En moyenne une tour de 16 étages rapporte près de 200 millions de centimes par an à Gestimmo, filière chargée de la gestion des sites Aadl. Une cité de près de 1500 logements comme Les Bananiers, dans la commune de Mohammadia, fait engranger à cette entreprise la bagatelle de 5 milliards chaque année, montant que versent les locataires, sans pour autant que ces derniers bénéficient des prestations consignées noir sur blanc dans le contrat remis lors de la remise des clés. Sans rentrer dans le détail des chiffres après la virgule, nul besoin de recourir à la calculette pour savoir que des centaines de milliards vont dans les caisses de l'Aadl via sa filière Gestimmo créée pour gérer les centaines de sites à travers le pays. En retour, cette dernière dont les obligations sont avant tout d'assurer des prestations à hauteur de l'argent provenant des charges payées rubis sur l'ongle, sans rechigner puisque tout simplement compris dans la facture globale du loyer, s'inscrit en faux avec l'esprit des dispositions contractuelles liant les deux parties, locataires et Aadl. Cette situation est vécue par les locataires comme une arnaque. Quand Tebboune prônait l'Eden Au risque de tirer sur une ambulance, l'on ne peut s'empêcher de revenir à l'épisode de l'ancien ministre de l'habitat, Abdelmadjid Tebboune, qui, à son arrivée à la tête du secteur en 2012, n'y a d'abord pas été avec le dos de la cuillère vis-à-vis de son prédécesseur, jetant sur lui l'opprobre jusqu'à effacer d'un revers de la main les efforts consentis par Noureddine Moussa et son équipe par la remise en cause des chiffres liés à la réalisation. Mais là, c'est une autre histoire. Cependant, Tebboune avait inscrit à son tableau de bord la reprise en main de la situation de l'Aadl baignant dans l'incurie. La création d'entreprises de jeunes pour gérer les sites était alors à l'ordre du jour. La propreté des cités en engageant des micro-entreprises issues de l'Ansej. Qu'à cela ne tienne, une initiative, quoique populiste, mais saluée par tous, d'autant qu'elle vise à résorber le chômage parmi les jeunes. En grande pompe, des formations sont prodiguées à ces jeunes, notamment au chapitre maintenance des ascenseurs. Parallèlement, des entreprises spécialisées sont affectées à l'entretien et la propreté des immeubles. En fait de spécialisation, le terme est un peu fort dans le sens où les dites entreprises n'avaient pas les moyens de leur prétention. Qu'on en juge : deux sceaux, une serpillière, un frottoir et le tour est joué. Inutile de revenir sur le résultat quand on sait que la main-d'œuvre est recrutée dans la rue parmi des personnes lambda n'ayant aucune expérience de ce métier exigeant, faut-il le rappeler, un sens aigu de l'hygiène. Des épaves en guise d'ascenseurs Restons dans le plan d'urgence lancé en grande pompe. Il faut rappeler que le souci de construire le maximum de logements sur des espaces réduits a fait opter au système IGH (immeuble à grande hauteur), hâtivement adopté car présentant un certain nombre de contraintes, en particulier les colonnes montantes et les ascenseurs. Le revers de ce choix, on le constate aujourd'hui avec les problèmes récurrents de la pression d'eau soumise au bon vouloir de la Seaal, ce qui, avec les coupures intempestives, ajoute un cran au stress quotidien des ménages. Pour venir à bout de cette hantise, les locataires de certains sites se sont organisés en s'équipant d'une motopompe collective destinée à refouler l'eau jusqu'au plus haut point de l'immeuble. Pourtant, tous les sites sont munis d'une bâche à eau, mais les pompes de refoulement, à défaut d'un entretien régulier, ont rendu l'âme au bout de quelques années. Pour revenir aux ascenseurs, autant dire tout de suite que leur maintenance a toujours été superficielle. La quasi-totalité de ces commodités fonctionne de manière abracadabrante. D'abord, il y a lieu de savoir qu'un ascenseur sur deux que compte une tour est en panne. Bien que généralisé à une grande majorité des sites, nous avons pris comme exemple, la tour 2 de la cité la Concorde à Bir Mourad Rais où la situation reflète ce qui se passe ailleurs, sinon pire. L'arrêt du deuxième ascenseur sonne ici comme une fatalité et les locataires ont pratiquement oublié jusqu'à son existence. Et dire que l'installation de deux appareils répond à deux objectifs, celui de limiter le temps d'attente des utilisateurs, notamment en période de pointe, et d'assurer un équilibre en répartissant la charge. Mais c'est l'autre mensonge concernant la compétence des réparateurs d'ascenseurs. A les voir à l'œuvre, l'on se rend compte tout de suite qu'il s'agit plutôt de bricoleurs dont la renommée s'arrête au simple bouche à oreille. Lors d'une intervention, l'un d'eux devant «délivrer» deux dames coincées dans un ascenseur récalcitrant est intervenu sur l'appareil d'une seule main pendant qu'il tenait entre les dents un gobelet de café. Vu et certifié. Au lieu de réparer l'ascenseur en hibernation, les pseudo-techniciens préfèrent la solution facile en dépouillant ce dernier de ses pièces afin de remettre en marche le second appareil, et du coup, pourquoi pas les ascenseurs d'autres sites. Ainsi, l'ascenseur déchargé de ses pièces, parfois essentielles, ressemble à une épave dont la réparation coûteuse devient impossible à la trésorerie de Gestimmo. Comme quoi la politique du bricolage semble toute indiquée à ces adeptes de Machiavel. Gardien d'immeuble, dites-vous ? La réglementation de l'Aadl, version 2012, prévoit de confier la mission de gardien d'immeuble au seul couple, soit le concierge qui doit s'occuper de l'extérieur de l'immeuble avec toutes les fonctions y afférentes, y compris le balayage des alentours, alors que son épouse a pour tâche le maintien de l'intérieur (hall et escaliers) en état de propreté. Six ans après, les dispositions de cette réglementation n'ont jamais connu d'application. Gageons que c'est déjà dans les oubliettes. Même la mission dévolue au concierge lors de la création de l'Aadl est en train de s'étioler pour laisser place au comportement capricieux de cet homme dont le rôle s'est rétréci à faire la distribution et le ramassage des quittances de paiement. Bien sûr que certains d'entre eux sont consciencieux et s'acquittent de leurs tâches comme consigné dans leur contrat d'engagement. Beaucoup, en revanche, oublient leurs obligations vis-à-vis des locataires, oubliant du coup que c'est grâce aux charges payées par ces derniers que leurs salaires sont mensuellement versés. De contrepartie il n'y en a point, sinon très peu. Les résidents de la tour 2 de la cité la Concorde pour ne citer encore une fois que celle-ci, en ont gros sur le cœur à ce propos. Le gardien, un adepte de l'absentéisme, manque à l'appel à chaque fois que les locataires ont besoin de lui. Cette tour, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, est caractérisée par un lot de privations. Pas de femme de ménage, un ascenseur capricieux, des citernes fuyant comme des passoires, contraignant les résidents à des coupures fréquentes. Ces problèmes à la pelle, résultat d'une gestion loin d'être à la mesure des attentes, ont un impact direct sur les ménages dont beaucoup ont achevé de payer leur logement. Ils continuent néanmoins de s'acquitter des charges chaque mois. Des charges fictives en somme, qui les laissent pantois lorsque les prestations ne sont pas assurées. La question qui reste en suspens dans ce cas est de savoir où va l'argent des charges se chiffrant en milliards pour un seul site ? Peut-on espérer une réponse des responsables du secteur ?