Khadidja Hamsi est une artiste polyvalente qui a plusieurs cordes à son arc. Cette grande dame est connue notamment, dans la création et l'innovation dans l'habillement féminin kabyle, mais aussi l'étude et la réhabilitation des symboles traditionnels, l'architecture et l'aménagement d'intérieur, les chants du patrimoine, le cinéma (interprète, et conceptrice-réalisatrice de costume). Née à Béjaïa, Khadidja Hamsi a côtoyé, durant son parcours, les plus grands noms de la scène culturelle, intellectuelle et artistique en Algérie, à l'image de Mammeri, Kateb Yacine, Issiakhem, Benmohamed et Ali Zamoum. Depuis sa tendre enfance, elle s'est distinguée dans la couture et la broderie moderne. A l'âge de 13 ans, elle commençait déjà à créer des habits et des trousseaux de mariage pour les jeunes filles de son village. Elle s'est installée à Alger dans les années 1970. C'est là qu'elle se perfectionna et approfondit ses connaissances, encouragée par son époux, Si Bouzid. Création «Elle sort la robe kabyle du folklorisme ambiant par le choix de tissus nobles, le recours à des lignes de coupes alliant authenticité, modernité et surtout par l'introduction de broderies en signes et symboles anciens dont elle a minutieusement étudié les significations et adapté les utilisations. Ses œuvres ont immédiatement séduit les cercles diplomatiques et sphères citadines d'Alger», témoigne les gens qui l'ont connu. A partir de là, elle a commencé à exposer ses nombreuses créations en Algérie, et à l'étranger, où elle a eu plusieurs distinctions. Elle a également participé en tant que costumière dans plusieurs long métrages, tel «La montagne de Baya» de feu Azzedine Meddour. Lors d'un hommage qui lui avait été rendu en Novembre dernier, l'écrivaine et intellectuelle Djoher Amhis avait déclaré à son sujet : «Je connais Khadidja depuis plus de trente ans. C'est une battante, elle a toujours des projets dans la tête, et des idées abondantes. Elle a pu réaliser son rêve de maison méditerranéenne à Azeffoun, entièrement décorée de ses mains, et où elle restitue la maison traditionnelle kabyle. Elle s'est débattue toute seule, et a donné le meilleur d'elle-même, mais hélas, elle a renoncé à ce projet». «Je suis profondément peinée. J'ai eu l'occasion de visiter cette maison à Azeffoun. J'étais séduite par la magie des lieux, dans un cadre exceptionnel, au bord de la mer. Un véritable havre de paix et d'authenticité». Œuvres d'art La même auteure rapporte également que «Khadidja protège notre patrimoine. Ses créations de couturière sont de véritables œuvres d'art. Il faut, sans cesse, détecter, interpréter les motifs symboliques qui, entre ses mains, racontent toujours une histoire. Un simple objet subit une véritable métamorphose, un vieux tamis, entre ses mains, devient un objet d'art. Elle a l'art de créer un environnement dans lequel on se sent en symbiose. Il m'arrive de sentir une véritable émotion esthétique devant ses créations. Grâce à elle, l'art algérien a dépassé les frontières. Elle a ressuscité un riche patrimoine, occulté par des idéologies réductrices, et surtout, ignorantes. Ses expositions, tant en Algérie qu'à l'étranger font l'événement, et drainent un large public, connaisseur. Elle a été l'une des premières, avec Mouloud Mammeri et tant d'autres, à ressusciter le patrimoine, à le valoriser et désaliéner des générations». La maison d'Azeffoun Khadidja qui possède une maison unique en son genre à Azeffoun, décorée complètement par des motifs Amazigh, se dit que c'est son œuvre à laquelle elle tient beaucoup. «Cette maison d'Azeffoun est inspirée par ma jalousie pour notre patrimoine et notre culture. Quand je vois ce que font les autres peuples de leur patrimoine, je me dis pourquoi pas nous. Pourtant nous avons un des patrimoines les plus riches. Il faut bien mettre notre patrimoine en valeur. C'est une maison méditerranéenne inspirée de la maison kabyle», dit-elle. Le SG du HCA, M. Si El Hachemi Assad avait déclaré que «les nombreuses œuvres de Khadidja Hamsi seront mises à la disposition des chercheurs et des écrivains» avant d'ajouter : «ce patrimoine porté par cette grande dame, est un patrimoine à partager. C'est une mémoire généreuse, et c'est important de faire cette passerelle avec les jeunes universitaires qui s'intéressent au patrimoine. Pour valoriser le patrimoine, il faut le faire avec ceux qui le portent.» Il avait proposé pour que le travail de l'artiste soit mis en valeur sous forme de collections et doit être visible sous forme d'un beau livre, que «le HCA peut prendre en charge, avec l'accord de l'artiste». On ne sait pas où en est le projet. Il est souhaitable que cette artiste soit invitée à exposer ses œuvres.