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ANDR� MIQUEL, AUTEUR DU VIEIL HOMME ET LE VENT,AU SOIR D�ALG�RIE :
�Il faut apprendre � conna�tre les Arabes par ce qu'eux-m�mes ont produit�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 11 - 2008

�Il est aujourd'hui de plus en plus urgent que l'on se connaisse, car si l'on ne se conna�t pas, si l'on ne se reconna�t pas, on va � la catastrophe.�
Le Soir d'Alg�rie: Le titre de votre ouvrage fait r�f�rence � l'�uvre d'H�mingway. Que repr�sente pour vous l'auteur du Vieil Homme et la mer?
Andr� Miquel : H�mingway, dans mon souvenir, m'avait tout � fait emball� parce qu'il �tait un h�ros un peu comme celui de Malraux dans La Voie royale, ces h�ros qui cherchent la libert� d'une fa�on ou d'une autre. Ce qui m'a fascin� chez H�mingway, c'est � jusqu'� la mort � cette recherche de la libert� dans un �l�ment. L'un des trois �l�ments composant notre monde, l'eau en l'occurrence. J'avais vu une sorte de mod�le dans cet homme qui avait tra�n� ses gu�tres un peu partout, �crivain, soldat, aventurier, marin. Mais pour moi, l'eau, ce n'�tait pas la mer car j'appartiens � un pays, le Bas-Languedoc, qui ne vit pas forc�ment de la mer sauf en quelques points tr�s isol�s sur la c�te. Un pays o� la mer offre peu de ressources portuaires et surtout qui a longtemps repr�sent� la menace des barbaresques. Par les hasards de la vie, je suis vraiment un terrien et j'appartiens de plain-pied � ce pays qui s'�chelonne en vignes puis en garrigues et en premi�res pentes du Causse vers les montagnes du massif central. J'aurais donc d� appeler ce livre le vieil homme et la terre. Le titre �tait pris. Alors pourquoi pas Le vieil homme et le vent. Le vent parce que j'ai grandi dans un pays de vent, sous deux vents majeurs, le vent du sud-est, le vent de la mer, que l'on appelle le grec puisqu'il vient du sud-est, qui apporte la pluie, donc qui r�g�n�re la terre, et le vent du nordouest, la tramontane, qui chasse les nuages une fois qu'ils ont arros� la terre et qui lui rend sa puret�. D'o� le titre, Le vieil homme et le vent.
Quelle place occupe le mythe de Majn�n Layl� dans la po�sie arabe et quel retentissement a-t-il eu sur vos travaux et sur votre �uvre ?
Quand mon p�re est rentr� d'Allemagne apr�s une captivit� de cinq ans, il m'a demand� un jour si j'avais lu l'adaptation de Tristan et Iseult par Joseph B�dier. Je lui ai dit non, il me l'a achet�e et je suis tomb� amoureux de Tristan et Iseult. Ce th�me m'a suivi tout au long de ma vie. Je l'ai retrouv� plus tard chez Wagner, ce qui m'a donn� l'occasion de traduire le livret de Wagner. Un jour, par hasard, j'�tais au Coll�ge de France et je cherchais des th�mes de recherche, je me suis dit pourquoi ne pas aller voir du c�t� de Majn�n, le po�te de l'Arabie b�douine du d�sert, de la deuxi�me moiti� de notre 7e si�cle. J'ai d�couvert que l�, s'�tait cr�� un mythe ou un th�me in�puisable jusqu'� la fin de l'humanit�. Le mythe de l'amour fou. Ce que nous dit Majn�n et ce que nous diront d'autres apr�s lui, c'est que l'amour parfait est impossible et que l'amour impossible est le seul amour parfait. C'est un th�me tr�s riche et qui fait l'�conomie d'une objection possible. On ne vit pas qu'� deux, il y a les autres et il faut bien accommoder cette exigence d'absolu avec les n�cessit�s de la vie sociale et cette part d'amour que l'on doit aussi aux autres. Un seul a fait le pari, c'est Albert Cohen avec Belle du Seigneur. Il nous montre deux amants en situation parfaite de s'aimer. Ils y arrivent. Ils se tuent. L'amour parfait � deux seuls est impossible. C'est tout cela que dit Majn�n. Et � l'�poque, c'�tait une r�volution par rapport � la vieille po�sie du d�sert mais aussi par rapport � toutes les autres po�sies de l'amour traditionnelles, l'amour de la rencontre, l'amour conjugal. C'est une revendication de l'absolu qui m�me s'il ne peut �tre r�alis� dans l'amour d'un homme et d'une femme, doit toujours �tre gard� en m�moire et comme un point d'avenir. Majn�n, cela a aussi �t� pour moi l'aventure. Une aventure qui s'est greff�e sur un pass� de traduction auquel je tiens car c'est par l� qu'il est possible de se conna�tre un peu. En m�me temps, tr�s pr�cis�ment pour Majn�n, ce fut l'occasion d'une triple aventure. Celle du livre, de la recherche savante, celle de la traduction avec ma premi�re anthologie de Majn�n et la mise en roman pour le public fran�ais avec Layl� ma raison. Je garde de ces trois ans pass�s autour de Majn�n et de Layl�, un merveilleux souvenir. Dans ma carri�re d'enseignant et de chercheur, je verrai deux p�les, d'un c�t� la recherche pure avec les quatre tomes sur les g�ographes arabes du Moyen-Age et de l'autre, l'aventure de la traduction et du roman � travers Majn�n.
