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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
La grande harba (XXXII) Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 03 - 2010

Tagoura�t, B�rard, d�filait sur cette route rectiligne qui longeait la mer, tant�t d�fiant les vagues, tant�t �loign�e par quelque colline rocheuse peupl�e de v�g�tation indompt�e. Il n�y a pas si longtemps, ces rivages qui semblaient � premi�re vue inhospitaliers, accueillaient par milliers des familles fuyant le stress de la ville. Elles venaient avec toute la marmaille, les papys, les mamies et, parfois, les chiens.
On pouvait les voir attabl�es autour d�une bonne bouffe et les vieilles grand-m�res ajoutaient au tableau une note pittoresque avec leurs tenues traditionnelles bariol�es. Quant aux dames, elles portaient le ha�k ou venaient en �civilis�es� comme on disait � l��poque. Maintenant, les Chinoises ne portaient plus que le hidjab, un tissu import� d�Iran ou d�Arabie saoudite mais qui n�avait aucune origine chinoise ou locale. Les Alg�riennes de la grande harba, une fois d�barqu�es en Sard�lie, s��taient d�ailleurs r�concili�es avec les habits de leurs anc�tres. Meriem �tait habill�e comme n�importe quelle jeune femme moderne. Elle n�avait port� le hidjab qu�une seule fois, lorsqu�elle voulait tromper la vigilance de l��mir terroriste des monts de Kabylie et organisateur, � ses heures perdues, de rencontres de football �� sens unique ! Meriem �tait fatigu�e et le buveur de Jack Daniels proposa d�observer une halte. Nous nous isol�mes au milieu d�un fourr� peupl� de pins �lanc�s et �pais. Nous nous affal�mes sur l�herbe grasse� Nous f�mes r�veill�s par les cris d�un groupe de Chinois qui hurlaient dans notre direction et nous mena�aient avec des gourdins et des mahchoucha. Comme ils parlaient chinois, nous f�mes dans l�incapacit� de saisir la cause de cette exasp�ration. Voyant que nous ne les comprenions pas, ils appel�rent l�un d�eux qui avait une dr�le de mani�re de se tenir et de marcher. Il commen�a � d�biter machinalement des questions relatives � notre idiome. Il �tait capable de parler 131 langues et 255 dialectes ! Le pied-noir r�pondit : �nous parlons fran�ais�, mais Meriem rectifia : �nous parlons alg�rien !� Le polyglotte s�exprima en alg�rien et proposa au buveur de Jacks Daniel�s une traduction simultan�e. Il lui tendit deux �couteurs � pour une bonne st�r�o � et entama son long discours :
�Nous sommes des agents charg�s de prot�ger les bonnes m�urs. Nous sommes dirig�s par l�imam Sidi Tag Alamen Tag et nous avons pour mission de pourchasser les couples illicites, les buveurs de bi�re, les amateurs de zetla, les lecteurs de livres malsains comme �Faites de la gymnastique pour raffermir votre buste� et un tas d�autres �l�ments malades qu�il faut ramener sur le droit chemin. Celui qui vous parle est le robot de la quatri�me g�n�ration, Yimchi Wahdou, traducteur officiel de la s�rie 5A, sorti le 14 mars 2009 des laboratoires Osratoc de Sidi Abdallah. Vous devez nous suivre pour un contr�le d�identit� et pour r�pondre de vos m�faits.
- Quels m�faits ? dit le pied-noir.
- Attendez� Traduction du fran�ais au chinois et du chinois � l�alg�rien� Attendez� probl�me de circuit� Vos m�faits sont : couple illicite dans for�t� Grave atteinte � la religion� Il est dit dans le quatri�me chapitre de la �bonne conduite dans les zones isol�es en Alg�rie� que tout couple trouv� dans un fourr� doit �tre puni de 50 coups de cravache� Car il est dit qu�un couple qui regarde la nature ou lit des po�mes n�a pas besoin de s�isoler dans des coins d�serts� s�il le fait, c�est qu�il y a anguille sous roche et m�me plus�
- Mais nous ne sommes pas un couple. Nous sommes trois.
- C�est plus grave. Il est dit dans l�alin�a 1 du quatri�me chapitre : �Quand deux femmes et un homme ou deux hommes et une femme s�isolent, ce n�est certainement pas pour regarder la nature ou lire des po�mes. Pour cela, on n�a pas besoin de s�isoler dans des coins d�serts� s�ils le font, c�est qu�il y a deux anguilles sous roche et m�me plus��
- Mais ils sont malades ! Ce n�est pas possible�
- Ils ont appris cela des n�tres. Je sais que, dans l�ancienne Alg�rie, des couples ont �t� conduits au tribunal pour une simple promenade au milieu de la nature. C��tait du c�t� d�Annaba.
