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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
L�histoire de Messaouda Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 11 - 2007

L�autre jour, en repassant devant l��tal surcharg� de filets de pommes de terre c�d�es � 40 dinars le kilogramme, j�eus une pens�e �mue pour toutes les copines de B�atrice (*) bouff�es par les gosses. Je ne suis pas un grand amateur de pommes de terre, mais les enfants, je vous dis pas ! Ils ont fait la f�te aux Canadiennes en les mangeant � toutes les sauces, avec une pr�f�rence pour les frites.
J�avais beau souligner que ces patates �taient destin�es aux cochons, je pr�chais dans le d�sert. Comme il ne s�est rien pass� depuis, question sant�, je me suis donc d�cid� � prendre un autre filet de 10 kilos. Je dis au vendeur que les pommes de terre canadiennes �taient bonnes et que j�en voulais encore. Il me r�pondit tout de go qu�il n�avait que des alg�riennes venues tout droit de l�ouest. Il me les montra. C��taient de belles patates couleur lilas, bien en chair et tr�s propres par rapport aux canadiennes que j�avais achet�es il y a quinze jours. Je pris le filet et filai vers ma destination, � cinquante bornes d�ici. Je ne sais pas si les pommes de terre sont timides de naissance ou si on leur apprend � le devenir dans les champs, mais les alg�riennes sont, sur ce plan-l�, pareilles aux canadiennes. Aucune n�a os� me parler en pr�sence des autres membres de ma famille. C�est donc au moment o� je me trouvais seul dans l�appartement que l�une d�elles m�interpella : �Salut, vous �tes un Alg�rien heureux :
- Mais pourquoi donc ? r�pondis- je sans surprise. Il faut vous dire que les pommes de terre qui parlent n��taient plus une curiosit� pour moi. La patate, s�attendant certainement � ce que je m��vanouisse ou que je jette le filet du quatri�me �tage, en resta �bahie :
- Vous n��tes pas surpris, �tonn�, ahuri, abasourdi ?
- Par quoi ?
- Vous en connaissez beaucoup des patates qui parlent ?
- Oui, j�ai connu B�atrice ! Elle en resta bouche b�e. Apr�s la surprise, elle osa une autre question qui trahissait sa curiosit� :
- Qui c�est ? - Une canadienne. Elle �tait l� � votre place il y a quinze jours et elle m�a beaucoup appris sur les importations de patates.
- Et o� est-elle donc ?
- Quelle question ? Je ne sais plus o� elle est ni comment elle a �t� cuisin�e et mang�e, mais je sais qu�elle n�est plus l� !
- C�est vrai que nous sommes toutes destin�es � �tre mang�es. Les plus veinardes sont accompagn�es de viandes et de poissons d�licieux, servies dans des porcelaines de luxe. Celles qui n�ont pas de chance finissent dans un rago�t sans g�nie ou sur la table d�un vulgaire gargotier de souk ! Elle �tait belle B�atrice ?
- Mon Dieu, c��tait une horreur ! Caboss�e de tous les c�t�s, elle avait des entailles noires tr�s profondes et m�me des tubercules qui poussaient dans tous les sens !
- Et moi ?
- Vous �tes l�une des plus belles patates que j�ai vues � ce jour. Lignes parfaites, bronzage avec un l�ger h�le qui vous donne des airs de d�esse des �les. Et puis vous �tes n�e chez nous !
- Je suis cot�e en dinars alors que l�esp�ce de monstre nomm�e B�atrice a �t� achet�e en devises ! Tu parles d�une politique ! Des devises fortes, avec des taxes � l�importation nulles et de gros frais de transport, tout �a pour ramener chez nous une mochet� ratatin�e ! J�en suis jalouse !
- Vous venez d�o� exactement ?
