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HALTES ESTIVALES
Le r�ve sarde (fragments) -2- Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 07 - 2007

Il trouva un peu triste que des jeunes �prouvassent autant de joie � quitter les terres qui les avaient vus na�tre. Cependant, il se garda de les d�courager et comprit enfin pourquoi les autres, Amar, les deux vieillards et tous les adultes du bar, ne tentaient pas d�arr�ter ce v�ritable flux qui envoyait vers l�Italie une main-d��uvre jeune, robuste et bon march�.
Quelque chose clochait dans ce syst�me absurde qui avait pour seule fonction de cr�er le d�sespoir. Autour de lui, les gens n�en pouvaient plus et toutes les solutions �taient bonnes. Plus tard, de son balcon, Karim jeta un dernier coup d��il au groupe qui avait repris son boulot. Le chanteur continuait de clamer ses po�mes � la lune qui faisait danser les vagues tach�es de beaux reflets argent�s. Le lendemain, et apr�s un bon repos et quelques pots, Karim chercha les jeunes de la veille. Il en trouva quelques-uns s�activant sous un soleil de plomb. Les autres arriveront le soir car le plus gros du boulot se faisait dans la fra�cheur de la nuit. Il fut bien accueilli et on lui servit un caf� express que l�on fit venir de la petite guinguette de la plage. Karim voulait savoir s�il y avait un passeur ou si c��tait l�aventure totale. Michigan, le jeune roux, lui r�pondit que le passeur revenait cher : sept millions par t�te de pipe. Par contre, en se prenant en charge, ils n�avaient qu�� payer la barque qui sera abandonn�e en Sardaigne. Il fallait aussi acheter les moteurs, deux pour plus de s�curit�, le GPS pour se diriger dans l�obscurit� et quelques provisions ainsi que le carburant. �La barque peut prendre jusqu�� huit personnes. Pour le moment, nous sommes six et il y a deux places libres. D�ici demain, il se pourrait que des candidats se manifestent. Nous �vitons d�en parler beaucoup pour ne pas �veiller les soup�ons, mais la chose peut se savoir dans les circuits souterrains�, pr�cisa Michigan. Karim mangea rapidement et monta dans sa chambre pour la sieste. Il �tait tomb� sous le charme de ces aventuriers. Le soir, il d�cida de ressortir et d�aller retrouver ses nouveaux copains pour une nouvelle veill�e sous le clair de lune. Les pr�paratifs allaient bon train. Plus que vingt-quatre heures avant le grand d�part. Karim avait des choses � dire aux jeunes. D�abord, il leur fit un cours sur la Sardaigne. Aux premi�res paroles prononc�es, tout le monde se regroupa autour de lui : �Savez-vous que la Sardaigne a la forme d�un rectangle. Curieusement, il y a un golfe dans chaque direction cardinale. Il y en a quatre ! Le premier � l�est, le second � l�ouest, le troisi�me au nord et, enfin, le quatri�me au sud. C�est ce dernier qui vous int�resse : c�est le golfe de Cagliari, la capitale de la Sardaigne. Si vos calculs sont bons vous d�barquerez de ce c�t� de la fa�ade sud de l��le. Mais si vous d�rivez � l�ouest, vous pouvez tomber sur le cap Teulada ou sur le cap Spartivento. Et si, vraiment, vous d�rivez encore plus � l�ouest, il se pourrait que vous �chouiez sur l��le de Sant�Antioco ou, pire, sur celle de San Pietro !� �Nous pouvons aussi d�river � l�est et tomber sur le continent�, ajouta l�un des jeunes. Karim regarda longuement la mer d�un bleu intense qui s��tendait � l�infini devant eux, but une gorg�e de th� � la menthe, alluma une cigarette qu�il �crasa aussit�t dans le sable, en pensant au pauvre bougre qui lui avait conseill�, un jour, d�arr�ter de fumer, puisque il ne fumait pas r�ellement�, puis r�pondit : �Tu veux dire sur la botte italienne qui est une presqu��le. Je ne sais pas vraiment, mais si les conditions climatiques ne se g�tent pas, et avec l�aide du GPS qui est d�une pr�cision infaillible, vous arriverez � bon port. Ne vous attendez pas � tomber sur de belles plages o� le d�barquement sera ais�. La c�te sarde est constitu�e essentiellement de criques et de rochers, ainsi que de grottes. Vous pouvez certes �chouer sur une plage de sable, mais g�n�ralement elles sont enclav�es et d�acc�s extr�mement difficile. Il faut se pr�parer � tout��
Le jeune �tait satisfait par la r�ponse, mais un autre, pas du tout rassur� par l�int�r�t excessif que portait Karim � la Sardaigne, lui posa cette question : �Comment sais-tu tout cela ?