- Mais �a, c��tait quand les int�gristes avaient le pouvoir sans l�avoir. Enfin, votre d�cennie noire. J�ai lu pas mal d�articles sur ce sujet. Katia, une fille tu�e par les islamistes parce qu�elle refusait de porter le hidjab. Des femmes seules � Hassi Messaoud attaqu�es et viol�es par des l�ches� Je sais tout cela ! Mais, bon sang, les Chinois, c�est des gens modernes�
- Taisez-vous� Surtout toi, le vieux Roumi� Paroles subversives� �
Une sir�ne stridente retentit et un voyant rouge commen�a � clignoter sur la t�te du robot. La dizaine d�agents des bonnes m�urs comprirent alors qu�ils avaient affaire � de dangereux criminels� Tout cela �tait de la faute du buveur de Jack Daniels. Pourquoi parler de Katia et des femmes de Hassi Messoud ? Les int�gristes commettaient les pires calamit�s mais ne voulaient pas en assumer la responsabilit� Quand vous leur rappeliez leur implication dans la trag�die qui avait secou� le pays et toutes ses s�quelles, ils avaient toujours la bonne r�ponse pour se d�biner : �Nous ne sommes pas des terroristes. Ce sont des voyous et des bandits qui font �a !� Pourtant, c�est leur discours de la haine et leur programme id�ologique qui �taient � la base de toutes ces d�rives. Nous f�mes conduits dans une hutte o� se tenait, �parpill� sur une natte, leur fameux Sidi Tag Alamen Tag. Il avait une sale gueule et pesait, au moins, 185 kg. Ses yeux �taient riv�s sur Meriem. Salaud ! Pour un chef des �bonnes m�urs�, il avait une dr�le de mani�re de reluquer le buste du peuple alg�rien. Le pied-noir �tait choqu� mais moi, je les connaissais. Beaucoup, parmi eux, �taient de parfaits hypocrites. Ils pr�chaient la fid�lit� dans le couple, les grandes valeurs morales et condamnaient avec une extr�me vigueur tout comportement �illicite� en mati�re de rapports entre les sexes. Mais d�s qu�ils en avaient l�occasion, ils sautaient sur leur proie comme des vautours, la bouche baveuse et l��il lubrique ! D�ailleurs, nous f�mes invit�s � sortir, sauf Meriem ! Encore ! Cela me rappelait le comportement de l�autre BPB (Barbu Plus Barbu que les autres) de Yakouren. Nous refus�mes de quitter les lieux. L�un des agents sortit une cravache et commen�a � nous fouetter. Nous nous ru�mes sur lui et l�envoy�mes mordre la poussi�re en dehors de la cabane. Profitant de la confusion, Meriem saisit une mahchouha et la mit sous la gorge de Sidi Tag Alamen Tag. Les autres �l�ments furent comme m�dus�s. Ils devaient le v�n�rer ce vieillard malade� Nous nous �loign�mes avec notre otage. Le robot traducteur fut charg� de pr�venir le groupe qu�en cas d�attaque contre nous, Tag Alamen Tag monterait aussit�t au ciel, et pas au septi�me ! Une fois sur la route de Tipasa, nous le ligot�mes � un arbre avec cette pancarte : �Sidi Matag Alawalou�. Quelques kilom�tres plus loin, nous d�couvr�mes le site majestueux du village touristique de Tipasa, rebaptis� : La pagode f�erique. La physionomie g�n�rale de ce qui fut, jadis, le Club Med, n�avait pas chang�. Les cubes blancs, diss�min�s dans le vert des premi�res collines surplombant une mer d�un bleu limpide, donnaient au village l�allure d�un collier de perles scintillantes au milieu de leur �crin de velours, aux tons oscillant entre l��meraude et l�azur. Le pied-noir admira ce d�cor de r�ve et proposa un petit d�tour par le club, histoire de se d�salt�rer et de r�cup�rer des forces, avant de reprendre la route. Plus loin, la RN 11 allait quitter la mer pour contourner le mont Chenoua�
Le pied-noir �tait heureux : �Ils doivent avoir du Jack Daniels ici !
- �a m��tonnerait, r�pondit Meriem, avec tous ces agents des �bonnes m�urs� !
- Ils doivent �tre � la recherche de Sidi Machin� Ce salaud, j�aurai d� l��trangler ! Des Chinois ! Ce n�est pas possible ! Qu�est-ce qui les a pris ?�
A suivre


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