Dans le souci, peut-être, d'alléger le manque de foncier destiné à la réalisation des programmes location-vente (Aadl), le gouvernement a opté pour les immeubles à grande hauteur (IGH) dans les grandes villes du pays et en premier lieu Alger où la question se pose de manière cruciale. Ainsi, des cités de ce genre de formule ont émergé un peu partout avec leurs tours de 15 et 16 étages dont on n'a pas tari d'éloge lors du lancement des programmes en matière de commodités afin de soulager le quotidien des familles. Distribution de l'eau en système dit de parapluie, vide-ordures à l'étage, 2 ascenseurs par cage, femmes de ménage et gardiens en nombre suffisant, parkings assurés, etc. Que reste-t-il aujourd'hui des promesses d'hier ? En faisant le constat, l'Aadl n'a pas de quoi pavoiser. Les locataires ont fait leur deuil et tentent, autant que faire se peut, de se prendre en charge. La majorité des sites fonctionne actuellement avec un effectif réduit de gardiens, absence de femmes de ménage, vide-ordures celés, parkings squattés par des organismes étatiques (c'est le cas à la cité la Concorde de Bir Mourad Raïs). Quant aux ascenseurs, le talon d'Achille des programmes Aadl, c'est plutôt le calvaire. Aucune cité n'est épargnée. Au site La Concorde, composé de quatre tours de 15 et 16 niveaux, deux ascenseurs sur huit sont encore en état de fonctionner, mais généralement boudés par les locataires en raison de blocages fréquents. A ce propos, il y a lieu de revenir sur les différents incidents survenus à ces mécaniques dont la provenance reste douteuse. Les cas où des locataires restés bloqués à l'intérieur de ces boites sans extracteur d'air sont nombreux. Certains appareils sont un véritable danger pour les utilisateurs. Idem pour les autres cités Aadl, à l'image de celles de bab ezzouar 1 et 2 où les mêmes lacunes sont signalées. Les problèmes d'hygiène, d'ascenseur et d'infiltrations d'eau de pluie y sont légion. Un citoyen témoigne avoir signalé il y a deux années des infiltrations d'eau, sans que les services en question ne bougent le petit doigt. L'annonce par le ministère de l'habitat de confier ces cités à des groupes de jeunes portant des projet Ansej a fait long feu. Aussitôt installés et au moment où ils commençaient à lancer des opérations de viabilisation, cette initiative a été annulée, au grand dam des locataires, qui pourtant y voyaient un début de résolution de leurs problèmes. Incidents… Déréglés, donc ne répondant à aucun contrôle humain, des appareils fous ont donné aux usagers des sueurs froides. On peut citer le plus récent, il y a quelques jours, au site d'El Achour où une dame et son bébé ont failli passer de vie à trépas à cause d'une grave défaillance électrique de l'ascenseur. L'incident est arrivé au moment où la maman s'apprêtait à récupérer son petit qui était dans une poussette à l'intérieur de l'ascenseur au rez-de-chaussée. L'appareil qui s'est emballé brusquement est remonté au dernier étage à une vitesse folle. La mère saute dans l'ascenseur avec la jambe traînée à l'extérieur jusqu'à l'étage supérieur. L'appareil a continué sa lancée jusqu'au 14e étage où le concierge et les voisins ont pu faire sortir l'infortunée et son bébé. Cet incident qui n'est pas rare, il faut le dire, renseigne clairement sur le constat des lieux des cités Aadl où la maintenance n'est qu'un vain mot. Un spécialiste dans la maintenance raconte à ce sujet que les ascenseurs installés dans la grande majorité des immeubles ne sont pas fabriquées par des groupes reconnus mondialement. Beaucoup de ces machines pour ne pas dire toutes ne répondent pas aux normes exigées. Selon le spécialiste, l'Aadl a porté son choix sur les fabricants à bas coût au détriment de la qualité. D'aucuns parlent de vieux équipements repris en raison des prix moins élevés. Même si l'Aadl réfute ces déclarations arguant d'un côté, le manque de qualification des agents affectés à la maintenance et de l'autre, l'incivisme des locataires qui utilisent les ascenseurs comme monte-charges. Si dans une certaine mesure on peut concéder le manque de civisme de quelques locataires, on ne peut tout de même pas généraliser cette idée. En revanche, on ne peut que rester sidéré par le fait que l'Aadl ne puisse pas disposer de personnel qualifié pour la maintenance des ascenseurs. Comment désigner des agents réparateurs (appelés pourtant techniciens) non reconnus en tant que tels et leur confier une aussi importante responsabilité ? Mais il faut rafraîchir la mémoire de ceux qui ne veulent rien savoir sur leurs fautes et leurs erreurs. Il y a environ deux ans, une enquête diligentée par le ministère de tutelle a conclu que la majorité des ascenseurs installés au niveau des anciens programmes Aadl n'est pas conforme aux normes internationales de sécurité et qu'il était question de les retirer ou de revoir leurs mécanismes. Mais sitôt la crise économique en place, plus un mot sur le sujet. Tout ce qu'on peut vous répondre à Gestimmo, filiale Aadl, c'est d'attendre que la pièce arrive. Des locataires s'étant proposés de se prendre en charge à cet effet ont reçu un niet sans appel de la part des responsables de Gestimmo.