virtuels, ceux qui, en th�orie, acc�dent aux biblioth�ques �lectroniques sont � chercher parmi les �tudiants, les universitaires � qui s'ajoute une minorit� de lettr�s, socialement qualifi�s d'�lite et qui ne peuvent constituer un �chantillon repr�sentatif de la pratique de la lecture � grande �chelle et de la d�mocratisation de l'acte de lire. Nous sommes en face d'une cat�gorie � qui le statut socioprofessionnel offre la possibilit� de vivre dans la proximit� des livres. Invit� � la journ�e d'�tude sur le livre et la lecture organis�e par l'association "Les amis du livre" de l'universit� de Tizi-Ouzou, le sociologue (lire Le Soir d'Alg�rie du 07 ao�t 2000) Abdelakader Djeghloul lie la probl�matique au "statut social de la langue �crite" dans la soci�t� alg�rienne tr�s impr�gn�e, selon lui, de survivances de l'oralit� que les mutations socioculturelles qui l'ont travers�e n'ont pu totalement �vacuer. La massification de l'enseignement et l'ouverture de l'�cole au plus grand nombre n'ont pas permis la ma�trise massive de la langue �crite, selon ce sociologue, qui avance le taux de 30 % d'Alg�riens qui ont une connaissance correcte de la langue �crite. Un constat qui n'est pas loin de la r�alit� puisque le dernier rapport de conjoncture du CNES parle de 8 millions d'analphab�tes sur 30 millions d'Alg�riens. (C'est-�-dire qu'un Alg�rien sur quatre, en moyenne, est analphab�te. A la suite de Abdelkader Djaghloul, et durant la m�me rencontre, l'universitaire M. Sari s'est int�ress� aux choix de lecture des Alg�riens "Qui lit et que lit-on en Alg�rie ?" s'�tait interrog� l'universitaire pour qui la lecture ne constitue pas "un comportement social de masse". Si aucune enqu�te statistique n'a �t� �labor�e pour dire combien sommes-nous � lire et que lit-on, il est loisible de dire qu'il existe des "niches" de lecteurs avec des besoins de lecture cibl�s et utilitaires. Une analyse que ne partagerait, certainement, pas notre ministre de la Culture qui affirmait dans une interview publi�e par le quotidien El Watan du 12 septembre 2004 qu'il y a une r�elle �volution de la lecture publique". Khalida Toumi fondait son optimisme sur le fait que "les abonn�s � la Biblioth�que nationale sont pass�s de 15 000 � 70 000, dans le courant de ces deux derni�res ann�es et que les livres pour enfants sont �dit�s � 10 000 exemplaires" ! a indiqu� la ministre qui a fait �tat de son ambition de promouvoir la lecture publique dans le cadre du programme de d�veloppement 2005/2008, avec, en projet, l'extension du nombre de biblioth�ques et l'�quipement de celles d�j� existantes dont il serait int�ressant de conna�tre le nombre, la quantit� et la qualit� du fonds documentaire disponible. Une d�marche statistique qui aurait permis de tracer la courbe de la lecture dans le temps et dans l'espace, de situer le taux de fr�quentation des biblioth�ques ainsi que les centres d'int�r�t et les go�ts des lecteurs potentiels.
LE PLAISIR DE LIRE, UN ACTE QUI SE CULTIVE � L'�COLE
Dans beaucoup de pays, des enqu�tes statistiques du genre sont r�guli�rement men�es, pour tracer des programmes cibl�s et des politiques tenant compte des attentes et des besoins exprim�s. En attendant de savoir combien sommes-nous � lire et que lit-on, il est temps que la lecture, en tant que pratique sociale et institutionnelle, r�investisse l'�cole. Apr�s les premi�res ann�es d'�cole o� la lecture se limite � une activit� m�canique et de d�chiffrement des signes, celle-ci (la lecture), selon un p�dagogue, doit faire l'objet d'une attention particuli�re de la part de l'enseignant et de l'apprenant : faire du livre un objet de curiosit� et de plaisir, sans cesse renouvel�. La pratique de la lecture dans sa dimension ludique et d'ouverture sur le monde, l'imaginaire, le r�ve et le merveilleux a, depuis longtemps, �t� un aspect n�glig� par les m�thodes d'enseignement des langues qui ont fait la part belle � l'expression orale selon un inspecteur de langue fran�aise de l'enseignement moyen, qui a souhait� que la r�forme annonc�e du syst�me �ducatif arrive � corriger cette lacune. A partir de l�, les biblioth�ques scolaires et les biblioth�ques communales (de proximit�), quand elles existent, retrouveront leur vocation pour que se cultive et s'affine le plaisir de lire. Des sp�cialistes (*) le disent : si l'on se plaint avec raison de la d�saffection des masses pour la lecture et le livre, c'est que le livre a �t�, � l'�cole, mal utilis�. Une bonne utilisation, recommendant les m�mes p�dagogues, doit susciter une curiosit� authentique et r�pondre au besoin d'�vasion et de communication des �l�ves. Le bon usage d'un livre passe, enfin, par l'ouverture de l'espace du livre sur l'exp�rience de la vie.
