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CHRONIQUE DES TEMPS SORDIDES
Mon cin�ma Paradisio (2) Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 08 - 2005

Suite � ma derni�re chronique consacr�e aux salles obscures de mon enfance, Ali Maroc, � consid�r� comme le plus grand photographe alg�rien, pour ceux qui ne le connaissent pas �, m�a demand� de r�pondre � un questionnaire sur le cin�ma et l�image d�une mani�re g�n�rale pour les besoins d�un travail personnel.
Une question portait sur le premier film que j�ai vu. En y r�pondant, je me suis replong� dans l�univers de l�enfance car la premi�re fois o� je suis all� au cin�ma, j�avais � peine quatre ans. J�accompagnais ma tante qui �tait une adolescente � l��poque. Le cin�ma �tait une petite salle pas tr�s confortable. Il n�y avait pas de plafond et l�on pouvait voir les nids des hirondelles sous les tuiles, cass�es par endroits. Il n�y avait pas, non plus, de si�ges commodes, juste des bancs en bois vermoulu. On y projetait, ce jour-l�, un film de Farid El Atrache et Samia Gamal. Je ne comprenais pas pourquoi certains spectateurs hurlaient lorsque la belle Samia se tr�moussait. Mais je dois reconna�tre aujourd�hui que ce premier contact avec le septi�me art n��tait pas des plus r�ussis. J�en garde une impression mitig�e : en v�rit�, ces ombres en noir et blanc qui bougeaient dans tous les sens ne m�int�ressaient pas, le coin sale et poussi�reux ainsi que la grossi�ret� des gens autour de moi achevaient de noircir le tableau. Et le pire, c�est que j�avais une folle envie de dormir. Ce que je fis d�ailleurs au beau milieu de la deuxi�me bobine. Depuis, chaque fois que je vois un film de Farid El Atrache, mes paupi�res tendent � se refermer et une �trange torpeur s�empare de moi� Bien plus tard, � l��ge de l�enfance, j�ai eu plus de chance que les jeunes qui �taient rest�s en Alg�rie. Nous habitions en Tunisie et notre village se trouvait � mi-chemin entre la capitale et Hammam-Lif. Mon p�re m�emmenait parfois � Tunis o� il rencontrait ses amis dans un bistrot mitoyen d�une belle salle de cin�ma. Les deux portaient le m�me nom �Midi Minuit�. Pour que je le laisse tranquille, il m�achetait un billet et me refilait � la placeuse. C�est l� que j�ai d�couvert le western, le cin�mascope et le technicolor, trop de sensations � la fois pour ma petite t�te. Il m�arrivait aussi d�aller tout seul, par le train de banlieue, � Hammam- Lif o� les trois salles se livraient une bataille f�roce. Le dimanche, on projetait deux grands films pour le prix d�un seul ! Ces escapades m�avaient fait aimer le cin�ma, les cacahu�tes grill�es et le train, trois vices que les d�cennies ne sont pas arriv�es � d�truire� Le cin�ma, c��tait aussi des sensations et des �motions qui nous saisissaient d�s notre sortie du lyc�e. Nous pressions le pas pour aller devant le march� central o� �taient expos�es toutes les affiches de la douzaine de films projet�s dans notre ville. Comme nous ne pouvions faire le tour de toutes les salles, cette �tape marquait la premi�re s�lection. Nous n��tions pas, � l��poque, des fans du cin�ma �gyptien � sauf quand il y avait un chef d��uvre � et les longs m�trages chantants hindous ne nous int�ressaient pas. Nous �liminions donc le �Vox� et le �Marignan�. Une fois nos premiers choix faits, nous entamions la tourn�e pour voir de plus pr�s ces affichettes qui reproduisaient les sc�nes les plus importantes des films. Les salles �taient presque situ�es dans le m�me quartier, hormis le �Colis�e�, le �Pax� et le �Majestic�. Il faut dire que nous allions rarement dans ces trois cin�mas. Restaient ces temples qui ont fa�onn� notre go�t pour le septi�me art et d�velopp� notre culture cin�matographique : les �Vari�t�s�, salle des grandes premi�res et des chef-d'�uvres, �l�Olympia�, �l�Empire�, le �R�gent�, sp�cialis�es dans les p�plums et les westerns et le �Rex�, o� l�on projetait des films policiers et de m�urs. Un dimanche sur deux, quand la JBAC ne jouait pas sur la belle pelouse du stade V�lodrome, nous consacrions notre sortie hebdomadaire au cin�ma. Ce moment important, entour� d�une magie particuli�re, fait de joie et d�enchantement, nous tenait en haleine pendant toute la semaine o� nous comptions les heures et les jours qui nous s�paraient de l�instant magique o� nous mettrons les pieds sur la moquette de la salle obscure. Quand les lumi�res s��teignaient apr�s l�entracte, succ�dant au hors-d��uvre d�licieux des aventures de Tom et Jerry, nous avions l�impression de quitter le monde sordide qui nous entourait pour p�n�trer celui du myst�re et de la f�erie. Nous entrions dans le royaume de la l�gende, l� o� volent les tapis et ricanent les chevaux indompt�s dans les canyons sauvages, l� o� les couleurs et les lumi�res des citadelles somptueuses et des jardins enchant�s r�inventaient, sur un bout