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Khalida et les charognards...
Par Mohamed Benchicou
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 02 - 2008

Cette femme veut nous parler de son ambition pour l�Alg�rie, mais se plaint de n�inspirer que l�invective, souvent la haine et parfois, h�las, l�outrage. Son r�ve est pourtant de l�ordre des plus nobles utopies du XXe si�cle : faire de la politique par la culture ! Le r�ve d�illustres figures qui ont choisi de s�asseoir dans des gouvernements, arm�s de la culture comme seule obsession. Le projet fou d�Andr� Malraux, le sacerdoce �mouvant de Melina Mercouri, l�id�al tenace d�Aim� C�saire, le grand apostolat de Senghor.
L�aventure avort�e de Mostefa Lacheraf ! Khalida Toumi dit porter � son tour cette chim�re f�conde : faire de la politique par la culture pour faire partager l�universalit� par les Alg�riens. Faire de la politique par la culture pour r�ussir l� o� les strat�gies classiques ont �chou� : assurer la coh�sion nationale, orienter les transformations sociales, d�finir des p�les d'identification ou m�me pour en finir avec notre qu�te d�identit�. Oui, faire de la politique par la culture pour arriver � �transformer le destin en conscience�, selon la formule de Malraux, alors ministre de la Culture sous de Gaulle, Malraux charg� par la Ve R�publique de �rendre accessibles les plus grandes �uvres au plus grand nombre d�hommes�, Malraux enfin qui osa convier les hommes � regarder l'h�ritage culturel non plus comme un �ensemble d��uvres qu�ils doivent respecter� mais comme un �ensemble d��uvres qui peuvent les aider � vivre�. Alors oui, c�e�t �t� une chance pour l�Alg�rie d�chir�e que ce pari de Khalida Toumi de pr�tendre rassembler par le savoir et l�ouverture sur le monde. Une aubaine providentielle que cette audace de vouloir faire de la culture un instrument de salut collectif, dans ce pays tourment� et livr� aux fanatismes, sur cette terre disloqu�e o� chacun de nous cherche � donner un nom � sa m�re. Mais alors d�o� vient que notre ministre ait connu tant d�insucc�s dans son d�fi pourtant si brillamment formul� ? D�o� vient qu�elle soit si incomprise dans son dessein, si peu convaincante dans sa mission et, pire, si peu �pargn�e par le quolibet ? Oh, bien s�r, il y a ce vieux postulat de l�amertume : un peuple dup� sait �tre autant excessif dans la d�testation de ses anciennes idoles qu�il le fut dans leur adulation. Mais Mme Toumi devrait l�accueillir par la sagesse du proverbe kabyle : Wanna ighran i wad� ur a yalla i walim (celui qui appelle le vent ne pleure pas sur la paille). Mais il y a aussi ce r�quisitoire violent, r�current, qui accuse la dame de vouloir emprunter le costume de figures illustres sans en disposer de la carrure. Comment y faire face ? L��preuve est redoutable. Elle oblige � la r�partie intelligente et au souci de la stature. Or, voil� qu�� la lecture de sa derni�re interview � Libert�, on d�couvre que Mme Toumi ne dispose ni de l�une, ni de l�autre. Elle a choisi l�acrimonie � l�habilet� dans la r�futation, la petite pol�mique � la grandeur de son ambition. Elle aurait pu ais�ment d�monter un proc�s injuste et r�pliquer que pour partager l�obsession de Malraux, il n��tait pas indispensable d�en disposer du talent. Elle aurait pu justifier son r�ve en avan�ant qu�il ne suffirait pas de toutes les chim�res de Melina Mercouri et de Lacheraf pour d�livrer cette terre de ces cauchemars. Humilit�, sobri�t�, sinc�rit� Au lieu de cela, Khalida Toumi s�est lanc�e dans des diatribes affligeantes d�arrogance et d�animosit� qui ont d�finitivement prouv� qu�elle n�avait pas l�humble majest� des personnages qu�elle entendait imiter ni encore moins leur g�nie rh�torique ! Comment, en effet, pr�tendre convertir le souffle du verbe en force d�entra�nement quand on tient des propos si p�dants sur la culture et si acari�tres envers ses contradicteurs ? La ministre confirmait le r�quisitoire de ses d�tracteurs. Il fallait vraiment n�avoir aucune conscience de la gravit� du savoir pour s�autoriser la grandiloquence d�en parler avec tant de suffisance. Elle qui n�avait jamais cr�� une seule �uvre, s�abandonnait � des sermons solennels sur la culture, houspillant la journaliste qui l�interviewait par une apostrophe digne des Femmes savantes de Moli�re : �C�est votre vision de la culture qui fait que vous n�avez que de fausses r�ponses aux vraies questions !