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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
La grande harba (XXXI) Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 02 - 2010

Je te parlais, Meriem, et je voyais tes yeux s�illuminer � mes paroles l�ch�es comme une ribambelle de gosses joyeux dans les vagues du Club-des-Pins, aux premiers plongeons des �t�s renouvel�s, au temps o� la plage ne nous �tait pas interdite, au temps o� les dames des ministres se baignaient � nos c�t�s. Il est vrai qu�� l��poque, les dames des ministres vivaient avec nous, cette �populace� qui ne d�rangeait personne.
Maintenant, dans cette vaste prison dor�e entour�e de gratte-ciels habit�s par des millions de Chinois, j�imagine que les gens de la nomenklatura n�ont plus de probl�me pour dire aux nouveaux habitants : �Ici, c�est interdit aux �trangers !� Mais nous, au temps o� nous �tions Alg�riens, �tions-nous des �trangers pour �tre refoul�s aux portes de Club-des- Pins par des gendarmes ? Nos a�n�s nous racontaient pourtant que m�me au temps du racisme et des �interdit aux Arabes et aux chiens�, une certaine cat�gorie d�Alg�riens fr�quentait cette plage. Parole de Boualem, ancien postier et de Moh de l�EGA. Mais moi, je te parlais de l�Alg�rie sereine des ann�es 1970. Je te parlais des �t�s de jadis� Je te parlais de cette c�te magique, jalonn�e de superbes rivages o� les enfants des travailleurs avaient appris � barboter dans l�eau ; aucun espace ne leur �tait interdit. Apr�s le Mazafran, nous bifurqu�mes � droite, � la recherche de la paillote o� l�on servait l�une des meilleures paellas de la corniche. Douaouda Marine, un nom f�erique qui invitait � s�oublier sous le sirocco, pour une sieste r�paratrice apr�s un bon repas� Plus loin, c��tait Fouka Marine. Ah, Fouka Marine ! Tu ne la connaissais pas dans les ann�es 1970, ch�re Meriem. Tu n�as pas eu la chance que nous avions eue, nous reporters, de sillonner toute l�Alg�rie et de rencontrer tant de femmes et d�hommes qui nous ont fait davantage aimer cette terre. Parce que celle-ci est certes belle par l��tendue et la diversit� de ses paysages de r�ve, mais si tu avais connu, Meriem, les Alg�riens de l��poque, pas seulement ceux d�Alger, mais aussi ceux qui te c�toyaient � Oued Rhiou et que l�hypocrisie nouvelle t�emp�chait de rencontrer et ceux de toutes les r�gions, tu aurais certainement compris que la grande beaut� de cette g�ographie exceptionnelle �tait celle de ce grand amour du prochain, de la g�n�rosit�, de l�hospitalit�, du courage et du r�ve de justice et d��galit� partag� par toute une g�n�ration� Fouka Marine, c��tait ma destination du week-end quand j�habitais chez une tante � Fouka, situ�e � 1,5 km plus haut, au bout d�un petit chemin qui traversait de jolis vignobles. C��tait durant mes premiers mois de travail � Alger o� je me rendais � bord des cars de la TPSM qui stationnaient � quelle chance ! � rue de la Libert�, pas loin d� El Moudjahid, juste en face du cin�ma Triomphe. Cette tante habitait une petite villa coloniale, rue des Moulins. Les samedis, jour de repos hebdomadaire des journalistes, car le journal ne paraissait pas les dimanches, j�aimais me rendre dans un charmant restaurant qui avait une terrasse donnant sur la mer. La plage de Fouka n��tait pas des plus fr�quent�es. Les roches et les oursins chassaient les estivants. Mais des couples d�amoureux y venaient, malgr� tout, cherchant le calme. Au fait, Meriem, as-tu connu l�amour ? Tu m�as racont� ta petite histoire, tes mis�res, ton handicap physique, ton exploitation par des patrons v�reux. Et c�est en voulant crier ta col�re que tu as retrouv� la parole ! Et je comprends pourquoi tu n�as pas pu partir, toi aussi, en Sard�lie. Comme cet autre Alg�rien de Bouchegouf, l�ch� par les siens parce qu�il �tait malade mental. Je ne connais pas les raisons qui ont pouss� le planton de la radio de Tissemsilt � rester lui aussi ; le pauvre mourut d�ailleurs d�une crise cardiaque. Quelques jours plus tard, le fou de Bouchegouf, rest� seul dans toute une r�gion d�sert�e par sa population, trouva dans la conduite des locomotives gar�es sous l�imposante masse des silos, un moyen de s�amuser. Un jour, il acc�l�ra trop fort et la machine se renversa dans l�oued Seybouse, le tuant sur le coup. On ne trouva que son dentier plant� dans un cactus. Voil�, Meriem, l�histoire des trois Alg�riens qui ne sont pas partis lors de la �grande harba�, hormis, bien entendu, les ministres, les hauts cadres, les membres de l�arm�e et des services de s�curit� ainsi que les terroristes. Apr�s la mort des deux hommes, tu es rest�e la seule alg�rienne vivant en Alg�rie africaine et tu �tais consid�r�e