- Je me suis document� beaucoup au cours des derniers jours. J�ai trouv� un guide chez un bouquiniste. Il est un peu vieux mais l�essentiel y est. Il y a tout sur la g�ographie, le climat, la bouffe, les us et coutumes, les moyens de transport, etc.
- On peut travailler dans l��le ou faut-il aller en Italie ? demanda un troisi�me
- Il est possible de d�nicher un petit boulot dans l�agriculture locale. De nombreux fermiers pr�f�rent engager les clandestins car cela leur co�te moins cher. Mais les p�riodes sont limit�es aux grandes campagnes agricoles, r�pondit Karim.
- Moi j�irai sur le continent. Cette �le ne me dit rien qui vaille. Si nous y allons, c�est parce que c�est le coin d�Europe le plus proche de nous ; c�est un simple passage oblig�, intervint le m�me gars qui voulait en savoir plus sur la bouffe.
- La Sardaigne est une �le situ�e au c�ur de la M�diterran�e occidentale et � une demi-journ�e de barque de chez nous. Vous ne serez pas d�pays�s question bouffe : il y a des plats typiques italiens, mais il y a aussi des recettes qui ressemblent aux n�tres, avec les m�mes produits et les m�mes saveurs. Je vais vous surprendre en vous disant qu�il existe m�me un couscous local appel� la Fregula. Ce sont des boules de semoule faites � la main comme chez nous. La seule diff�rence est dans la mani�re de les cuire puisqu�elles sont grill�es au four. Vous ne serez pas d�pays�s par la cuisine sarde et vous ne serez pas g�n�s en r�clamant plus de pain : les Sardes eux-m�mes en consomment beaucoup ! �Il y a une tr�s grande ressemblance entre le peuple sarde et le n�tre. Avec plus de mille huit cents kilom�tres de fa�ade maritime, on n�y trouve pas de grandes traditions culinaires � base de poisson, comme chez nous ! Nos deux peuples tournent le dos � la mer !� Les jeunes s��taient mis � r�ver � cette �le si proche, et pourtant si lointaine. Tous �taient rassur�s par les paroles prononc�es par Karim. Mais, au fond d�eux-m�mes, une seule question, qu�ils n�osaient pas poser, trottait : �Les filles sont-elles gentilles et belles ?� Apr�s quelques moments de silence, Karim �tonna tout le monde en d�clarant qu�il voulait �tre de la partie. Les jeunes, surpris, se lev�rent et l�un d�eux manifesta son courroux : �Il fallait nous le dire plus t�t, cher papa. Fallait pas nous sortir le grand cours de g�ographie ! Pourquoi tourner autour du pot ?� Celui qui venait de parler �tait le chef. On l�appelait Rambo � cause de la carrure qu�il se payait. Michigan intervint en faveur du vieux : �O� est le probl�me, Rambo ? Ne cherchions-nous pas, justement, deux autres candidats ?
- Ce n�est pas la question. Un type aussi �g�, on n�a jamais vu cela dans l�histoire de l��migration clandestine. Tiendra-t-il le coup ? S�il lui arrive un p�pin, nous serons tra�n�s devant la justice��
Soussou, un gars malingre portant de grosses lunettes qui rendaient ses yeux tr�s petits, prit aussit�t la parole : �Moi, avant tout, je voudrais conna�tre les raisons qui poussent ce vieux � partir. C�est pas normal du tout ! Les jeunes, d�accord, mais quelqu�un de ton �ge, �a, je ne le gobe pas du tout. Que vas-tu faire l�-bas ? Nous, on est pr�ts � faire n�importe quoi, pourvu qu�on quitte ce foutu bled. Nettoyer les chiottes ou prendre des quintaux de bl� sur nos �paules, suer dans les champs sous le soleil ou bosser nuit et jour, on est pr�ts � tout �a pour gagner notre vie, mais toi, peux-tu faire tout cela ? Si tu restes avec nous, tu seras une charge inutile... � Il fut interrompu par Pierrot le Fou, l�intellectuel de la bande : �Absolument, c�est pas normal du tout ! Peut-�tre m�me qu�il a quelque chose � se reprocher. Voil� pourquoi il tente de fuir. Moi, je ne l�ai jamais vu ici ! D�o� vient-il et que fait-il chaque nuit sur cette plage ? C�est peut-�tre un criminel et il va nous attirer des ennuis. Peut-�tre que c�est un sale voleur qui a piqu� l�argent dans les caisses du peuple. Peut-�tre que c�est un chef terroriste recherch� !�
M. F.
P. S. : tir� du roman �Le r�ve sarde� en cours d�impression


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