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« La violence a jalonné l'histoire humaine » Abbas Mohamed Mounir, psychologue, directeur de la santé publique au niveau de l'EPSP de Berrouaghia de Médéa à La Nouvelle République :
«La violence, fatalité de l'histoire humaine ou fléau contemporain ?» – Question sur laquelle se sont penchés de nombreux spécialistes, problème auquel a été consacrée une multitude d'études mais sur lequel aucun éclairage satisfaisant, aucune réponse appropriée, aucune solution efficace n'ont été apportés ». La Nouvelle République : La violence est-elle inhérente à l'espèce humaine, est-elle née avec ses premiers représentants en tant que condition nécessaire à sa survie et à sa pérennité, ou bien, est-elle le mal du siècle ? Abbas Mohamed Mounir : Le seul commun à toutes ces conceptions disparates, voire antithétiques, c'est l'impossibilité de tenir en échec la violence, et ce malgré les progrès scientifiques réalisés dans le domaine des sciences sociales. Née à l'aube de l'humanité, elle a jalonné l'histoire humaine, et peut-être s'impose-t-elle de plus en plus. Paradoxe et défi, la violence envahit la trame de la vie quotidienne, tantôt convulsivement tantôt sur un mode latent à tel point qu'on ne compte plus le nombre de spécialistes et d'agents mis à contribution pour juguler la violence. Mais la violence, quel que soit le caractère multiforme de ses aspects, est toujours saisie comme une atteinte à l'intégrité physique, aux intérêts vitaux matériels et moraux d'autrui, elle est ce qui menace, maltraite ou détruit que ce sont concrètement dans sa matérialité, c'est-à-dire dans l'expérience tangible des faits de la violence, elle doit être répétée dans tout ce qui est scandale à l'ordre établi, aux respects des prescriptions des autorités. La transgression des lois est dans cette perspective, beaucoup plus dangereuse, que l'acte violent le plus odieux soit-il, car elle introduit le non social au sein même du social, défini comme un ensemble de conduites conformes, établies en fonction d'un certain ordre et acceptées par l'ensemble des citoyens en échange de certains droits fournis par la société comme disait Oscar Wilde : « Quiconque connaît l'histoire sait que la désobéissance est la vertu originale de l'homme ». Chaque sujet posséderait un « quotidien » d'agression auquel il renoncerait par son intériorisation des automatismes ritualisés de la vie sociale. Ce renoncement constituerait un sacrifice naturel de l'individu à la société qui en échange assurerait et satisferait les besoins sociaux de chaque citoyen. Par ce mécanisme de sublimation, l'agression instinctuelle va être détournée de ses buts et dirigée de manière à être productive, rentable et utile pour la société en général. Que se passe-t-il donc quand on assiste à un brutal déferlement, à une explosion massive de la violence ? – Derrière cette question se trouve camouflé le désir et le besoin d'être rassuré par la délimitation d'une étiologie précise du comportement violent afin de l'écraser définitivement et de la mettre dans l'impossibilité de se manifester. Or, l'origine de la violence est, nous le verrons, plurifactorielle. Elle met en jeu des facteurs du système nerveux central, des influences psychologiques et des modèles sociaux.