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Ouyahia-UGTA : Le mariage d'intérêt
Le gouvernement et la centrale en guerre contre les syndicats autonomes
Publié dans Liberté le 10 - 11 - 2003

Le CNAPEST a réagi, hier, au refus d'agrément du ministère du travail
Vers une année blanche ?
La décision adoptée par le gouvernement ne fait que durcir le mouvement de protestation des enseignants et conduit à une impasse durable.
Le gouvernement a refusé de reconnaître le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), sous prétexte que le dossier d'ensemble de ce conseil contient des dispositions en contradiction avec la loi 90-02 du 6 février 1990, relative au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice des droits syndicaux de la loi 90-14 du 2 juin 1990. Cette dernière porte, notamment, sur les dispositions des articles 36, 76 et 77 du projet de statuts du Cnapest.
Cette information a été annoncée avant-hier par le département des relations de travail du ministère.
En réponse à la décision du ministère, le secrétaire général du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a organisé une conférence de presse, hier, au siège du CNES. “Nous ne comprenons pas cette décision ni l'argument qui a été donné par le ministère. Nous avons déposé, le 29 avril 2003, auprès des services du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, un dossier de déclaration de constitution d'une organisation syndicale autonome, le ministère a relevé des observations qui ont été apportées. Celui-ci nous a demandé, pour la deuxième fois, de faire des rectifications dans le dossier que nous avons introduit. Il aurait pu nous mettre sous réserve au lieu de refuser notre dossier”, déclare M. Méziane Mériane. Il ajoute : “Ce verdict vise à interdire le pluralisme syndical. Je tiens à déclarer que le Cnapest est un syndicat non politique qui œuvre pour l'amélioration du statut socioprofessionnel de l'enseignant du secondaire.”
Ce dernier précise que ce refus d'autorisation est considéré comme une atteinte aux libertés syndicales en Algérie et une violation de la convention de l'Organisation internationale du travail (OIT) de 1948 et des dispositions du règlement du Bureau international du travail (BIT) ratifié le 19 octobre 1962.
“Nous craignons une sortie diabolique à la crise… et la voilà. Nous ne baisserons pas les bras jusqu'à l'aboutissement de nos revendications, même s'il faut activer en tant que collectif d'enseignants. Nous allons saisir la justice, elle sera plus apte à trancher ce conflit”, atteste le responsable du Cnapest.
Concernant la grève de la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE), M. Mériane l'a qualifiée “d'une grève folklorique” destinée à étouffer la protestation des enseignants qui prend de l'ampleur, sachant que les collègues des cycles moyen et primaire préparent une grève dans le cadre d'un syndicat autonome (Conseil national des professeurs de l'enseignement moyen et primaire). “La Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE) veut garder le monopole de l'unique syndicat des enseignants pour conserver le privilège de la gestion sociale. Cette époque est révolue, la FNTE ne représente même pas 20% des enseignants grévistes. Elle ne se soucie pas des revendications des contestataires”, conclut-il.
Le rejet du dossier du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) confirme le refus total du gouvernement d'entamer le dialogue avec les enseignants protestataires. Une situation de blocage qui risque de conduire vers une année blanche.
Nabila Afroun
Méziane Mériane, SG du CNAPEST, à Liberté
“C'est à la justice de trancher”
Le secrétaire général du Cnapest estime dans cet entretien que le refus d'agrément de son syndicat révèle la crainte des barons de l'UGTA face aux organisations autonomes.
Liberté : Quand le ministère du travail vous a-t-il notifié le refus de l'agrément et quels ont été ses arguments ?
