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André Malraux : un homme dans son siècle
Publié dans El Watan le 23 - 11 - 2006


Figure emblématique de la littérature universelle, l'écrivain français André Malraux (1901-1975) était aussi une personnalité complexe, un homme déchiré partagé entre une nature profonde de révolté et son insertion dans les circuits du pouvoir. Trente ans après sa mort, Malraux est encore perçu à travers cette ambivalence. Dans un documentaire diffusé sur France 3, cette destinée singulière est résumée comme une manière de conflit psychologique qui révèle en André Malraux une manière de Janus. Il avait été l'homme d'action, le voyageur fasciné par l'Extrême-Orient, il avait été aussi l'esprit libre, le révolutionnaire qui s'était engagé dans le combat des républicains espagnols, mais aussi le résistant qui s'était opposé à l'ordre nouveau. Ce Malraux-là avait-il cessé d'être en acceptant, en 1959, des usages officiels dans le gouvernement français ? La question n'est pas indifférente, car il faut la rapporter au contexte de cette époque dominée par la guerre d'Algérie. Le général de Gaulle, à peine arrivé aux affaires, avait confié à André Malraux un portefeuille ministériel. L'écrivain avait accepté, car il ne pouvait pas dire non à Charles de Gaulle auquel il vouait respect et admiration. Pour le ministère, il allait de soi que ce ne pouvait être que celui de la Culture. Malraux sera donc le ministre du général de Gaulle pendant dix ans, de 1959 à 1969. Il fut cependant un ministre sans réels moyens au regard de la mission qu'il avait acceptée. D'autre part, Malraux, ministre en pleine guerre d'Algérie, n'était pas sans avoir de conséquences sur son image et sa vie personnelle : Anticolonialiste avéré, il fut de ceux qui croyaient à cette « paix des braves » initiée par le général de Gaulle. Malraux était en porte-à-faux, car il était débordé par l'accélération de l'histoire. Au même moment, en effet, l'élite intellectuelle française prenait fait et cause contre la présence militaire en Algérie de la France coloniale. La propre fille du ministre, Florence Malraux, sera l'une des signataires les plus en vue aux côtés de Jean-Paul Sartre du manifeste des 121 qui appellent notamment les jeunes Français à l'insoumission. Malraux n'adresse pas la parole à sa fille pendant sept ans. Etrange posture de la part d'un intellectuel qui, très jeune, s'était mis du côté des opprimés. C'était quand même lui qui avait écrit La voie royale (1930), La condition humaine (1933) et L'espoir (1937) qu'on pourrait qualifier de trilogie sublime dans laquelle l'auteur fait étalage de sa sève humaine. Qui aurait pu croire que ce Malraux-là, en 1961, vouerait son propre enfant à la vindicte parce que sa fille n'avait fait en réalité que prendre exemple sur lui ? Le romancier flamboyant qui avait fait naître chez des générations de lecteurs un idéal de liberté était bien loin —Malraux avait mué en intellectuel organique dont l'aura était placée résolument au service du discours officiel. Terrible mutation où s'exprime en fait tout le paradoxe dans lequel se trouvait ce grand esprit dont personne ne peut remettre en cause, même aujourd'hui, la force de son œuvre. André Malraux aurait sans doute dû rester le romancier inspiré qui parla si bien de la Chine. Plutôt que le maître de cérémonie qui a accompagné la Joconde, le fabuleux tableau de Léonard de Vinci, aux Etats-Unis pour faire plaisir à Jackie Kennedy qui s'était extasiée devant le chef d'œuvre. Mais à cet homme paradoxal, la tragédie ne sera pas épargnée lorsque ses deux enfants,Vincent et Gauthier, trouvent la mort dans un accident de voiture. Malraux ne se remettra jamais de cette tragédie même s'il montra rien publiquement. C'est à dater de cette épreuve qu'il se réfugiera dans l'alcool. Une cadence quasiment suicidaire. Il offrit ainsi un terrain propice à la maladie. Malraux était atteint de convulsions nerveuses connues sous le nom de syndrome de Gilles de la Tourette qui le conduiront à aboyer en présence d'hôtes révulsés par sa dégradation mentale. Il a fallu des traitements suivis dans des services psychiatriques pour que l'écrivain reprenne ses esprits. Soigné mais pas réellement guéri, Malraux se détacha de la politique après les évènements de Mai 68 qu'il analyse comme une crise majeure de la civilisation française. Il prit la résolution de se remettre à écrire et donna, dans la tradition des textes critiques, des œuvres aussi denses que les chênes qu'on abat, les Anti-mémoires, ou La fête d'obsidienne. Lorsqu'il était ministre, André Malraux avait voulu rendre hommage à Picasso et il avait écrit au peintre. Celui-ci ne lui répondait pas. Malraux organisa tout de même l'exposition Picasso à laquelle il tenait tant. Picasso lui adresse alors le message laconique : « Croyez-vous que je sois mort ? » En réponse, André Malraux lui écrivit : « Croyez-vous que je sois ministre ? »

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