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A FOND PERDU
La trag�die arabe Par Ammar Belhimer HYPERLINK "[email protected]"
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 10 - 2006

Le hasard a fait �chouer sous nos yeux un livre qui vient � peine de para�tre, plein d'id�es � m�diter, � creuser, � mettre en perspectives dans des pays qui n'en ont plus. Le livre, Aux origines de la trag�die arabe*, est de Ren� Naba, un auteur fran�ais qui, faute de grand �diteur, s'est �r�fugi� chez Bachari, dans une collection fort suggestive �Orient�Vous� qui fait de l'Orient sa source d'inspiration.
Des guerres asym�triques ont suivi l'�re post-communiste. Elles illustrent �une strat�gie cathartique entre d'anciens partenaires essentiels de l'�poque de la guerre froide�. Des partenaires qui se recrutent d'ailleurs aussi bien parmi les monarchies proam�ricaines que parmi les r�publiques prosovi�tiques, �identiquement r�pressives, identiquement restrictives� : elles auront emprunt� un bien curieux cheminement pour se maintenir au pouvoir, le parfait contre-exemple des annales de la g�opolitique mondiale. �A trop m�nager leurs alli�s islamistes, les pro-Am�ricains se sont affaiblis en leur donnant la possibilit� de se retourner contre leur ancien mentor. A trop vouloir s'acharner bizarrement sur leurs propres alli�s communistes, les prosovi�tiques se sont affaiblis face � des adversaires islamistes devenus mena�ants�. La nouvelle situation a r�v�l� la corrosivit� de l'instrumentalisation abusive de la religion comme arme de combat politique et l'hypotonie du monde arabe face � la g�ostrat�gique tectonique impuls�e par les attentats am�ricains du 11 septembre 2001, le �Mardi Noir�. Les archa�smes qui nourrissent la r�gression arabe se mesurent ais�ment � l'aune du d�sert culturel. Le patrimoine intellectuel arabe renferme quatre millions de manuscrits. Devant un tel monument, d'illustres civilisations font p�le figure : les manuscrits grecs sont de soixante mille et les latins de quarante mille. Faute de chercheurs en nombre suffisant, ce patrimoine n'est toujours pas exploit�. Outre qu'ils se d�sint�ressent de leur patrimoine bibliographique, les Arabes �ditent tr�s peu : avec 5% de la population mondiale, ils ne publient que 1% de livres et les ouvrages religieux repr�sentent 17% de la production litt�raire contre 5% dans le reste du monde. La d�cadence ne s'arr�te pas l�. Elle est aliment�e d'abord par un repli maladif et r�gressif sur soi : au cours de tout le dernier mill�naire, je souligne bien le mill�naire, moins de 10 000 ouvrages ont �t� traduits vers l'arabe, soit en moyenne mille ouvrages par si�cle. A une exception pr�s, aucune universit� arabe ne figure aujourd'hui au Top 500 des meilleures universit�s (classement de Shanghai 2006) qui accorde la palme du savoir � Harvard, Cambridge, Stanford, Berkeley et le MIT. L'exception : l'Universit� du Caire qui figure entre la 401 et la 500e place. Depuis novembre 2004, le Times Higher Education Supplement, journal londonien sp�cialis� dans les �tudes sup�rieures, concurrence le classement de Shangha� avec son palmar�s annuel des 200 meilleures universit�s mondiales. Lui ne mentionne aucune universit� arabe. Les 32 Etats, r�ellement arabes ou qui se revendiquent comme tels, enregistrent un autre record �galement peu enviable : la censure. Aujourd'hui, un bestseller arabe ne d�passe pas les 5 000 exemplaires. Les Arabes, pour les plus riches d'entre eux, s'adonnent � d'autres plaisirs que la lecture. Les plus pauvres n'ont pas les moyens de se cultiver. D'ailleurs, en ont-ils besoin et pourquoi faire ? L'�veil qui peut en r�sulter comme menace � l'arbitraire donne l'image d'un pot de terre contre le pot de fer. L'antiintellectualisme des Etats arabes est illustr� par une premi�re �quation statistique des plus �l�mentaires : ils publient 1% des livres mais consomment 30% de la totalit� des achats mondiaux d'armements. Pire, pour les achats de chars et l'artillerie, ils d�pensent par t�te d'habitant plus que l'ensemble des 30 pays d'Europe membres des anciens pactes de l'Otan et de Varsovie. Pourquoi faire ? Pour gagner des guerres ? Ils n'en ont pas gagn� une seule contre Isra�l depuis 1948. Et l'h�morragie ne s'arr�te pas. La guerre contre l'Irak cons�cutive � sa premi�re occupation du Kowe�t (1990-1991) a co�t� 670 milliards aux pays arabes, tandis que l'invasion am�ricaine de 2003 se soldait par des pertes de mille milliards de dollars au PIB. En quoi tous les conflits ont servi des int�r�ts arabes ? Ainsi, les Etats arabes ne l�sinent pas sur les d�penses lorsqu'il s'agit de se faire la guerre entre eux, plus souvent par procuration, ou pour r�primer