M. Méziane Mériane : J'ai reçu, samedi, un coup de téléphone du ministère du Travail, vers 14 heures, me demandant de me présenter en toute urgence pour retirer un pli, chose qui ne s'est jamais produite auparavant. Résidant loin d'Alger, j'ai confié la tâche à un ami avec la permission de prendre connaissance du contenu et de me le communiquer. à notre grande stupéfaction, le département en question nous notifie le refus de délivrer un récépissé d'enregistrement, ce qui est en violation flagrante de la loi. Si nous ne sommes pas conformes à la loi 90-14, comme ils le prétendent, c'est à la justice et à elle seule de trancher la légalité ou l'illégalité de notre dossier. Mais, avant d'en arriver là, ils sont tenus de nous délivrer ce document (récépissé). Ils ont le droit, à la limite, de nous demander de rectifier certaines anomalies, comme ils l'ont fait depuis le dépôt du dossier en avril dernier. Or, c'est le refus catégorique. C'est là un revirement pour le moins curieux, mais nous restons optimistes, car, visiblement, c'est le dernier soubresaut d'un ministère agonisant. Un département qui nous demande de respecter la législation alors qu'il ne fait que la piétiner. à titre d'exemple, il n'a pas respecté le délai de réponse qui ne doit pas excéder 30 jours et ce, quel que soit le dépôt premier, deuxième ou autre. Les textes le disent et le juriste Me Bali, auteur du livre Législation du travail, l'a réaffirmé lors d'une conférence à ce propos.
Par ailleurs, ils nous reprochent, aujourd'hui, certains articles inhérents au projet de statut et d'autres qui figuraient déjà dans le premier dépôt. Pourquoi attendre aujourd'hui pour nous les sortir, si ce n'est pas pour justifier l'injustifiable ! Ce qu'ils peuvent faire, selon la législation, c'est d'émettre des réserves jusqu'à leur épuisement. En termes plus clairs, et n'importe quel juriste vous le confirmera, on ne notifie pas un refus d'enregistrement. On ne peut notifier que le refus du dossier et ce, après une décision de justice.
S'agit-il selon vous, d'une décision politique qui vise à vous éloigner et à privilégier la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE) comme seul interlocuteur ?
Lorsque le patron de la Centrale syndicale est sorti de sa rencontre avec le Chef du gouvernement, il a déclaré : “le Premier ministre reconnaît la légitimité des revendications des enseignants”, et il a ajouté : “Je ne suis ni négociateur ni médiateur.” Avec ce qui vient d'arriver, tout se précise. Leur objectif est d'empêcher coûte que coûte l'émergence de syndicats autonomes qui sont un réel danger non pas pour la Centrale syndicale, mais plutôt pour les barons de l'UGTA. Ces derniers sont en train de s'agiter et d'activer pour protéger les privilèges que leur procure la gestion des œuvres sociales. Si cette organisation se vide de sa substance, elle perdra la gestion des œuvres sociales qui va revenir de facto au syndicat qui totalise un nombre égal ou supérieur à 20% des adhérents, comme c'est le cas du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest).
L'UGTA vous accuse d'avoir une base slamiste. Quel est votre commentaire à ce sujet ?
Ce n'est pas la première fois que nous entendons cela et nous continuons à faire la sourde oreille, car cela relève de la pure fabulation. Nous n'avons pas une base islamiste.
Nous avons des professeurs de l'enseignement secondaire (PES) qui viennent de toute l'Algérie. On compte parmi eux des démocrates, des républicains, des laïcs et des islamistes aussi. Pour faire la part des choses et éviter d'éventuels dérapages, nous nous nous sommes interdit tout usage de la politique.
Accuser, aujourd'hui, le Cnapest d'avoir une base islamiste ne fait que confirmer cette volonté de vouloir à tout prix détruire cette dynamique qui vient de la base. Il ne faut pas perdre de vue que c'est pour la première fois, en Algérie, que la décision revient à la base.
Maintenant que vous êtes mis devant le fait accompli, que comptez-vous faire ?
La décision-“sentence” du ministère du Travail a vite fait le tour de nos syndiqués qui ne sont que plus déterminés à aller jusqu'au bout, quels que soient les sacrifices.
Nous allons d'ailleurs ester en justice le département de Louh pour “abus de pouvoir” et saisir le Bureau international du travail (BIT), surtout que l'Algérie a ratifié la convention de cet organisme international au lendemain même de notre indépendance en 1962.
Il est quand même déplorable d'en arriver là ! Ils ne nous laissent pas le choix. Mais pour le moment, porter la protesta dans la rue n'est pas envisageable. La base, encore et toujours, le déterminera.
Propos recueillis par
Nabila Saïdoun
Tayeb Louh à la rescousse de boubekeur Benbouzid
Cabale contre les syndicats autonomes
Le ministre du Travail a refusé d'avaliser la demande d'agrément, pourtant déposée il y a plus de six mois. Une interdiction qui fait bien les affaires de son collègue de l'Education... et de l'UGTA.