Vous abordez vos travaux sous l'angle de l'aventure. Vous pouvez pr�ciser ce que cela repr�sente pour vous ?
Je me souviens que lorsque je suis rentr� du Caire, j'ai �t� nomm� � Aix-en- Provence o� j'ai rencontr� Georges Duby. Ce fut l'occasion de l'affermissement d'une vocation. Je disais � Duby qu'apr�s mes r�ves diplomatiques, je revenais � l'universit� mais que, pour moi, la recherche devait �tre ins�parable de l'acte d'�criture, qu'on n'avait rien fait si l'on ne pouvait pas �tre lu par les lecteurs moyens. La litt�rature �rudite est pour les revues savantes entre sp�cialistes. Tout le reste et m�me la recherche, pour moi, devait passer au crible d'une �criture compr�hensible par tous et, si possible, attirante. C'est en ce sens que j'ai con�u l'aventure de ma vie de chercheur et d'�crivain.
Dans Le Vieil homme et le vent, vous �voquez souvent la prison de fa�on implicite. Au cours de votre p�riple dans le monde arabe, y avezvous �t� confront� ?
A l'automne 1961, le gouvernement �gyptien a emprisonn�, entre autres, quatre diplomates dont j'�tais. J'�tais charg� de mission culturelle fran�aise en R�publique arabe unie. Le trait� de Zurich avait, en 1959, pr�vu, sinon tout de suite la reprise des relations diplomatiques entre la France et l'Egypte, l'installation au Caire d'une mission diplomatique charg�e de g�rer les int�r�ts fran�ais et la r�ouverture des grands �tablissements fran�ais en Egypte, les lyc�es, l'Institut d'arch�ologie du Caire, l'Institut fran�ais de Damas et l'Ecole de droit. Un premier titulaire du poste l'a tenu de 1959 � 1961, puis j'ai �t� nomm� � l'automne 1961 chef de la mission culturelle. Est arriv� ce proc�s qui a conduit tr�s vite � la d�confiture du gouvernement �gyptien, proc�s mont� de toutes pi�ces. En tout cas en ce qui me concernait, on n'avait rien � me reprocher, aucun �crit, aucune relation douteuse, aucune conversation. Du mois de novembre au mois d'avril, j'ai donc connu les interrogatoires par les services sp�ciaux �gyptiens et la prison, d'abord au secret absolu, puis lorsque le proc�s s'est ouvert ce fut une possibilit� de communiquer avec mes coll�gues d�tenus comme moi. J'en ai tir� un livre, Le Repas du soir, paru chez Flammarion. J'ai ensuite �t� r�invit� en Egypte pour faire des conf�rences. Il m'est rest� deux choses. Des images qui continuent de temps en temps � hanter mes nuits. Des murs, des pi�ces �troites, des mains encha�n�es, des silhouettes v�tues de noir, le regard du condamn� � mort. La seconde, un th�or�me : l'innocence est la chose du monde la plus difficile � prouver.
Vous tentez depuis bient�t cinquante ans de faire conna�tre en France la culture arabe. Pensez-vous qu'elle soit mieux comprise aujourd'hui qu'� vos d�buts ?
