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� propos d�un d�sordre national programm�
Par Ahc�ne Bouauoiche *
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 11 - 2009

Je t�moigne de ce que je sais et de ce que je crois �tre vrai. Comme ce t�moignage s�apparente � une r�flexion personnelle, il s�expose, � ce titre, � l�exercice de la critique et de la controverse. J�appartiens enti�rement � cette g�n�ration qui, de vieillesse naturelle et de d�senchantement politique, se meure un peu plus chaque jour. Elle a v�cu et connu les trois derni�res p�riodes importantes de l�histoire contemporaine de l�Alg�rie : la p�riode coloniale, celle de la guerre de Lib�ration, et celle actuelle, de la souverainet� nationale recouvr�e.
Ce que signifiait l�Ind�pendance pour notre g�n�ration
Les Alg�riens de ma g�n�ration et celle qui l�ont pr�c�d�e gardent, � n�en point douter, une m�moire vivace des r�ves fantastiques � chaque fois raviv�s � la seule �vocation du mot Ind�pendance. Elle signifiait pour nous : fraternit�, �galit�, justice, dignit� et solidarit� sociale ; elle symbolisait toutes ces nobles valeurs, que bafouait cyniquement et brutalement l�ignoble pouvoir colonial en place. Ceux qui le veulent se souviennent aussi que nos a�n�s, militants �clair�s du Mouvement national, ne concevaient pas l�ind�pendance comme une simple fin en soi, une rupture d�avec le syst�me colonial, sans autre ambition politique et morale de lui substituer un projet de soci�t� r�pondant aux aspirations profondes et l�gitimes du peuple alg�rien. Pour l�ensemble des hommes engag�s dans la lutte anticolonialiste, le triomphe devait inaugurer le commencement d�une �re nouvelle : celle d�un renouveau national, celle de l��dification d�une soci�t� citoyenne, morale et solidaire, apte � promouvoir et � garantir les droits fondamentaux et le respect de la personne humaine et � �uvrer pour le progr�s et la prosp�rit� partag�e entre toutes les couches sociales de la nation. Tous les Alg�riens de ma g�n�ration ont en m�moire cette profession de foi, laquelle constituait l�essentiel des d�clarations des principes id�ologiques et figurait explicitement dans les documents fondateurs du Mouvement nationaliste alg�rien. �Etre ind�pendants quitte � se nourrir d�herbe� n��tait qu�une m�taphore destin�e � braver le mauvais sort et � �lever le combat au diapason de l�id�al de dignit� transcendant les revendications prosa�ques.
Quand les r�ves virent au cauchemar
Malheureusement, sit�t l�Ind�pendance arrach�e, au prix d�immenses sacrifices, l�id�al politico- moral, cultiv� par le nationalisme originel a, h�las, sombr� dans un incroyable d�sarroi et les r�ves prometteurs ont tous vir� au pires des cauchemars. De d�rive en d�rive, il s�en est suivi, tout au long des d�cennies, une interminable trag�die nationale. Les th�ories cens�es expliquer la gen�se et les causes des malencontreuses d�rives de l�histoire alg�rienne sont nombreuses. Mon intention, fort modeste, n��tant pas de faire l�histoire de l�Alg�rie, encore moins sa critique, je ne m�attarderai sur aucune de ces th�ories. Ceci �tant, j�avoue n��tre pas de ceux qui �rigent l�intervention de la fatalit� en facteur actif de l�Histoire, comme je ne suis pas aussi de ceux qui, sans mesure scientifique, recourent aux motivations subjectives, lorsqu�il s�agit d�appr�hender l�Histoire, particuli�rement l�histoire alg�rienne. En effet, il est fr�quent, que les historiens, �crivant notre histoire, se complaisent souvent dans la narration d��v�nements o� l�anecdotique et le romanesque l�emportent ind�ment sur l�investigation s�rieuse et la rigueur scientifique.
Les causes principales du d�sordre national
Au risque d��tre ou de para�tre �trangement r�ducteur, je tiens, pour cause principale de la trag�die nationale, les deux grandes discordes survenues � des p�riodes successives cruciales de l�histoire du Mouvement nationaliste alg�rien.