Il est dit que les syndicats autonomes n'auront pas leur place au soleil dans notre pays. Nos dirigeants ne sont pas du tout disposés à reconnaître une quelconque organisation syndicale qui risque de disputer à l'UGTA sa prépondérance et son monopole de l'action syndicale. Le cas du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et du Conseil des lycées d'Alger (CLA) est édifiant. Alors que ces deux syndicats ont pratiquement paralysé tous les lycées du pays, les pouvoirs publics refusent de prendre langue avec eux et s'entêtent dans leur fuite en avant en multipliant manœuvres, vagues promesses et faux appels au dialogue.
En effet, depuis le lancement de ce mouvement de grève, le ministre de l'éducation nationale, Boubekeur Benbouzid, s'est toujours tenu à la politique du bâton et de la carotte, en alternant menaces et appels aux dialogue.
Mais au lieu de prendre langue avec les initiateurs du mouvement du débrayage, Benbouzid a d'abord préféré parler avec des organisations dites légales, qui n'y sont même pas partie prenante. Les résultats de son initiative sont un monumental fiasco. Il essuiera des reproches de toute part et les enseignants ont tout bonnement ignoré son appel à rejoindre les bancs des lycées. N'empêche, Benbouzid refuse d'entendre raison et s'est dit prêt à recevoir les enseignants grévistes à titre individuel, mais jamais en tant que syndicalistes. Son seul et unique argument est que les deux organisations syndicales qui mènent la grève sont “illégales”. Argument pas du tout solide, puisque ces syndicats “illégaux” ont eu la reconnaissance du terrain en réussissant dans leur mouvement. Benbouzid, plus que jamais dos au mur, l'appendice de l'UGTA, c'est-à-dire la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE), met son grain de sel en décidant de déclencher lui aussi une grève. Certains ont vu dans cette adhésion tardive de la FNTE au mouvement un noyautage, une manœuvre fomentée par le gouvernement et la Centrale syndicale pour étouffer dans l'œuf la grogne des enseignants. Dans un entretien accordé à La Dépêche de Kabylie, Abdelkader Malki, secrétaire national chargé des relations générales, a affirmé : “La Centrale pense que leur mouvement est beaucoup plus politique que social. Elle (la grève, ndlr) est déclenchée (éventuellement) pour bloquer et casser la réforme de l'éducation nationale”. Bien plus, il a qualifié leurs revendications d'“irrationnelles” qui “ne seront jamais satisfaites”. Pourquoi ? Parce que, pour le responsable de l'UGTA, “l'Etat ne peut donner que ce qu'il a dans les caisses”. à croire que c'est le porte-parole du gouvernement qui parle et non un syndicaliste. Passons.
Comme pour apporter l'eau au moulin du département de l'éducation, en appuyant quelque peu son argumentaire basé essentiellement sur l'illégalité des syndicats initiateurs de la grève, le ministère du travail et de la sécurité sociale a mis du sien en signifiant au Cnapest son interdiction.
Décision qui intervient plus de 6 mois après le dépôt par cette organisation de son dossier d'agrément. Décision qui intervient aussi au lendemain du brusque réveil de la FNTE qui a appelé à une grève pour la semaine prochaine. Tout se passe comme si le gouvernement et la Centrale syndicale ont passé un accord. Amener la FNTE à rejoindre la grève pour servir d'interlocuteur valable à un dialogue avec le gouvernement qui semble prêt à lâcher du lest. La FNTE en tirera les dividendes politiques en inscrivant à son seul actif les acquis “arrachés” au gouvernement. Elle se débarrassera de ses deux sérieux rivaux qui commencent à lui donner du fil à retordre et à lui disputer sérieusement sa base.
Le gouvernement, pour sa part, aura la paix en en finissant avec une grève qui aura trop duré. Contrairement à ce qu'a avancé Abdelkader Malki, ce n'est pas le mouvement qui est politique, mais plutôt sa gestion par les autorités.
Arab Chih
Il ne donne aucune explication sur le refus
Les faux-fuyants de Tayeb Louh
Le département du Travail brandit la loi 90-14 sans préciser les dispositions avec lesquelles le Cnapest n'est pas conforme.