comme le peuple tout entier. On te fit vit voter sur une liste o� tu �tais la seule candidate et la seule votante ; l�urne diabolique a sorti pourtant des millions de bulletins ! Puis, un jour, on s�aper�ut que tu �tais enceinte. Tu as certainement �t� viol�e par un sadique avant la �grande harba�. Le gouvernement �tait content car il y avait d�sormais deux Alg�riens dans le dernier recensement de la population. Ils voulaient exploiter ton image et te manipuler mais tu as refus�. Tu avais compris beaucoup de choses. Tu t�es lanc�e dans de dr�les d�aventures avec les Chinois et c�est avec eux que nous t�avons rencontr�e� Pourquoi tu m�accompagnais, Meriem, dans cet incroyable voyage de l�impossible et que cherchais-tu ? Que cherchait le pied-noir ? Et que cherchait notre quatri�me compagnon de voyage, l��mir terroriste, arr�t� par la gendarmerie � la gare d�Alger ? Moi, je voulais, enfin, l�entamer ce reportage pour lequel mon canard Le Midi de Sidi Cagliari m�avait envoy� ici. Ces Sard�les, revenus dans une �petite harba� en sens inverse, �taient passibles de lourdes peines. Depuis que le gouvernement avait chang� le code p�nal, la HSI (Harga en sens inverse) peut valoir � son auteur 10 ann�es de prison. Pourquoi tu tenais � venir avec moi � T�n�s ? Moi, je voulais la voir la grotte o� s��taient cach�s les HSI avant leur arrestation. Il me fallait un descriptif de ces lieux pour les besoins de mon reportage. Mais, toi, qu�y gagnerais- tu ? La zone devait �tre quadrill�e par les forces de l�ordre. Pourquoi prenais-tu ce risque ? Et lui, le pied-noir, ne devrait-il pas plut�t repartir en Sard�lie puisqu�il adorait l�ambiance des souks alg�riens. Ici, il n�y avait que des Chinois et nos anciennes villes �taient devenues de p�les copies des m�galop�les de l�empire du Milieu. Avait-t-il mang� un bon couscous depuis qu�il �tait l� ou d�guster des crevettes royales comme celles du Sauveur ? On racontait que son restaurant servait d�sormais des sp�cialit�s de la r�gion de Canton� Alors, viens, Meriem, viens sur la route de T�n�s� Viens d�couvrir avec moi cette r�gion envo�tante ! Revoil� Bou Isma�l qui avait dr�lement perdu de sa superbe. Son front de mer avait des allures de Riviera et nous y allions les dimanches pour savourer une magnifique soupe de poissons et les fameuses grillades de sardines. Inoubliables. J�avais un autre oncle qui habitait dans cette ville, au bout d�une longue rue bord�e de charmantes demeures, derri�re la monumentale mairie qu�on ne pouvait pas rater. Quand je me rendais chez lui, j�aimais tra�ner le pas pour mieux sentir les milles effluves des roses et autres fleurs pittoresques qui d�gageaient des parfums envo�tants. T�n�s �tait encore loin et nous avions le choix de nous y rendre en bifurquant vers Kol�a, Barbessa, le village agricole � qui n�est plus socialiste � de Tamezguida B�ni Chougrane ou de continuer vers Tipasa, Cherchell puis de voir s�il y a une route par la c�te. J�en connaissais, une � l��poque, la RN 11, mais aujourd�hui, avec ces terroristes qui avaient fait des maquis imp�n�trables leurs zones de pr�dilection, va savoir si on ne va pas tomber sur un BSB (Barbu plus barbu que les autres), un de ces �mirs dingues et sadiques qui pouvait ne pas vous tuer mais vous aurez la garantie d�attraper illico presto un diab�te ou une maladie cardiaque. Le dernier avait organis� le match de l�horreur. Allez savoir ce que nous r�servera le prochain ! Silencieux jusque-l�, le pied-noir, les yeux absorb�s par le paysage de la montagne verdoyante qui avait les pieds dans l�eau, me r�pondit � la place de Meriem : �Pourquoi aller vers les zones habit�es. Je connais la route d�El Asnam, puis la bifurcation vers T�n�s. C�est dangereux� Allons par la c�te�
- Oui, allons par la c�te, dit Meriem.
- Je vous avertis. C�est une r�gion infest�e de terroristes��
M. F.
(A suivre)
P.S. : Merci � ces lecteurs fran�ais qui m��crivent souvent. S�il y a parmi eux des pieds-noirs � c�est normal ! � je dois dire que j�ai �t� surpris par le nombre important de lecteurs qui ont s�journ� dans notre pays durant les ann�es 1970, sp�cialement dans les r�gions invoqu�es au cours des pr�c�dents articles, et qui continuent de vouer une admiration sans pareille � ces terres. Je me dois de leur dire, dans un souci de v�rit�, que les recommandations de leur diplomatie pour �viter de circuler dans notre pays, sont exag�r�es. La situation s�curitaire s�est nettement am�lior�e et le danger n�est pas plus grand que n�importe o� ailleurs. Sautez le pas ! Venez red�couvrir Toche, La Madrague ou El Milia. N�est-ce pas Jean- Pierre, Anna et Georges ?


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