Plus de trente ans après avoir quitté l'Algérie pour tenter sa chance ailleurs (au départ en France avant de s'installer en Belgique où il vit actuellement), il revient dans son pays et y expose pour la première fois. C'est le retour de l'enfant prodigue. Il revient les bras chargés : deux expositions “Paroles tissées” et “la Terre est mon village” qui sont visibles depuis mardi à la galerie Baya du Palais de la culture Moufdi-Zakaria. Un événement organisé par la délégation de Wallonie-Bruxelles à Alger. “Paroles tissées” - qui à l'origine une exposition itinérante – est un ensemble de toiles (38) tout en hauteur réalisées comme un kakémono. Des panneaux couvrent les différents murs de cette salle d'exposition. C'est une restitution de ses origines, à savoir la culture tamazight. Des motifs, des symboles, des signes à répétitions (main de Fatma…). Le visiteur a “l'impression de se trouver devant une ‘écriture' mystérieuse, à la fois idéographique et pictographique”. En réalité, c'est une reprise des différents signes avec lesquels les femmes berbères décorent les objets en les poteries qu'elles fabriquent, et les murs intérieurs de leurs maisons. Des motifs, porteurs de sens, qui ont une portée superstitieuse. Loin de former une écriture, ces œuvres vues de loin constituent un ensemble, voire une forme aux contours fluides où le mouvement est aérien, utilisant comme support le papier peint souple dont la texture permet de mieux accrocher la couleur et le dessin. Bicolores, ces panneaux sont une réinvention, une réinterprétation personnelle d'une culture ancestrale qui à travers son travail artistique esthétique s'approprie une autre dimension celle du “herz” (talisman) où la parole vogue à tout-va, et ce, avec toute la symbolique qu'elle véhicule. Dans “la Terre est mon village”, c'est une ode à sa Kabylie natale, cette région de l'Algérie qui l'a vu naître, grandir pour ensuite la quitter. Vingt tableaux aux couleurs éclatantes, chatoyantes, chaudes, rayonnantes. Ce sont des tranches de vie dans un village de Kabylie. Des scènes de marché, des rituels, des natures mortes… Appartenant à l'art naïf, cette collection met en avant la diversité du talent de l'artiste. Le détail prime, ce qui fait ressortir la couleur. Comme des lumières que diffuse le reflet du soleil sur un morceau de verre. Un contraste avec les panneaux qui entourent ces œuvres. Une simplicité dans l'exécution, avec une ouverture dans l'interprétation. Un travail d'évocation, de mémoire, rappelant les us et coutumes d'antan. Il remet au goût du jour la banalité du quotidien que la course contre le temps nous a fait oublier. Des moments de quiétude, de sérénité qui ont déserté notre vie. “Paroles tissées” ou “la Terre est mon village”, Hamsi Boubeker peint l'Algérie dans toute sa richesse, sa splendeur, révélant un talent dégagé de toute contrainte esthétique. Ses œuvres sont une mise à nu de son cœur, de son âme. Il peint l'authenticité. Que ce soit avec de l'acrylique ou de l'encre de Chine, l'artiste traduit le geste sûr, souple, mais également le regard sensible à la beauté, à la sincérité. De la douceur dans un monde de brutes. Une fenêtre ouverte sur une enfance radieuse. Réminiscences du passé, fulgurance et éclatement des couleurs, la peinture de Hamsi s'inscrit dans l'universalité par son détachement de toute règle d'esthétique. A I