- Je suis de la terre de votre anc�tre courageux et t�m�raire, homme de culture et de combat qui fut aussi un �mir �l�gant et respect�. Je viens des terres de l��mir Abdelkader. Je suis de Mascara, terre des braves qui a toujours donn� aux diff�rentes luttes lib�ratrices des h�ros connus ou anonymes dont je suis fi�re, moi la petite patate. Je suis de ce pays o� les matins sont une chanson, quand la ros�e laisse sur les feuillages l��tincelante lumi�re des aubes immacul�es, quand la terre s��tire et tire � l�ouest les derniers lambeaux de la nuit, pour s�ouvrir aux vents des plaines hautes et sublimes, quand les montagnes, d�apparence �plor�es, rugissent comme des lions pour dire leur in�branlable foi en cette lumi�re que les lilliputiens ne voient pas et qui est celle de la r�volution !
- �a alors ! Une patate po�tesse ! Je suis fier d��tre du m�me pays que vous, m�me s�il est certain que vous finirez dans mon ventre. Vous savez, � vous entendre parler, vous avez fait resurgir des souvenirs imp�rissables. J�en ai connu des Mascar�ens et ils sont tous comme vous dites : des hommes fiers et debout qui font ce qu�ils disent et qui ne reculent pas devant l�adversit�.
- Peu importe si je finis dans votre estomac ou dans celui d�un autre. Je sais que j�ai fait mon devoir. J�ai v�cu ma vie comme il se doit. J��tais un tubercule et pas n�importe lequel : un tubercule du terroir, provenant d�essais longs et difficiles effectu�s dans un institut local, du temps o� les dirigeants n�avaient pas tendance � recourir � l�importation pour n�importe quoi, du temps o� une v�ritable strat�gie agricole avait d�sign� Mascara comme un centre capital de production de pommes de terre. Je suis une descendante de cette lign�e d�alg�riennes qui ne m�ritent pas d��tre ridiculis�es comme �a ! Nous avons �t� st�rilis�es par un stratag�me imagin� par la mafia de l�import-import ! Ils ne veulent pas laisser l�agriculture se d�velopper parce que cela mettrait un terme aux contrats juteux qu�ils tirent de l�importation de produits agricoles. Nous sommes les plus importants importateurs de bl�, de sucre, de lait, et, bient�t, de pommes de terre ! J�en ai marre de me faire ridiculiser par ces horreurs venues d�ailleurs et qui sont normalement destin�es aux porcs ! Moi la fi�re de Mascara prendre le m�me transport que ces moins que rien, c�est une honte ! Je ne suis pas raciste, mais moi je suis faite pour �tre mang�e par les humains et non par les �khanazir� ! Y a latif !
- Vous vous appelez comment ?
- Je suis Messaouda de Hacine.
- Enchant� Messaouda ! Vous savez ce que je vais faire. Je vais vous planter dans mon jardin au bled. Ici, dans la grande ville, je vis dans un immeuble et �a me g�nerait de vous mettre dans un balcon ou � la terrasse. L�-bas, �a ressemble � Mascara, c�est le m�me paysage et la ros�e du matin donnera les m�mes lueurs �tincelantes � votre feuillage. Et puis, au fond, que vous viviez � l�est, au sud, au centre ou dans votre ouest natal, vous respirerez le m�me air de notre belle Alg�rie et vous vous �panouirez dans la m�me terre. Ainsi, vous pourrez nous donner beaucoup de petits et nous ferons tout pour qu�ils croissent et prosp�rent afin que les assiettes des Alg�riens ne soient plus d�shonor�es de la sorte par les mafiosi des quais.
Vous savez, j�ai connu Mascara et les Mascar�ens et toutes ces sornettes qu�on raconte sur vous sont une invention pure et simple de ceux qui veulent nous ridiculiser, les hommes et les patates, parce que nous avons des origines paysannes. Etes-vous d�accord ?
- Oui. Quant � l�id�e de m�enfouir dans vos terres, c�est le plus beau cadeau ! On sonne � la porte. Tirez-moi du filet vite sinon je vais �tre rapidement transform�e en frites et adieu le beau r�ve de la lign�e mascar�enne sem�e en terre numide.
M. F.
(*) Voir chronique �L�histoire de B�atrice�, Le Soir d�Alg�rie, du 1er novembre 2007.


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