� Qu�aurait-elle dit si elle avait �crit la Com�die humaine ou brill� dans Topkapi ? Tel Trissotin, elle redoute le d�lit d�ignorance et s�empresse de faire �talage de ses petites et moins petites r�f�rences pour s�assurer la respectabilit� de l�auditoire. Qu�importe si l�on n�a jamais lu l�auteur, il suffit d�en apprendre une citation pour s�en revendiquer. Et qu�importe si l�on n�a jamais vu le film de Jean-Pierre Lledo : ce qu�elle en a lu dans la presse lui suffit pour d�cr�ter qu�il s�agit d�un �film r�visionniste faisant l�apologie de la colonisation�. Comment, avec autant de l�g�ret� et de gloutonnerie, esp�rer �chapper aux d�convenues de la confusion ? Etait-ce Melina Mercouri ou feu Ka�d Ahmed, cette femme qui d�non�ait les �arguments populistes communs � tous les mouvements totalitaires de la plan�te, de Hitler au FIS� et qui, quelques lignes plus loin, annon�ait triomphalement la prochaine censure du film de Jean-Pierre Lledo ? S�apercevait-elle de l�absurdit� qu�il y avait � s�apitoyer sur �tous les cr�ateurs, artistes, chanteurs, �crivains, intellectuels assassin�s par les bras arm�s du FIS� pour ensuite reprocher au directeur du Matin de s��tre exil� durant les premi�res ann�es du terrorisme ? La diatribe n��tait pas d�une grande subtilit�. D�abord parce que le reproche n�est pas aimable � l�endroit de tous ces exil�s dont la plupart sont devenus ses alli�s, cheb Khaled devant lequel elle n�a pas h�sit� � se prosterner ou le pr�sident de la R�publique qui s�est absent� durant 20 ans et dont elle dresse n�anmoins l�apologie. Ensuite parce que la lettre anonyme des cadres du minist�re de la Culture l�accusant de dilapidation de deniers publics, exigeait une r�ponse autrement plus concr�te que celle qui se bornait � accuser Le Matinde �blog du GIA� et � jeter l�opprobre sur son directeur. C�est connu, nous sommes des charognards et ce r�gime est plein de gens vertueux. Mais cette r�ponse gauche dans la bouche de Mme Toumi prend les allures navrantes d�une diversion : la ministre aurait-elle quelque chose � cacher ? Et comme pour ajouter � l�h�catombe, madame la ministre se laisse aller � un long couplet sur �la honte�, la honte de � ceux qui sont partis � par opposition au courage de �ceux qui sont rest�s�, le tout formul� avec morgue : �Pour ma part, je suis ainsi faite, j�aurai eu honte de quitter mon pays. Pour moi, la honte est le pire des sentiments, il m�est absolument insupportable.� La rh�torique est postiche, triste et consternante. Postiche parce qu�elle emprunte aux petites dissimulations, aux simulations bigotes et aux bas ergotages. Mme Toumi devrait savoir que le monde nous regarde et que ce monde-l� n�avait pas le sentiment que la honte lui �tait �insupportable� toutes les fois qu�elle d�t avaler son chapeau : fermer les yeux sur la censure de Khadra, de Sansal, de Ben Brik ; se faire citer au proc�s Khalifa pour avoir pilot� la cha�ne KTV pour le compte du DRS et qu�mand� quelques milliers de dollars aupr�s de �milliardaire escroc�� Et puis, dans l��chelle de la honte, ne vaut-il pas mieux partir d�une terre avec ses convictions que d�y rester pour mieux la trahir ? Car enfin, pourquoi ces harangues enflamm�es contre le GIA pour finir � blanchir ses chefs de leurs crimes, � l�cher les familles victimes du terrorisme en optant pour la �r�conciliation� avec leurs assassins� Tous ces mutismes, toutes ces absences ramen�s � la �honte� font penser � Robert Escarpit, un journaliste que Mme Toumi aime � citer parmi ses auteurs g�n�riques : �Il vaut mieux avoir honte d'un �clat que d'un silence, d'une violence que d'une abstention.� Et tout cela est bien triste parce qu�il nous r�veille sur nos indigences : le discours de Mme Toumi, belliqueux et diviseur, n�est pas le discours d�une femme de culture. Il exclut de facto son auteur de la g�n�alogie des C�saire ou de Malraux dont le lyrisme, nous dit Jean Caunes, t�moignait d�un art de forger une sensibilit� commune et, ainsi, de contribuer � construire une communaut�. Mme Toumi ne sait pas convertir le souffle de son verbe en force d�entra�nement. Elle ne communique pas, elle persifle. Alors oui, cette femme qui veut nous parler de son ambition pour l�Alg�rie, ne sera pas notre pionni�re dans l�universalit�. Nous esp�rions une Melina Mercouri de Jamais le dimanche ; nous n�avons qu�une banale interpr�te de La femme acari�tre. Mais puisque l�heure est � la culture arabe, Mme Toumi, qui dit redouter la honte, serait bien avis�e d�en tirer la morale de l�histoire. En se rangeant par exemple � la philosophie de Harzat Ali : �Qui ne sait pas, ne doit pas avoir honte d'apprendre.� Ou en s�inspirant d�une vieille sagesse populaire du Hidjaz : �La honte, la seule qui puisse nous faire honte est d'�tre inf�rieur � nous-m�mes.� C�est � cela aussi, diable, que sert la culture !

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