1- Discorde � propos du leadership en politique.
Cette discorde, qui se voulait de principe, est survenue en 1953 au sein du PPA-MTLD, le parti, il faut le rappeler, � avoir, le premier et le seul, � l��poque, d�velopp� un projet et une strat�gie de lutte arm�e pour l�Ind�pendance nationale. Suite � cette discorde, le parti s�est scind� en deux courants irr�m�diablement oppos�s. Les uns (acquis aux th�ses du comit� central du parti dirig� par Lahoual Hocine) craignant, � tort ou � raison, les effets n�gatifs du culte de la personnalit�, que g�n�re souvent la pratique d�une direction incarn�e par un chef transcendant les instances �lues, pr�naient la pertinence d�une direction coll�giale. Les autres (partisans de Messali Hadj pr�sident du parti) militants pragmatiques, conscients des conditions historiques exceptionnelles de la lutte anticolonialiste, plaidaient en faveur d�un chef consensuel apte, avant toute consid�ration doctrinale, � garantir l�unit� militante du parti. Peu importe, � pr�sent, la voie impromptue, qu�elle a emprunt�e, on ne refait pas l�Histoire, au gr� de ses d�sirs. J�aime seulement � imaginer, ce qu�auraient pu �tre l�histoire de la guerre de Lib�ration nationale, celle des moments d�cisifs de la proclamation de l�Ind�pendance, celle de l�Alg�rie souveraine, si toutes ces p�riodes historiques avaient �t� anim�es et dirig�es, comme cela aurait d� l��tre par le PPA/MTLD uni et judicieusement pr�serv� des effets d�bilitants de toute discordance ennemie.
**Remarque : Avec le recul du temps, il est permis de supposer que cette discorde malvenue avait �t� s�rement inspir�e et foment�e quelque part ailleurs qu�au sein du parti, car personne, de la qualit� des cadres et militants avertis, ne devait ignorer qu�une entreprise d�envergure fondatrice d�un destin national ne peut �tre impuls�e, d�une mani�re cr�dible, que par une alliance d�hommes organis�s et puissamment r�solus et ne peut �tre guid�e valablement et durablement, sans risque de fractures au niveau des instance dirigeantes, que par un chef f�d�rateur et unaniment reconnu. Il est ainsi des p�riodes de densit� historique remarquable, des moments exceptionnels durant lesquels un peuple mis au p�ril existentiel forge et r�v�le, pour sa propre sauvegarde, des hommes exceptionnels, des personnalit�s charismatiques, dont la mission essentielle est de f�d�rer et de guider leur peuple. L�histoire de l�humanit� abonde en exemples c�l�bres et en h�ros l�gendaires. Somme toute, dans ces moments hautement historiques, la pratique du culte de la personnalit� est certainement moins pr�judiciable � une nation que l�incapacit� de celle-ci � forger en son sein des hommes de grande qualit� et des h�ros de grande bravoure. �Seul h�ros, le peuple�, clam� � travers toute l�Alg�rie au lendemain de l�Ind�pendance est un slogan imagin� par ceux qui avaient pour vis�e inavou�e de d�router le peuple. Cette expression, d�une singuli�re perversit� politique, exprime un populisme primaire qui, nous le savons, par les exp�riences inlassablement renouvel�es depuis pr�s d�un demi-si�cle, constitue le pire ennemi du peuple.
2- Discorde : primaut� du militaire ou du politique.
