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LA CHRONIQUE DE LA HARRAGA DU CERVEAU
�Kabsa chemma�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 07 - 2008

Sommes-nous morts ? Last night, I had a dream ! Un homme habill� de blanc s�avan�a vers moi et me dit : �Vous �tes morts, vous �tes tous morts. Il s��loigna ensuite en marmonnant : l�Alg�rie est peupl�e de morts.� Le matin, en repensant � mon r�ve, j�ai fini par comprendre. L�homme habill� de blanc a dit vrai. Nos gouvernants, eux, ont compris cela depuis longtemps. Ils ont compris que nous sommes morts.
Alors, c�est pour cette raison que les probl�mes de la vie ne les int�ressent pas ! Si le projet de la mise � niveau de l�entreprise alg�rienne ressemble � de la mise � plat, ce n�est pas l� un �chec puisque l��chec ne signifie rien pour les morts. Nous n�avons pas non plus �chou� le projet de privatisation de l�entreprise publique, les morts n��chouent pas, monsieur. Si nous ne voulons pas reconna�tre qu�il existe des entreprises publiques rentables, ce n�est pas parce que nous sommes menteurs, les morts ne connaissent pas le mensonge, monsieur. Si nous ne voulons pas sauver plusieurs secteurs de l��conomie, alors que nos caisses sont bien remplies, ce n�est pas parce que nous sommes radins ou voleurs puisque l�argent ne veut rien dire pour les morts. Et donc, c�est parce que l�argent ne veut rien dire pour les morts, que les banques publiques financent de grands moulins � vent ! C�est parce que aussi nous sommes morts qu�il est inutile de construire des logements d�cents et suffisants, les morts habitent les tombes ! Et puis, la qualit� et le confort pour les morts ne veulent rien dire ! Enfin presque, puisqu�il existe une certaine cat�gorie de morts en Alg�rie enterr�s dans de tr�s beaux mausol�es construits dans des cit�s interdites. Mais ils sont morts quand m�me ! Quant aux Alg�riens qui habitent les F, eh bien le F signifie pour nous les morts �fuite�. Nous habitons des appartements pour fuir notre triste r�alit� qu�est la mort. Enfin presque, parce qu�il y a beaucoup de F moins confortables que nos tombes. Les pays voisins nous d�passent de loin et dans tous les domaines, nous ne leur en voulons pas et ne les jalousons pas. Les morts ne jalousent pas les vivants et ils n��prouvent pas le besoin de gagner par �ennif� puisqu�ils n�en ont plus, leur nif est rong� par les bestioles qui pullulent dans leurs tombes. De plus, les morts appartiennent � un monde o� la comp�tition et �el guelb� ne veulent rien dire. Nous n�en voulons pas non plus aux voisins lorsqu�ils nous chipent notre poisson et nos touristes, les morts ne se d�fendent pas, puisqu�ils n�existent plus. J�ai compris aussi pourquoi les criminels qui ont les mains macul�es de sang ne sont pas ch�ti�s, comment ch�tier un mort qui tue un mort ? C�est un non-sens ! On ne ch�tie pas non plus ces personnes qui commettent des crimes �conomiques et qui saignent le pays, ils ne peuvent pas �tre criminels les morts ! Ils jouent aux criminels pour passer le temps. Dieu merci, je suis soulag�e, si notre patrie l�Alg�rie est rel�gu�e au dernier rang, ce n�est pas parce que nous sommes des incapables, mais c�est tout simplement parce que nous sommes morts ! Pourquoi ces Marocains d�versent leurs produits toxiques dans nos barrages ? Ah ! si seulement nous �tions vivants ! Seulement, dans ce grand cimeti�re qu�est l�Alg�rie, il y a certains vivants qui ne veulent plus vivre parmi les morts. Ils veulent aller dans le monde des vivants. Ceux qui r�ussissent � passer dans l�autre monde, vivent marginalis�s puisqu�ils sentent la mort. Il y a aussi ceux qui meurent avant d�arriver � destination. On les appelle les �harraga�. Pour tous ces morts qui regrettent d��tre morts et qui �touffent dans leur tombe, pour tous ces vivants que l�on rejette parce qu�ils sentent la pestilence de la mort et pour tous ces harragas qui meurent avant d�arriver � destination de la vie, je prends une grosse dose de chique dans une �kabsa chemma� et je snife une grande �rafa� chemma� pour rester zen au sein de cette �oumma� qui ne sait comment sortir de sa �roumma �.

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