“Dans les conditions actuelles, il y a des réserves pour la délivrance du récépissé d'enregistrement au Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest)”, décrète M. Belhcène, directeur des relations de travail au ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Pour autant, notre interlocuteur reste très évasif sur les motifs exacts qui ont conduit sa tutelle à refuser de délivrer l'agrément au syndicat autonome. Contacté hier, au lendemain de la publication de la décision ministérielle, notre interlocuteur se contente de reprendre les termes du communiqué paru dans la presse. Il cite à cet égard la loi 90-14 du code du travail — en date du 2 juin 1990 et relative au droit de l'exercice syndical – mais se retient de spécifier les dispositions avec lesquelles le Cnapest n'est pas conforme. “Les réserves que nous avons formulées sont liées au fonctionnement des instances de cette organisation”, souligne M. Belhcène. À ce propos, il soutient qu'à maintes reprises, le ministère a attiré l'attention des dirigeants du Cnapest pour corriger leurs statuts, sans résultat. “Ils ne veulent pas”, tonne le cadre ministériel sans plus de précision. Pourtant, une explication s'impose. En statuant maintenant sur l'affaire du Cnapest, six mois après le dépôt du dossier, le département de Tayeb Louh se fait là l'initiateur d'une mesure très suspecte. En effet, cette décision intervient au moment où l'organisation de Méziane Mériane paralyse les établissements secondaires au niveau de 32 wilayas. Elle coïncide, également, avec le préavis de grève déposé par la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE) affiliée à l'UGTA pour la semaine prochaine. Incontestablement, les pouvoirs publics se sont servis de la loi pour se débarrasser du Cnapest, trop menaçant pour la paix sociale. En revanche, un tel procédé permet de propulser la FNTE, plus docile à la tête du mouvement de contestation et la présenter comme seul partenaire social valable. D'ailleurs, d'aucuns ont remarqué le changement de ton du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui, après avoir qualifié la grève initiée par le Cnapest et le CLA (Conseil des lycées d'Alger) de coquetterie et ordonné les mesures de rétorsion contre les enseignants grévistes, se dit disposé au dialogue. Mieux, il considère les revendications des enseignants comme légitimes. C'est en tout cas le discours qu'il a tenu lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l'UGTA Abdelmadjid Sidi Saïd, mercredi dernier. De toute façon, c'est son seul interlocuteur. Le même jour, le ministre de l'éducation nationale, Boubekeur Benbouzid, a brandi de nouveau le prétexte juridique pour refuser de recevoir les syndicats autonomes. Renseignés par les arrière-pensées d'un tel rigorisme, des députés ont demandé la mise en place d'une commission parlementaire pour s'enquérir du retard mis pour traiter l'agrément du Cnapest. Le ministre Louh les a court-circuités. De toute façon, le ministre du Travail n'est pas à sa première incartade en abusant de sa prérogative pour fermer le champ à l'activité syndicale. Le mois dernier, il avait annoncé son intention de réviser la loi sur le droit de grève. Il a ensuite pesé de son poids, usé de menaces et d'intimidations pour opérer un putsch à la tête du syndicat des magistrats dont il était auparavant le président. Le syndicat a payé le prix de sa dénonciation de l'instrumentalisation de la justice dans la l'affaire du FLN.
Samia Lokmane
Etiquetage politique de la contestation
Le mauvais procès de l'UGTA
La Centrale accuse le Cla et le Cnapest de vouloir casser la réforme de l'éducation et d'être “guidés par des motifs plus politiques que syndicaux”.
Les autorités, qui n'ont pas su sur quel pied danser avec le Cnapest, un syndicat qui a réussi, pour une fois, à fédérer la majorité des professeurs de lycées, décident, de guerre lasse, d'opter pour la méthode extrême. La pire, évidemment. Avant-hier soir, la direction des relations de travail, au département de Tayeb Louh, a envoyé une correspondance à Méziane Mériane pour lui signifier un “niet Popov”, quant à l'agrément de son organisation. Le refus est, bien sûr, enrobé dans des arguties juridiques. Histoire de sauver les formes pour un gouvernement, qui en est réduit malheureusement à cela. Personne n'est dupe de ces explications tirées par les cheveux, mais tout le monde aura compris que la raison du refus est éminemment politique.