Cette deuxi�me grande discorde, provoqu�e en pleine guerre de Lib�ration nationale, a dangereusement divis� la direction de la R�volution et a mis en un conflit irr�ductible les politiques (le Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne GPRA) et les militaires (Etat-major g�n�ral EMG). Cette discorde, aux cons�quences autrement plus graves que la pr�c�dente, a d�montr� combien funeste pouvait s�av�rer l�absence de personnalit�s politiques reconnues, suffisamment fortes, en mesure de f�d�rer les hommes et de concilier les opinions, quand les imp�ratifs de l�Histoire l�exigent. L��t� 1962 demeure dans la m�moire alg�rienne, celle de la souverainet� recouvr�e et celle aussi de toutes les d�rives, celui de la victoire sur autrui et celui, malheureusement, de la d�faite de soi. La direction politique de la r�volution amoindrie, sensiblement par la disparition de l�ensemble des prestigieux chefs maquisards, et s�rieusement affaiblie par huit ann�es d�une �pre guerre de Lib�ration n�avait plus les ressources requises pour affronter ces dissensions internes. A l��vidence, quand une pens�e, forte seulement de sa v�rit� intrins�que, est contrainte par la dynamique de sa logique � affronter la puissance des armes � feu, nul doute, que pour un temps ind�termin�, la force brutale s�engage � brimer le droit salutaire.
**Remarque : En v�rit�, il faut �tre d�une inculture g�n�rale �pouvantable ou cultiver des ambitions de pouvoir morbides pour oser mettre en un danger meurtrier les fondements de la nation et d�daigner avec l�g�ret� la valeur universellement consacr�e de la pr��minence de la pens�e politique sur la force des arm�es. En effet, de droit constitutionnel �tabli et de coutumes notoires, il n�a jamais �t� dans la vocation d�une arm�e r�guli�re de gouverner une nation : sa mission principale �tant de la prot�ger des agressions ext�rieures dans la stricte observance des r�gles et des int�r�ts sup�rieurs d�finis par les plus hautes instances politiques de la nation.
Un d�sordre national imm�rit�
Nous sommes � la veille de l�an 2010 et l�Alg�rie ach�ve, dans trois ann�es � peine, son premier demisi�cle d�ind�pendance dans un �tat de chaos g�n�ralis� unique dans son genre, sa dur�e et son amplitude. Jamais un peuple au monde n�a v�cu une d�sh�rence humaine semblable � celle qu�endure actuellement le peuple alg�rien. Il faut se rendre � l��vidence : ces deux grandes discordes, causes principales du d�sordre national, survenues � des p�riodes sensibles de l�histoire de l�Alg�rie, ne sont pas de celles, ordinaires, que les conjonctures politiques suscitent et que la dynamique de l��volution g�n�rale des peuples r�sorbe et d�passe souvent � leur plus grand avantage. Ces deux graves discordes ont affect� inexorablement les valeurs constitutives de la nation et attent� aux lois constitutionnelles qui la r�gissent. Il en a r�sult�, d�une part, une nation alg�rienne sans �lite, sans �thique et sans pens�e philosophique et politique pour la gouverner, et d�autre part, un d�bridement dangereux de la m�diocrit�, de l�immoralit�, de l�incomp�tence, de la ruse, de la gabegie et de la violence physique et morale. Ce d�sordre mortif�re est d�autant incompr�hensible, insupportable et fonci�rement injuste, que le peuple alg�rien n�a pas �merg� d�un n�ant historique ou surgi d�un vacuum civilisationnel. Assur�ment, les sociologues et les historiens savent pourquoi les peuples n��voluent pas toujours dans la logique de leur culture historique ; ils savent aussi, pourquoi les peuples n�ont pas souvent les gouvernants qu�ils m�ritent ; ils savent, qu�il n�y a pas de mauvais peuples, mais seulement de mauvais gouvernants ; ils savent �galement la nocivit� globale de l�obscurantisme, quand par l�arbitraire et la force, il s�installe au sein d�une communaut� humaine ; ils savent que l��go�sme et la vanit� des hommes sont les premiers de tous les malheurs dont souffre l�humanit� ; ils savent, que jamais les gouvernants ne sont une �manation des peuples et que presque jamais ils n�expriment leurs r�els desseins ; ils savent, enfin, qu�il n�y a pas d�humanit� l� o� se c�toient, dans l�indiff�rence la pauvret� avilissante et l�opulence insolente.
