Ce matin, � Alger, pour la premi�re fois depuis longtemps, tr�s longtemps, des lyc�ens observeront une gr�ve. Elle ne sera probablement pas g�n�rale car certains d�entre eux ont annonc� qu�ils ob�iront aux ordres des parents de rejoindre leurs classes mais elle sera. SMS et messages e-mail ont consid�rablement raccourci les d�lais de prise de la d�cision et d�accord sur le jour. Mais, � paradoxe, l�argument qui a le plus pes� sur la d�cision d�entreprendre une gr�ve est l�interdiction des marches. Explication compliqu�e ? Certainement ! Puisqu�ils ne peuvent organiser une marche faute d�un syndicat agr��, les lyc�ens d�cident de faire gr�ve ! Sans organisation agr��e ? Bien s�r et sans organisation du tout, la gr�ve �tant, apparemment, pour eux, un droit plus imm�diat que la manifestation. Pourtant, le minist�re par le biais d�un communiqu� incompr�hensible a essay� de d�samorcer la crise : les sujets du bac seront tir�s des seuls programmes effectivement enseign�s en cours d�ann�e. Quelle performance ! Et comment le minist�re pourrait-il recenser les programmes effectivement enseign�s dans l��tat actuel de son syst�me d�information ? Il ne peut pas savoir ce qui a �t� effectivement enseign� dans un lyc�e de Oum- El-Bouaghi ou dans un autre � Laghouat. Impossible ! Le mieux aurait �t� de r�pondre franchement aux demandes des lyc�ens, r�unir une cellule d�urgence et all�ger les programmes de ce qui peut l��tre. Cette r�action de crainte plus qu�une r�action de dialogue et de compr�hension place le minist�re en position de d�fense. Il reconna�t, de fait, le caract�re d�mentiel des programmes qu�il a adopt�s (sur quelles bases et dans quels buts ?) Apr�s la gr�ve, commentateurs, chroniqueurs et responsables pourront nous proposer des grilles de lecture sur la productivit� sociale des gr�ves comme nous en avons lu sur celle du 15 janvier, dans le style : belle gr�ve mais inutile car elle ne fera pas bouger les autorit�s et si elles bougent elles le feront avec l�UGTA qui en tirera les b�n�fices. Voil� une vraie gr�ve, conduite par de vrais travailleurs pour de vrais probl�mes de salaire r�duite au n�ant social au pr�texte des capacit�s man�uvri�res du pouvoir alors qu�elle annonce, au-del� des questions salariales, un authentique �veil social et une sortie, encore timide certes, de l�h�b�tude o� nous a plong�s le matraquage identitaire et la n�gation des appartenances sociales. La gr�ve des lyc�ens marquera-t-elle un tel tournant ? Ce n�est pas s�r du tout en l�absence de rep�res qui leur permettent de passer de la lutte pour un but imm�diat � la r�ussite au bac � � la compr�hension des liens intimes entre les orientations du pouvoir et la condition qui leur est faite, qui est faite � l��cole, � l�universit�, aux ma�tres et aux �l�ves, aux enseignants et aux �tudiants. Ce n�est pas s�r du tout en l�absence d�une organisation lyc�enne mais elle peut, apr�s la gr�ve dans la sant� et dans l��ducation, signaler que de vraies questions de soci�t� �mergent difficilement. Imposer le d�bat sur ces questions n�est plus du seul ressort des ma�tres et des �l�ves en gr�ve.