Pas question pour les autorités de reconnaître un syndicat qui ne sait pas être compréhensif, gentil, comme le fait si bien l'UGTA, qui refuse “la concurrence déloyale” en matière de complaisance.
En catimini, le département de Benbouzid a recours à la vieille recette de grand-mère de l'étiquette politique pour casser la dynamique de contestation dans les lycées. Ainsi, Redouane Osmane est présenté comme un “trotro”, nostalgique de l'agit-prop qui a l'ambition de repeindre en rouge tous les lycées de la capitale. Méziane Mériane, quant à lui, a droit à deux étiquettes. “Au centre du pays, on me présente comme un islamiste, et dans l'Algérie profonde, on nous taxe d'être un prolongement des archs”, nous disait-il, hier, amusé par tant de légèreté dans l'argumentaire des autorités. Abdelkader Malki, de la Centrale syndicale, n'en pense pas moins. Dans un entretien accordé, hier, à La Dépêche de Kabylie, il déclare : “La centrale pense que le mouvement est beaucoup plus politique que social. Il bloque l'école pour casser la réforme. La preuve, au lieu des revendications, ses animateurs exigent d'abord la reconnaissance de leur organisation. Quant à leurs revendications, l'UGTA les trouve irrationnelles”. En fait, ce tir groupé contre le Cnapest et le CLA de la part du ministère du travail, de celui de l'éducation et de l'UGTA, qui se retrouvent, paradoxalement, dans la même tranchée de “la défense des acquis de la Révolution”, nous rappelle curieusement le traitement auquel eut droit l'Unpef quand elle avait déclenché la grève illimitée.
Son président était, à l'époque, accusé de vouloir ressusciter le syndicat du FIS à travers le secteur de l'éducation. Ce syndicat a pu obtenir, entre-temps, son agrément, en acceptant de devenir politiquement correct. Et depuis, il est régulièrement convié à la table de Benbouzid, avec sa sœur jumelle, la FNTE.
À travers l'interdiction signifiée au Cnapest, il y a un message fort de la part des autorités qui ne veulent pas d'un pluralisme syndical non contrôlé, encore moins dans un secteur comme celui de l'éducation, gros pourvoyeur de troupes.
Le secteur de l'éducation a aussi la particularité de posséder un fonds des œuvres sociales conséquent. D'où la peur de voir arriver d'autres syndicats qui demanderaient des comptes sur la gestion de ce fonds qui est une véritable poule aux œufs d'or. Malheureusement, pour les élèves surtout, le refus du ministère du Travail d'agréer le Cnapest ne va pas mettre un terme à la grève. “Nous allons continuer notre combat, ce n'est pas une décision administrative qui va nous arrêter”, répliquait, hier, Méziane Mériane. Cette interdiction va, au contraire, apporter du carburant à la contestation des professeurs de lycées. Encore une autre bourde du pouvoir.
N. Sebti
Pour avoir voulu préparer une marche à Constantine
12 enseignants embarqués
Douze enseignants du secondaire ont été embarqués par la police dans la soirée de jeudi dernier. Selon l'un d'entre eux, M. B., les éléments de la surêté les ont appréhendés dans la soirée alors qu'ils étaient attablés dans un café. Une fois arrivés au commissariat central d'El-Coudiat, ils seront interrogés séparément. Ils seront mis en garde à vue pour la nuit et ne seront relâchés que le lendemain matin à 9 heures. Selon toujours la même source, la nature des soupçons qui pesaient sur le groupe d'enseignants en question aurait trait à la “préparation d'une marche”.
Plusieurs documents en leur possession leur seront confisqués. Pour la représentation du Cnapest, “ce genre d'intimidation et de pression n'altéreront en rien notre détermination à faire aboutir nos revendications”. Le rejet, par le ministère du Travail, de la demande d'accréditation de ce syndicat autonome était prévisible pour elle. “Nous nous y attendions mais notre mouvement est porté par la base et non par un document. Le jour où cette dernière décidera de surseoir à ce débrayage, il en sera ainsi”. Or le mouvement ne semble pas connaître le moindre essoufflement, bien au contraire. Il vient d'être rallié par une quarantaine de professeurs, venus de la FNTE et de l'Unpef.