La configuration politique nationale face au d�sordre
Je sch�matise � peine, en affirmant que pessimisme et fatalisme dominent, dans l�ensemble, la configuration psychopolitique nationale. Pourtant les hommes ne naissent pas fatalistes, ils ne naissent pas non plus pessimistes, ils le deviennent. Quand le d�sastre ambiant atteint et d�passe le seuil de tol�rance, que le malaise global s�implante dans la dur�e, que la r�sistance sociopolitique s�affaisse sensiblement et que toute perspective de salut s�estompe, il faut vraiment disposer d�une tr�s forte dose de stupidit� mentale conjugu�e � une totale absence de sympathie envers autrui pour �chapper aux tourments du pessimisme et � la fausse qui�tude morale qu�offre la posture fataliste. Rien � dire des optimistes imp�nitents, sauf, qu�ils ne sont pas �ligibles � am�liorer un monde o�, en d�pit des vicissitudes r�voltantes, qu�il comporte, ils y trouvent toujours toutes les bonnes raisons �go�stes de s�y plaire. Quand je consid�re l��tat actuel de la nation alg�rienne et le dilettantisme coupable qui la gouverne, je suis tent� de faire l��loge du pessimisme en politique, tant celui-ci exprime souvent une prise de conscience aigu� d�un �tat affligeant d�nu� de toute perception pertinente d�un espoir de r�sorption possible. Quant aux fatalistes, ils soutiennent que l�humanit� �tant, depuis toujours et pour toujours inscrite dans une dynamique d��volution g�n�rale, les Alg�riens, quoiqu�ils fassent ou non, sont naturellement vou�s � �voluer. Pourquoi donc s�en faire outre mesure ? Cette vision fataliste de l�existence est niaise et dangereuse, car les sciences modernes attach�es � l��tude des ph�nom�nes humains, nous enseignent que l��volution positive de l�homme, au stade o� l�humanit� se meut aujourd�hui, d�coule surtout, de la seule volont� morale de l�homme lui-m�me et de nulle autre providence et que les communaut�s humaines qui n��voluent pas, r�gressent fatalement et ind�finiment. Le progr�s n�est ni une donn�e naturelle ni un acquis irr�versible mais un choix intentionnel puissant. Rien de significativement positif n�est donc � attendre de ces trois postures caract�ristiques de la configuration culturelle nationale, parce que toutes aboutissent, � terme, � l�immobilisme politique et � la d�saffection morale.
L�Alg�rie dans l�impasse
Il est certain, que les Alg�riens parfaitement lucides, dont aucun �go�sme particulier n�alt�re l�entendement et dont aucune forme d�immoralit� n�affecte la conscience, d�plorent que le d�sordre national, bien loin de se r�sorber avec le temps, tend, au contraire � prendre des proportions d�mesur�es et un rythme d�expansion de plus en plus inqui�tant. La passivit� quasi-g�n�rale dans laquelle se d�ploient ces ph�nom�nes d�alt�ration sociale accable gravement la conscience alg�rienne et donne � craindre que la fin du calvaire national n�est pas � attendre dans des d�lais raisonnablement proches. Nul besoin de recourir � la pertinence des sciences sociales �labor�es ou � la perspicacit� de la prospective pour imaginer combien sombre sera l�avenir d�un peuple, qui a perdu la signification humaine et la pratique des gestes �l�mentaires indispensables � toute vie en soci�t� et qui, ne survit p�niblement que gr�ce essentiellement au simple n�goce de ses ressources mini�res. Le tarissement fatidique de ses richesses naturelles, notamment celle des hydrocarbures surprendra et pr�cipitera � coup s�r l�Alg�rie dans un d�sastre socio�conomique et politique dont il est difficile d�imaginer la nature et l�intensit�. Les oligarques qui r�gnent sur l�Alg�rie, depuis 1962, n�ont jamais envisag� la perspective d�un apr�s-p�trole, comme si le p�trole leur �tait donn� pour l��ternit� . Ainsi, dans l�esprit de la sage maxime �gouverner, c�est pr�voir� les oligarques alg�riens ont toujours r�gn� mais jamais vraiment gouvern�. C�est, incontestablement, ce d�faut de gouvernance intelligente et morale due principalement � l�exclusion des �lites nationales des sph�res du pouvoir politique, cons�cutive aux deux grandes discordes �voqu�es plus haut, qui a conduit progressivement l�Alg�rie dans l�impasse o� elle est dramatiquement confin�e aujourd�hui.