Non, je suis formel. A une r�serve pr�s, la radio qui d'une fa�on ou d'une autre a jou� son r�le. Je crois qu'aujourd'hui il est de plus en plus urgent que l'on se connaisse car si l'on ne se conna�t pas, si l'on ne se reconna�t pas, nous allons � la catastrophe. Qu'est-ce qui, dans le monde arabe aujourd'hui, int�resse une certaine presse ? Ou bien la crise ou bien le folklore. J'essaye, depuis bient�t cinquante ans, de faire conna�tre cette civilisation en ses profondeurs, en ces temps o� elle a �t� grande, g�n�reuse car quand, sur le chemin de la premi�re croisade, nos anc�tres lointains br�laient les synagogues, il y avait, de l'autre c�t� de la mer, une civilisation qui prot�geait, de droit, les juifs et les chr�tiens. C'est cela que j'ai voulu montrer � mes concitoyens mais aussi aux jeunes, notamment ceux issus de l'immigration. Leur montrer combien leur civilisation �tait belle et quelles le�ons d'humanit� et d'humanisme ils ont � recevoir de leurs lointains anc�tres, eux aussi. Il est urgent de faire quelque chose et pour cela de passer par les m�dias et surtout par la t�l�vision en premier lieu, puisque le magister aujourd'hui, c'est la t�l�vision et non l'�ducation nationale et l'universit�, h�las !
Vous avez publi� chez Domens un livre de po�sie bilingue arabe-fran�ais, Pour un adieu. Po�mes con�us en arabe et transpos�s en fran�ais et l'inverse. La po�sie permet-elle plus que les autres genres un va-et-vient entre les cultures et les langues ?
Pourquoi suis-je all� � l'arabe ? Un peu par hasard car entr� � l'Ecole normale et promis � l'Ecole d'Ath�nes, je me suis dit qu'il ne serait pas mal de voir de l'autre c�t� de la M�diterran�e. J'ai papillonn�. Je suis pass� par les affaires �trang�res, j'ai �t� arch�ologue en Ethiopie puis j'ai fait quatre ans au Quai d'Orsay, je suis all� en Egypte et c'est � mon retour du Caire que j'ai arr�t� ma vocation. Pourquoi �tais-je all� � l'arabe ? Peut-�tre moi aussi, au d�but, par un certain go�t du folklore, les images, les palmiers, les minarets, les femmes voil�es. Mais un beau jour, je me suis dit, il faut �tre s�rieux et il faut apprendre � conna�tre les Arabes par ce qu'eux-m�mes ont produit. Il y a eu deux volets, d'une part, les Arabes d�crits par eux-m�mes, c'�tait les g�ographes, d'autre part, la po�sie. Je voulais voir si dans cette po�sie arabe, je pouvais me retrouver, ind�pendamment du fait que c'�tait une po�sie de musulmans et que moi j'appartiens � une civilisation chr�tienne. Quand plus tard, traduisant un de ces grands po�tes arabes, Abu L Atahiya, j'ai pu traduire deux vers qui donnaient en fran�ais. Et la mort est ce feu en nous tous rallum� que chaque jour nouveau, un peu plus fort, ravive, par-del� les diff�rences nous sommes fr�res. Il faut donc s'atteler � la po�sie. Mes d�buts avec la po�sie arabe n'ont pas �t� commodes. D'abord parce que nos vieux ma�tres �taient sensibles � ce qu'ils appelaient les clich�s. Qu'est-ce que c'est que la po�sie ? Il y a trois fa�ons de dire les choses : les dire simplement, les dire autrement et c'est la grande prose ou la po�sie classique et chercher � dire autre chose et c'est la po�sie telle que nous l'entendons aujourd'hui depuis la fin du XIXe si�cle. Quand ces vieux ma�tres parlaient de clich�s, ils ne disaient rien d'autre que ceci : depuis que l'homme est sur terre, il passe sa vie � raconter les m�mes choses, l'amour, la mort, la nature, l'Au-del�, Dieu ou le n�ant. Le probl�me �tait de savoir comment ces Arabes le disaient. La rh�torique joue chez eux un r�le essentiel. Il fallait lire les critiques des grands prosateurs arabes du Moyen- Age qui expliquaient ce qu'�tait pour eux la po�sie. A partir de l�, on pouvait y aller. J'y suis all�. J'ai fait pour le mieux, l'essentiel �tant de faire passer. Autre controverse. Certains de mes anciens �tudiants me reprochent parfois de traduire en vers qui riment. Je leur ai toujours dit que ces vers pour les Arabes d'aujourd'hui sont des vers classiques. Si je veux essayer de trouver un �cho semblable en fran�ais, il faut, moi aussi, que je leur donne une forme classique. C'est un d�bat. En ce qui concerne la pratique m�me de la po�sie, le d�but de l'aventure se passait un jour au bord de la mer quelques ann�es apr�s la mort de mon fils de quinze ans, mort d'un cancer. J'�tais assis sur la plage, je pensais � lui et des mots arabes se sont pr�sent�s qui disaient : notre pays vient de finir au moment o� tu d�clines parmi les tortues de la nuit. Cela a �t� le premier recueil de po�mes arabes qui s'appelait Au mercure des nuits. Je l'ai ensuite revu et corrig�. Puis est venu Pour un adieu. L'adieu du vieil homme � sa vie, j'entre dans ma quatre-vingti�me ann�e. L'adieu � un pays. Et l'adieu � une certaine forme d'�criture que je ne pourrai plus pratiquer parce que l'arabe n'est pas ma langue maternelle, j'y suis venu tard, � partir de ma vingt et uni�me ann�e et surtout � partir de mes trente ans. Cette langue qui m'a beaucoup donn�, que j'ai choy�e et caress�e comme une ma�tresse, maintenant que je suis vieux, elle qui est d'une �ternelle jeunesse, me fait comprendre que les temps sont finis. Elle me fuit. Les mots sont beaucoup plus difficiles � trouver. Le dictionnaire est d'un infiniment plus grand recours qu'avant.
