Le Ramadhan est � la t�l�vision ce que la vitrine est au magasin : on y pr�sente ce qu�il y a de meilleur dans la production nationale et arabe, on y expose aussi, en bonne place, ces surprises qui, chaque ann�e, nous font d�couvrir une pl�iade d�artistes inconnus. Je peux dire, sans peur d��tre contredit, que toutes les nouvelles figures de la t�l�vision, ces jeunes talents devenus aujourd�hui des vedettes, ont pouss� leur premier �cri� dans les s�ries et feuilletons qui se bousculent pour donner des couleurs � nos soir�es du Ramadhan. Cependant, et sans pr�juger de qui pourrait nous �tre servi dans les prochains jours, la chorba �tait plut�t froide pour ce Ramadhan et les plats d�accompagnement fades. Quant au dessert, il s�est fan� � force de va-et-vient entre notre table et le cong�lateur ! Les ann�es pr�c�dentes ont �t� marqu�es par de grandes productions qui nous avaient totalement chang�s des sketchs chorba � encore que ces derniers avaient leur charme � pour nous donner un aper�u des possibilit�s de la jeune g�n�ration qui monte. Nous e�mes droit � des s�ries et feuilletons de tr�s grande qualit�, que ce soit dans le domaine du drame social ou de la com�die l�g�re. �Nass M�lah City� restera incontestablement comme le meilleur produit jamais r�alis� par l�ENTV au cours des derni�res ann�es. Sans diminuer de la valeur des feuilletons classiques qui ont brill� au cours de cette m�me p�riode, � la faveur de sc�narios �labor�s et d�un jeu d�acteurs professionnellement acceptable pour la majorit� et franchement au top-niveau pour certaines stars du petit �cran ; donc, sans diminuer de cette valeur reconnue par tous, nous consid�rons �Nass M�lah City� comme une v�ritable r�volution dans la fiction nationale, en ce sens qu�il a apport� de r�elles innovations dans tous les domaines. D�abord, la sp�cificit� de cette production que l�on peut difficilement cataloguer. Alors que l�on s�attendait � une sitcom comme il en pleut tant sur nos �crans, une de ces com�dies fades et sans g�nie ; b�tie autour de quiproquos lassants et de rebondissements vaudevillesques, c�est un genre tout � fait in�dit, proche du septi�me art, qui nous fut servi avec finesse et �l�gance. Eh oui ! La gageure de l��quipe de �Nass Mlah City� aura �t� de fabriquer de v�ritables petits joyaux cin�matographiques en faisant de la� t�l�. Tout y �tait : le sc�nario adapt� au temps d��mission, c�est-�-dire con�u comme un script de court-m�trage n�ayant rien � voir avec les contenus t�l� traditionnels, le montage digne des plus grands professionnels, la musique, ajust�e � merveille au d�roulement de l�histoire, les effets sp�ciaux, d�un niveau rarement vu au Maghreb, les d�cors, �tudi�s avec soin� Tout �tait r�uni pour donner � cette s�rie des lettres de noblesse qui placent la barre tr�s haut pour les productions � venir. Quant aux acteurs, ils semblaient avoir �t� totalement transform�s par cette production. A leur talent intrins�que reconnu par tous, est venue s�ajouter cette touche magique qui, d�un �pisode � l�autre, les a propuls�s au firmament de la r�ussite. Jamais Bayouna n�a �t� aussi lumineuse. Servie par des dialogues d�une grande finesse, elle a mis sa touche personnelle pour transformer totalement le personnage et le rendre si typiquement alg�rois, si attachant que l�on avait du mal � croire qu�il fut d�abord et avant tout cr�� dans les studios hollywoodiens (films pastiches caricaturant des productions � grand spectacle). A c�t� de Bayouna, d�autres noms ont illumin� le devant de la sc�ne� Cette ann�e, nous avons �t� priv�s de �Nass Mlah City�, devenue aussi indispensable que le bourek du f�tour ! Comme des grands, les promoteurs de cette s�rie ont choisi de nous dire adieu au milieu des vivats et des bravos� Il faut savoir quitter la table et laisser la place � d�autres. Annonc�e comme une s�rie du m�me acabit que �Ness M�lah City�, la nouvelle production �Binatna� est un remake qui n�a absolument rien � voir avec l�original ! Une copie fade qui