Quand A. Douro sugg�rait une sortie de l�impasse
Pour m�moire, je rappelle qu�en 1968, alors qu�il �tait responsable du d�partement ��tudes et conceptions� � la direction centrale du Front de lib�ration nationale (FLN) Abdallah Douro avait sign� un document in�dit d�importance politique intitul� �Pour sortir de l�impasse�. Il s�agissait d�un �tat des lieux des r�alit�s sociopolitiques alg�riennes de l��poque ; une �tude �labor�e avec une rigueur et un discernement sans la moindre complaisance partisane. Affirmer, en ces ann�es de grande exaltation r�volutionnaire populiste, que l�Alg�rie �tait dans de graves difficult�s et qu�elle s�acheminait tout droit vers l�impasse fut qualifi� d�une h�r�sie folle. Il est vrai, que pour tout despote, un visionnaire sens� ne peut �tre qu�un h�r�tique mal�fique, qu�il convient d��loigner imp�rieusement de la dynastie r�gnante. Cette �tude, � peine diffus�e sous le manteau, fut imm�diatement d�clar�e subversive et interdite de publication et son auteur �loign� des sph�res du pouvoir et contraint � l�exil. Nous �tions en 1968, il y a de cela plus de quarante longues ann�es et la m�me gent continue � s�vir et � s�obstiner � ne pas vouloir prendre la juste mesure de l�engouffrement de la nation dans les zones extr�mes de l�impasse. Somme toute, une nation, qui, par orgueil ou par d�raison d�daigne et exile les hommes de qualit� � ceux gratifi�s de sagesse, ceux dou�s d�une intelligence sup�rieure, les hommes de culture et les braves, quand la patrie est menac�e � est une nation vou�e � l�incertitude, au d�sordre et � la longue condamn�e au d�clin inexorable.
Ce que je crois
Je ne suis, quant � moi, ni optimiste, ni pessimiste, ni fataliste. Je ne crois, surtout pas, que le temps, hors une volont� humaine puissante, puisse seul op�rer efficacement en faveur d�une �volution ascendante de l�homme. Je me pose seulement la question majeure, celle de savoir : comment allons-nous faire pour r�inventer et construire, dans la r�alit� des tensions antinomiques qui nous opposent, une Alg�rie r�concili�e, viable, fond�e sur des valeurs positives admises majoritairement (d�mocratie, justice sociale, moralit�, tol�rance, diversit� culturelle et pluralit� cultuelle), toutes ces valeurs, que nous avons, un demi-si�cle durant, m�thodiquement et fonci�rement bannies de la configuration civilisationelle de l�Alg�rie. En un mot, je pense avec conviction, qu�aucune de ces valeurs ne serait de nature, � elle seule, � faire �merger l�Alg�rie du d�sordre qui la dissipe. Seul un projet de soci�t� int�grant ces valeurs, adopt� par l�ensemble des forces vives de la nation, est susceptible de faire sortir l�Alg�rie de l�impasse. D�aucuns peuvent tenir cette vision politique d�utopique. Or, que faire quand historiquement nous nous trouvons confin�s dans l�effroyable alternative de �l�utopie ou la mort� ? Expression emprunt�e � Ren� Dumont, agronome-�conomiste fran�ais, sp�cialiste du tiers-monde. Bien infortun�e la nation � laquelle s�applique cette maxime de S�n�que, philosophe romain : �Il n�est pas de bon vent pour celui qui ne sait pas o� il va.� A mon sens, la d�mocratie formelle tant revendiqu�e, si elle n��tait activement et intimement �tay�e et anim�e par toutes les autres valeurs fondamentales, ne ferait qu�accentuer les malheurs de la nation d�j� fortement �prouv�e et la ram�nerait s�rement dix-huit ans en arri�re.
A. B.


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