Vous avez beaucoup voyag� physiquement et par les id�es. Pourtant tout est parti de votre village et tout y revient, un peu comme Ulysse. Avezvous le sentiment d'un port d'attache ?
Oui, cent fois oui. Il y a le pays de l'enfance, de la formation, de 5 � 13 ans. Formation � l'�cole, avec des parents instituteurs dont j'�tais l'�l�ve. C'�tait un r�le difficile mais une formation de s�v�rit� et d'immense tendresse. Quand ma m�re a d� changer de poste pour se rapprocher de Montpellier o� j'�tais lyc�en, j'ai v�cu dans un autre village, Montferrier, le village de l'adolescence. Donc oui, port d'attache avec cette passion pour cette terre-l�, pour le calcaire car le calcaire joue avec l'air et le vent. C'est cet amour du retour � la matrice qui a berc� mes ann�es de sp�l�ologie autour de mes seize, vingt-deux ans. Je parlais un jour � Ren� Char, � qui j'avais rendu visite. Nous parlions de ce pays de calcaire. Je protestais un peu contre certains comportements qui faisaient par exemple que, quand on �tait propri�taire d'une source, on l'enclavait pour en interdire l'acc�s alors que cette eau, pour moi, est magique car elle circule autant sous terre qu'� l'air libre et quand elle ressort c'est sous forme de source et de rivi�re enchanteresse. Ren� Char m'a dit : �Oui, ces pays qui ne demandent rien que d'�tre regard�s.� Quand je suis l�bas, je n'ai plus peur. Je peux mourir, plus rien n'a d'importance.
Propos recueillis par Meriem Nour
Bio-bibliographie
Andr� Miquel est n� le 26 septembre 1929 � M�ze, dans le sud de la France. Agr�g� de grammaire, docteur �s lettres, il a �t� secr�taire g�n�ral de la Mission culturelle et arch�ologique fran�aise en Ethiopie en 1955- 1956, puis responsable du secteur Afrique-Asie � la Direction g�n�rale des relations culturelles et techniques du minist�re des Affaires �trang�res de 1957 � 1961 avant de diriger la mission universitaire et culturelle fran�aise en R�publique arabe unie en 1961 et 1962. Sa carri�re universitaire culmine dans la chaire de langue et litt�rature arabes classiques qu'il occupe de 1976 � 1997. Entre-temps, il a �t� administrateur g�n�ral de la Biblioth�que nationale � Paris et administrateur du Coll�ge de France. Quelques-uns de ses ouvrages : L'Islam et sa civilisation(VIIe - XXe s.), Paris, Armand Colin, coll. Destins du monde, 1968 � couronn� par l'Acad�mie fran�aise. Le fils interrompu, Paris, Flammarion, 1971. Layl�, ma raison, Paris, Le Seuil, 1984. Au mercure des nuits, po�mes arabes, Paris, Sindbad, 1989. Le repas du soir, Paris, Flammarion, 1996. Les Mille et une Nuits, choix de contes traduits (avec J. Bencheikh), 2 vol., Paris, Gallimard, coll. Folio, 1991, T. III 1996. Majn�n, le Fou de Layl�, traduction du D�w�n de Majn�n, Paris, Sindbad, Actes Sud, 2003. Pour un adieu, po�mes, coll. Litt�rature, Ed. Domens, P�zenas, 2008.


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