essaye de reprendre la m�me recette mais sans les m�mes cuisiniers. De ce que l�on a vu jusqu�� pr�sent, il faut dire que �a ne vole pas tr�s haut. Et ce qu�il y a de meilleur reste le� g�n�rique. Du moins, au niveau de l�image, parce que reprendre la musique du d�but et de la fin avec Ba�ziz et Lotfi n�est pas une marque d�originalit� non plus. Ceci sans remettre en cause la valeur intrins�que de ces deux musiciens de talent que j�appr�cie beaucoup, chacun dans son domaine. Les sc�narios sont tr�s faibles : on est tout le temps d�rout�s par leur manque de consistance. Et, souvent, on reste sur sa faim. Cas du �Taxieur� ou de l�histoire abracadabrante du ministre et de l��boueur, tr�s mal racont�e, avec une fin tir�e par les cheveux et un montage hasardeux� Quant aux effets sp�ciaux, c�est le carnaval� Je peux dire la m�me chose des autres �pisodes, aussi pales les uns que les autres. Nous ne comprenons pas pourquoi les responsables de cette production ont tenu � refaire du �Nass M�lah City� sans �Nass M�lah City�. J�ai vu, dans le g�n�rique, le nom de ce grand r�alisateur que je respecte beaucoup et qui est certainement l�un des meilleurs de sa g�n�ration � en tout cas, le meilleur dans la com�die cin�matographique �, j�ai vu le nom de Moussa Haddad. Et je me suis pos� la question : c�est quoi un conseiller technique dans une s�rie comme �Binatna� ? J�ai m�me cru voir son nom � au moins une fois � en tant que r�alisateur� Je n�ai pas pu m�emp�cher de me dire, un peu triste : �Mais qu�est-ce qu�il f� l�-dedans !� Si j��tais ministre de la Culture, je ferais voter un budget sp�cial pour la construction de salles de cin�ma modernes dans toutes les villes et m�me dans les villages, je construirais de grands studios de cin�ma et je ferais appel � tous les anciens, de Mohammed Lakhdar Hamina � Amar Laskri, en passant par Rachedi, Haddad, Hadj Rahim, Allouache, Bendedouche, et j�en oublie et pas des moindres. Je leur dirais ceci : �L�Etat met � votre disposition tous ces moyens. Allez-y, faites-nous revivre la grande �pop�e du cin�ma alg�rien ! Vous en �tes capables. Faites appel � des directeurs photo qui ch�ment, � des acteurs qui attendent ; r�unissez ces cadreurs, ces ing�nieurs du son, ces d�corateurs, ces sc�naristes, ces monteurs, ces femmes et ces hommes qui ont tiss�, par le sang et les larmes, la grande histoire ignor�e du cin�ma alg�rien ! Faites-le, vous en �tes capables.� L�ann�e derni�re, une production a fait couler beaucoup d�encre : �Babour D�za�r�, une s�rie qui devait faire rire. En principe. Mais l�incoh�rence du sc�nario et la confusion des genres l�ont fait couler avant le dernier �pisode. L� aussi, nous nous �tions interrog�s sur la pr�sence du grand cin�aste Merzak Allouache dans ce naufrage annonc�, lui qui reste le grand nom du cin�ma d�auteur des ann�es soixante-dix et la figure de proue de la nouvelle vague alg�rienne qui a sorti le septi�me art des th�mes galvaud�s de la r�volution arm�e et du r�alisme socialiste. Son �uvre Omar Gatlatou, qui fut le point de rupture avec l�ancien cin�ma engag�, a �t� salu�e par les plus grands critiques et d�cortiqu�e dans les revues et les instituts de cin�ma. Ce grand cin�aste nous expliquera un jour les raisons de la faillite du �Babour�� Et, pour revenir � la production de ce Ramadhan, signalons quand m�me cette hirondelle qui ne fait pas malheureusement le printemps, la superbe �cam�ra cach�e� tourn�e dans les studios de la radio et dont le moins que l�on puisse dire est qu�elle est du niveau de ses illustres invit�s. Des gags raffin�s, un Mourad Khan impressionnant de r�alisme et des h�tes qui montrent, malgr� eux, leur grande probit� et leur amour de l�art ! Bravo � toute l��quipe� M. F. - Je peux me tromper. Ceci n�est qu�un point de vue personnel, � travers une chronique qui n�a pas la pr�tention de se substituer au travail des critiques TV. Nos lecteurs sont appel�s � donner leurs points de vue en nous �crivant � l�adresse e-mail habituelle (voir en haut).