les groupes porteurs de programmes alternatifs � leur d�faite, allant jusqu'� sous-traiter la torture pour passer � la question les islamistes peu bavards ou inintelligibles pour la CIA ou le FBI. Et la violence n'est que la face cach�e d'autres r�alit�s plus tristes. L'islamisme politique est ainsi au c�ur de la r�gression arabe. L'auteur �tablit sa date de naissance : 1969. C'est, plus exactement, la date de mise � feu du D�me de la Mosqu�e Al Aqsa, troisi�me Haut Lieu Saint de l'Islam. C'est une date fondatrice de la sph�re arabo-musulmane que les monarques arabes proam�ricains utiliseront pour se substituer sans partage � l'ancienne �lite nationaliste d�faite pour ses �erreurs de jeunesse�. Il n'y a ni amour ni d�fense de l'Islam ici. Si les sentiments sont faits pour attendrire les pauvres, l'essentiel est ailleurs. De froids calculs bassement terrestres dictent l'accouchement forc� de l'islamisme politique et la mutation qui l'accompagne. La preuve : l'incendie d'Al- Aqsa qui en est le pr�texte est comm�mor� le 21 ao�t de chaque ann�e dans l'indiff�rence g�n�rale qui frise l'oubli. Le Forum islamique de Rabat qui avait regroup� alors 35 pays, le 1er septembre 1969, marque la d�faite de la revendication nationaliste arabe qui, apr�s un quart de si�cle, c�de le pas � la vitrine de la solidarit� islamique au service de l'arri�re-boutique am�ricaine. En sous-traitant son red�ploiement par le biais de la monarchie wahhabite, Washington s'assure par la m�me occasion de l'av�nement de la vision la plus pauvre qu'ait jamais connue l'histoire th�ologique et doctrinale de l'Islam. Ce choix de Riad comme porte-drapeau du r�ve am�ricain dans la r�gion n'est pas fortuit et remonte � plus loin. Le couple vit dans une harmonie parfaite depuis que fut scell�e leur alliance par �The Quincy Agreement�, du nom du croiseur am�ricain Quincy sur lequel a �t� sign� en f�vrier 1943 l'accord entre le pr�sident Franklin Roosevelt et le roi Abdelaziz Al Saoud, accord aux termes duquel les Etats-Unis assurent leur protection inconditionnelle � l'Arabie saoudite, consid�r�e comme relevant des �int�r�ts vitaux des Etats-Unis�, en contrepartie d'un ravitaillement �nerg�tique am�ricain � prix comp�titif. �The Quincy Agreement� ayant assur� les approvisionnements �nerg�tiques des Etats- Unis, il leur restait � d�velopper une sorte d'accoutumance � leurs propres valeurs ou, faute d'y mouler leurs alli�s, de les dompter au moyen de ce que la terminologie militaire appelle �le tir de saturation tous azimuts�. Pour avoir de la suite dans les id�es, les Am�ricains en ont. Ils ont en plus l'avantage d'avoir une bonne m�moire et de ne pas perdre le fil d'int�r�ts qu'ils substituent froidement � toute autre consid�ration. Leur strat�gie de communication accompagne harmonieusement une strat�gie militaire formul�e d�s 1942 par l'amiral Harrisson avec sa �th�orie des anneaux maritimes�, une version �soft� d'une diplomatie �hard� qui se poursuit sans discontinuit� jusqu'� nos jours. Ce que les initi�s appellent la �Carte Harrisson� vise � prendre en tenaille la totalit� du monde euroasiatique en articulant la puissance am�ricaine sur un axe reposant sur trois positions charni�res : le d�troit de Behring, le d�troit de Bab el-Mandeb (qui relie le Golfe arabo-persique � l'oc�an Indien) et le d�troit de Gibraltar (qui assure la jonction M�diterran�e-oc�an Atlantique). Leur contr�le vise � confiner dans un p�rim�tre insalubre la moiti� de l'humanit� agglutin�e autour du cordon Moscou, Delhi, Islamabad, P�kin. L'observateur aura relev� que deux des d�troits se situent dans l'espace arabe. Autour de l'armada militaire d�ploy�e pour le contr�le de ces d�troits sont �mis des ondes, des images et des sons pour une interf�rence destin�e � conditionner imperceptiblement, insidieusement, sans choc frontal ni dommage collat�ral, l'auditeur r�cepteur arabe. L'objectif est de le subvertir, lui imposer son propre vocabulaire, fa�onner sa conception du monde, son mode de vie et son imaginaire. Ren� Naba qualifie la victime �d'analphab�te secondaire�** parce qu'elle baigne dans une sorte d'ignorance heureuse qui n'est pas � plaindre parce que �la perte de m�moire dont il (le r�cepteur) est afflig� ne le fait point souffrir. Il appr�cie de ne pouvoir jamais se concentrer et tient pour avantage son ignorance et son incompr�hension de tout ce qui lui arrive�. A.B.
*Ren� Naba, Aux origines de la trag�die arabe, �ditions Bachari, collection �Orient�Vous�, Paris 2006.
** L'expression �analphab�te secondaire� n'est pas de Ren� Naba. Elle est de Hans Magnus Enzensberger, M�diocrit� et folie, Gallimard, Paris 1991.


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