Privé officiellement de son statut de syndicat, le Cnapest estimera qu'à travers cette décision, il sera aisé d'en déceler “les derniers soubresauts d'un pouvoir aux abois face à la réussite du mouvement de grève du secondaire”. Les enseignants qui ont perçu leurs salaires “sans ponction” demeurent optimistes :“Les sanctions n'ont finalement pas été appliquées, cela ouvre une brèche sur l'espoir que notre situation connaisse un prochain dénouement”. Du côté de la tutelle, la stratégie n'évoluerait pas avec la même vue d'esprit. De sources proches de la direction de l'éducation, la collecte des dossiers des titulaires de licence, pour remplacer les grévistes, aurait déjà commencé...
NAIMA DJEKHAR
SIT-IN DU SETE À BEJAIA
Un réquisitoire contre le Cnapest
En grève générale depuis mercredi dernier et ce jusqu'à aujourd'hui, le conseil de wilaya du SETE de Béjaïa a investi, hier, la rue en organisant un rassemblement devant le siège de la wilaya.
Ainsi, des centaines de travailleurs de l'éducation, notamment ceux du premier et deuxième paliers, ont répondu à l'appel.
Un meeting a été animé conjointement par le secrétaire général de wilaya du SETE, M. Bakhtouche Malek, et le secrétaire général de la FNTE, M. Ikhoulalène A. Wahab.
Succédant à l'intervention du SG de wilaya du SETE, M. Ikhoulalène Abdelouhab s'est longuement étalé sur les raisons du recours à cette grève des travailleurs de l'éducation et le compte-rendu de la bipartite et de la tripartite dont les acquis arrachés sont jugés par l'intervenant comme dérisoires.
Le fédéral de la FNTE n'a pas manqué de dresser un véritable réquisitoire contre le Cnapest cité nommément par l'intervenant. Il accuse en substance d'être à la solde du pouvoir.
“Ce sont des diviseurs de la force des travailleurs”, clame-t-il devant son assistance.
“C'est le pouvoir, ajoute-t-il, qui les a incités à créer un syndicat en leur miroitant l'augmentation des salaires du fait qu'ils ne sont pas nombreux en tant qu'enseignants du secondaire à l'échelle nationale”.
L. OUBIRA
Devant la mollesse de la FNTE
Le moyen s'organise à Tizi Ouzou
Devant la mollesse des syndicats de l'éducation, notamment la FNTE, soupçonnée d'“accointance” avec le pouvoir, les professeurs de l'enseignement moyen de la wilaya de Tizi Ouzou préfèrent faire cavalier seul en créant leur propre coordination. Selon une déclaration parvenue à notre bureau, ce mouvement ambitionne de mobiliser l'ensemble des enseignants de ce corps au niveau local. La finalité est de “démontrer que la dispersion des rangs fait le bonheur de ceux qui nous vouent aux gémonies”. Au menu de ses revendications, le comité provisoire des PEM veut remettre sur le tapis les questions relatives au versement dans les délais des salaires et autres rappels, l'élaboration d'un statut particulier ainsi que la revalorisation de leur mensualité.
Pour “inaugurer” leur mouvement de protestation, les PEM observeront aujourd'hui un important rassemblement à la direction de l'éducation de Tizi Ouzou.
Ce sit-in auquel se joigneront des collègues des autres wilayas sera l'occasion, nous dit-on, pour se concerter au sujet des actions à entreprendre pour réclamer l'amélioration des conditions socioprofessionnelles.
Dans la daïra de Bouzeguène, les PEM observent une grève de trois jours depuis samedi dernier. Une plate-forme de revendications a accompagné le préavis déposé il y a une semaine et qui comprend, entre autres, un soutien indéfectible aux revendications du Cnapest, complété par des points d'envergure nationale et ceux relatifs à la direction de l'éducation de Tizi Ouzou. “La situation dramatique dans laquelle se débattent les enseignants en général et les PEM en particulier a incité plus d'un à rejoindre le mouvement autonome à la suite de l'échec consommé du syndicat public dans ses négociations avec le pouvoir”, explique Kamel enseignant au CEM de Bouzeguène.
A. T.


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