S. A. M.
(*) Faire vivre un livre en classe, R. Ciais, J.
Ribas Hatier �ditions de l'Amiti�,
Paris 1975

Des chiffres et des lettres
Une biblioth�que num�rique pour Google : Le g�ant am�ricain de la recherche sur le Net s'appr�te � num�riser 15 millions de livres. Ce sont 50 millions de pages de livres qui seront scann�s pour �tre accessibles sur le Net ; 200 millions de dollars est le co�t de ce projet industriel �tal� sur 15 ans qui sera financ� sur fonds priv�s. Le contrat de partenariat a �t� sign�, � la fin de l'ann�e derni�re, avec cinq biblioth�ques universitaires, parmi les plus illustres en Angleterre et aux USA. Ce projet de num�risation litt�raire, venant d'Am�rique, inqui�te en France et en Europe. Des appels sont lanc�s en direction des d�cideurs fran�ais et europ�ens pour monter un projet similaire. La BNF (France) a d�j� mis, dans le cadre de son projet Gallica, pr�s de 80 000 titres � la disposition des internautes. Des financements importants sont n�cessaires pour imposer une pr�sence europ�enne et fran�aise dans le domaine tr�s actuel de la num�risation litt�raire qui ne peut concerner l'Alg�rie o� le travail pour "l'arrimage de l'Alg�rie � la soci�t� de l'information" et pour "combler la fracture num�rique" ne fait que commencer. Cette comp�tition num�rique annonc�e entre Europ�ens et Am�ricains, abstraction faite de la coloration culturelle et id�ologique qu'elle sous-tend, peut constituer une aubaine pour les bibliophiles alg�riens pour qui la diversit� de choix �ditoriaux et d'information disponibles sur le Web reste une alternative au d�ficit de livres et de biblioth�ques. S. A. M.
Tussna et Amusnaw, deux projets associatifs pour la promotion du livre et de la culture multim�dia
Aider � faire de la lecture un acte social de masse et promouvoir la culture multim�dia, c'est l'objectif vis� par deux associations tizi-ouz�ennes � travers deux projets associatifs et n�anmoins d'int�r�t public : ouvrir des espaces publics de proximit� (une m�diath�que et un centre de documentation) dans une ville qui n'a ni biblioth�que municipale ni de quartier. Dans le paysage associatif tizi-ouz�en � vocation culturelle tr�s fournie, Tussna et Amusnaw font figure d'aiguillon, pour une activit� associative install�e dans le rituel des c�l�brations saisonni�res. A travers des projets innovants et �tal�s sur le long terme, Amusnaw et Tusna montrent la voie pour un fonctionnement alternatif. A d�faut de subventions publiques qui sont distribu�es avec parcimonie, ces deux ONG sont all�es ailleurs chercher des financements et des ressources pour concr�tiser des initiatives consistant � offrir � leurs usagers des animations de proximit� � vocation culturelle, de formation et d'information. R�alis�e gr�ce au concours financier de la Commission europ�enne, dans le cadre du programme Meda d'aide aux ONG alg�riennes, la m�diath�que de Tizi Ouzou manag�e par Amusnaw offre des prestations diversifi�es � travers un espace pour la formation et la communication Internet (17 liaisons disponibles) et un autre pour la biblioth�que qui dispose d'un fonds de 2000 ouvrages provenant de l'aide de la Croix-Rouge fran�aise � l'association qui d�veloppe d'autres activit�s extra-muros : des projections cin�ma au niveau du th��tre Kateb-Yacine en partenariat avec l'APC de Tizi Ouzou et un projet de biblioth�que scolaire itin�rante en collaboration avec la Maison de jeunes de Sidi-Na�mane. Le volume de fr�quentation escompt� est de 200 entr�es/jour. L'am�lioration du taux de fr�quentation comme le lancement d'autres activit�s et prestations d�pendent de la disponibilit� des pouvoirs publics � mettre un local � la disposition de l'association. Le m�me probl�me se pose pour l'association Tussna. Les 15 000 DA d�bours�s chaque mois pour la location d'un local gr�ve son budget. Pourtant, le projet, incontestablement d'utilit� publique port� par cette association, m�rite une meilleure attention des pouvoirs publics pour mettre � sa disposition un local pour domicilier le centre de documentation disposant d'un patrimoine livresque de plus de 3000 ouvrages. Un fonds documentaires acquis gr�ce au concours de partenaires associatifs �trangers comme Biblioneuf, une association fran�aise (Tussna est aussi membre du r�seau Unesco des biblioth�ques associ�es) et surtout des services culturels de l'ambassade de France. L'objectif de Tussna : ouvrir un espace de lecture de proximit�, en mettant � la disposition d'un public diversifi� des ouvrages se rapportant � plusieurs domaines de la connaissance (litt�rature sp�cialis�e et de fiction) dans une ville comme Tizi Ouzou o� les espaces pour la lecture publique (biblioth�ques municipale et de quartier...) n'existent pas. S. A. M.


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