L'ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif est arriv� hier � Lahore, dans l'est du Pakistan, sept ans apr�s avoir �t� contraint � l'exil par l'actuel pr�sident Pervez Musharraf, et � moins de deux mois des �lections l�gislatives dans un pays en crise et sous �tat d'urgence. M. Sharif, l'un des principaux dirigeants de l'opposition, �vinc� du pouvoir il y a huit ans par un coup d'Etat men� par l'actuel pr�sident Pervez Musharraf, est arriv� d'Arabie saoudite, o� il vivait, � bord d'un avion pr�t� par le roi Abdallah. Les autorit�s ont laiss� entendre qu'il ne serait pas emp�ch� de rentrer cette fois. Le 10 septembre, il avait tent� un premier retour mais avait �t� expuls� en direction de l'Arabie saoudite quelques heures apr�s son atterrissage. Des milliers de partisans l'attendaient depuis samedi soir en dansant et chantant dans les rues de Lahore, alors que cette m�galopole de 10 millions d'habitants et fief politique de M. Sharif a �t� plac�e sous tr�s haute surveillance dans la crainte d'attentats. Le pays est en proie depuis quatre mois � une vague sans pr�c�dent d'attaques suicides commises par les islamistes proches d'Al-Qa�da. M. Sharif a dirig� le gouvernement de la R�publique islamique du Pakistan, une puissance nucl�aire de 160 millions d'habitants, � deux reprises, de 1990 � 1993 et de 1996 � 1999 avant d'�tre chass� du pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang men� par son chef d'�tatmajor des arm�es, le g�n�ral Musharraf. Il rentre au pays � moins de deux mois des �lections l�gislatives, annonc�es pour le 8 janvier, et au moment o� l'opposition tente de s'unir pour exiger, � l'unisson de la communaut� internationale, que le g�n�ral Musharraf l�ve l'�tat d'urgence d�cr�t� le 3 novembre. Alors que le doute plane sur l'attitude de M. Sharif concernant un �ventuel appel � boycotter le scrutin s'il doit se d�rouler sous le r�gime de cette loi d'exception, son ancienne rivale des ann�es 1990, l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, rentr�e d'exil, elle, le 18 octobre dernier, a pr�sent� dimanche sa candidature pour les l�gislatives dans une circonscription de Karachi (sud). Mme Bhutto avait toutefois autoris� jeudi son parti � pr�senter des candidatures avant lundi, la date butoir, tout en se r�servant le droit de les retirer. M. Sharif s'est prononc�, lui, pour un boycottage, mais attend �galement une d�cision des autres formations de l'opposition. Un conseiller du pr�sident Musharraf a toutefois assur� qu'il avait conclu un "accord" avec le chef de l'Etat avant de rentrer d'exil, ce qu'a ni� le camp Sharif. L'ex- Premier ministre devait faire dimanche soir le trajet entre l'a�roport et son domicile, soit pr�s de 40 km, � bord d'une voiture blind�e offerte par le roi Abdallah, et quelque 6.000 policiers ont �t� d�ploy�s pour assurer la s�curit�. Une vague sans pr�c�dent d'attentats a fait plus de 450 morts depuis quatre mois dans le pays. C'est d'ailleurs, il y a un peu plus d'un mois, � l'occasion du retour de huit ann�es d'exil de Mme Bhutto, que le plus meurtrier de l'histoire du pays avait �t� commis: un double attentat � la bombe avait fait 139 morts et plus de 300 bless�s, parmi la foule de ses partisans qui d�filaient pour l'accueillir � Karachi. Moins de deux ans apr�s le coup d'Etat du 12 octobre 1999, M. Sharif, condamn� � la prison � vie pour corruption et d�tournement de fonds publics, signait en d�cembre 2000 avec le gouvernement Musharraf un accord qui lui permettait de s'exiler en Arabie saoudite pendant dix ans, en s'engageant � n'y exercer aucune activit� politique.