de pellicule, les grands r�ves de l�adolescence, l� o� nos h�ros intr�pides et vaillants b�tissaient des aventures bigarr�es qui allaient peupler nos tristes nuits d�internes pour les v�tir des majuscules du plaisir. Quand la musique s�arr�tait et que les lumi�res commen�aient � s��teindre les unes apr�s les autres, nous �tions impatients de voir jaillir, de la lucarne magique situ�e derri�re nous, la lumi�re crue et sautillante qui allait imprimer sur le large �cran de nos fantasmes les mille et une larmes, les mille et un rires et les mille et une facettes de la l�gende, sans cesse r�p�t�e, mais � chaque fois renouvel�e� Nous �tions alors pris dans le tourbillon de l�action, pr�ts � bondir pour aider cet homme de bien qui se battait contre les m�chants, pr�ts � donner notre amour � l�h�ro�ne accabl�e par les malheurs, pr�ts � casser la gueule au lion qui ne nous faisait plus peur. Nous �tions les plus forts, les plus beaux, les plus justes. Le cin�ma nous faisait r�agir en nous parlant avec ce langage universel qu�il a su cr�er pour rapprocher les hommes et les distraire. Mais, au sortir de ces salles, les yeux encore ballonn�s d�images fabuleuses, il nous arrivait aussi de r�fl�chir. Le train du cin�ma, apr�s nous avoir fait voyager dans les paysages troubl�s de la fiction, nous d�posait enfin dans une gare o� nos cerveaux �taient mis � contribution. Derri�re l�histoire merveilleuse racont�e avec talent par des cin�astes �tonnants, il y avait toujours une moralit�, une id�e, un combat� Nous en parlions entre nous, parfois avec nos professeurs. Nous essayions d�aller plus loin que le film, afin de comprendre, r�fl�chir, analyser� Le cin�ma a �t� le compl�ment vivant et indispensable � notre formation livresque. Il a donn� des formes et des couleurs aux �uvres litt�raires que nous d�cortiquions au lyc�e. Il a �largi l�horizon de nos connaissances en nous faisant voyager dans le temps et l�espace, nous rapprochant des g�n�rations disparues et des contr�es lointaines. Il a trac� dans nos petites t�tes les limites entre le bien et le mal, notions qui ne nous �taient pas �trang�res certes, mais qui prenaient, gr�ce � la force de l�image, une teneur particuli�re. Le cin�ma a �galement form� notre go�t pour la beaut�. Il nous a �loign� de la laideur. Il nous a donn� les moyens de nous �lever moralement et de nous �carter des basses pr�occupations mat�rielles. Aujourd�hui, il ne reste rien de tout cela. Les vieilles salles de cin�ma tombent en ruine. Abandonn�es, elles ne sont plus que l�ombre d�elles-m�mes, de sombres couloirs balay�s par les vents du souvenir, royaumes d�chus livr�s aux rats et aux cafards ! Un pays sans cin�ma, �a n�a pas de sens ! En ces temps sordides o� les trabendistes de l�image veulent faire du cin�ma avec de la vid�o (quel crime !), nous devons �tre les bons derniers en mati�re d�infrastructures cin�matographiques. Nous devancions un seul pays, mais, depuis que les Talibans ne sont plus au pouvoir, l�Afghanistan s�est dot� de salles de cin�ma� Que dira ce gouvernement pour se justifier ? Il y a quand m�me trop de choses qui clochent : sous-d�veloppement, manque d�hygi�ne, corruption, ch�mage, la Bourse d�Alger qui dort, vingt ans et pas de m�tro, pas de socialisme, ni de capitalisme, h�pitaux mouroirs, pas de coupe du monde, pas de coupe d�Afrique, aucun titre dans les autres disciplines sportives, dernier pays touristique de la M�diterran�e, pas de cha�nes TV priv�es et m�me pas de cin�ma ! C�est atroce et vous ne vous en rendez m�me pas compte, heureux de tourner en rond dans des bagnoles achet�es par cr�dit, heureux de biper avec ces gadgets de pacotille que sont les mobiles ! Un bip, voil� notre nouveau langage. Nous ne sommes m�me plus capables de parler pour communiquer. Nous bipons. Robots manipul�s par les nouveaux ma�tres du jeu, nous sommes devenus des bipeurs� Les bipeurs, c�est connu, s�en fichent du cin�ma et de la culture. Leur plaisir est de biper en mangeant des past�ques. Bipez, bipez�
M. F.
P. S. 1: La r�conciliation, �a ne concerne pas Mohamed Benchicou, l�un des rares journalistes emprisonn�s dans le monde. La r�conciliation, �a concerne des gens qui ont fait des choses moins graves : ils mijotaient des petits plats pour leurs copains au maquis et, comme la cuisine ne peut pas contenir tout le monde, les autres conduisaient des �nes, portaient la semoule, gardaient les brebis vol�es ou faisaient le gu�. Alors qui a �gorg� des dizaines de milliers d�Alg�riens ? Mais personne, voyons. Ils ont fait �a tout seuls, en essayant de se raser� Ce sont des accidents et c�est la faute � personne�
P. S. 2 : Cette chronique est d�di�e � mon ami Amar Laskri, cin�aste alg�rien qui, au plus fort de la temp�te, a pr�f�r� s�accrocher aux r�cifs de la conscience de son pays�


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