La crise politique que traverse le pays depuis le 22 février a eu des conséquences non seulement sur le plan politique, mais aussi sur le secteur économique et de l'emploi. Reportage réalisé par : Z. C. Hamri D'ailleurs, et se référant aux statistiques faites par les économistes, des milliers de travailleurs qui risquent de perdre leur postes de travail, notamment ceux exerçant au sein des entreprises relevant du secteur privé. C'est une véritable impasse pour les entreprises porteuses de richesses pour le pays et qui malheureusement risquent de mettre les clés sur le paillasson. C'est le cas de l'Entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiments (ETRHB) qui a donné une bouffée d'oxygène pour l'économie nationale, mais aussi qui a pu absorber le chômage au niveau du territoire national. Quelles est l'avis des responsables du Groupe ETRHB et des travailleurs sur l'avenir de cette entreprise, notamment après l'incarcération de Ali Haddad ? Quel serait l'avenir des travailleurs au niveau local qui sont au nombre de 2 300, au cas où l'entreprise remettrait les clés sous le paillasson ? Pour répondre à ces questions. Reportage. 23 000 employés risquent de perdre leur travail Incertitude, inquiétude, visages pâles et peu enthousiastes des responsables et des travailleurs, climat très tendu… C'est ce qu'on peu retenir de la virée effectuée, avant-hier au niveau de l'ensemble des unités et des bases affiliées au Group ETRHB Haddad installées au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, en l'occurrence Depresto au Centre-ville et l'Unité chaudronnerie et pièces spéciales implantée à la zone industrielle de Oued Aïssi. Il était 11heures passées de quelques minutes. L'activité se fait timidement pour ne pas dire qu'elle est presque à l'arrêt au niveau de la base centrale de maintenance du matériel sise à Taksebt. Un état des lieux déplorable qui s'est dégradé suite à l'incarcération du patron, Ali Haddad arrêté, le 31 mars dernier. Cela semble avoir des répercutions très lourdes sur l'entreprise et la masse ouvrière qui risque de se retrouver au chômage. Pour leur part, les travailleurs affichent leur soutien indéfectible qu'ils portent au patron et à l'entreprise dont l'objectif est de sauvegarder leurs emplois. Ils rejettent les rumeurs qui circulent ces derniers jours portant sur la dissolution du Groupe, en s'engageant d'aller jusqu'au bout pour sauver le groupe et leurs postes de travail. «Je travaille depuis 2001 au sein de cette entreprise, je suis venu d'Oran et grâce à l'entreprise que j'ai pu avoir un abri et subvenir aux besoins de ma famille», dira Mouloud Tiliouane, un travailleur au niveau de la base centrale de maintenance. Les travailleurs rencontrés sur place étaient unanimes : «nous irons jusqu'au bout pour défendre l'entreprise quelles que soient les conditions !» «Nous ne pouvons pas imaginer un seul instant que l'entreprise mettra la clef sous le paillasson, sachant qu'elle avait un caractère social et au service du travailleur», dira Ali Akniouane. «L'entreprise est ma deuxième famille. Pour moi, s'ils ferment l'entreprise, c'est comme s'ils fermaient la porte de mon domicile», dira un autre travailleur. Les travailleurs s'interrogent sur leur devenir professionnel en cas où l'entreprise fermera ses portes. «Où ira-t-on pour poursuivre notre carrière professionnelle ?», s'interrogent-ils. Les travailleurs prédisposés à défendre l'entreprise Même son de cloche chez les responsables et cadres du groupe qui souhaitent que la situation soit résolue dans les plus brefs délais à l'effet de sauvegarder cette entreprise. Ils s'inquiètent non seulement de l'avenir de l'entreprise, mais aussi de celui des travailleurs qui ont mené leur travail avec abnégation et qui étaient au service du groupe depuis près d'une vingtaine d'années. Une inquiétude qui s'est affichée sur les visages des responsables rencontrés sur place. Ils avouent que la situation qui prévaut au niveau du Groupe est très difficile et le climat est inquiétant ces derniers jours. «Tout le monde s'inquiète de l'incarcération du patron et du devenir de son entreprise qui constitue le gagne-pain pour 2 300 travailleurs, à cela s'ajoute les intervenants et les sous-traitants de l'entreprise», dira Mehdi Akniche, responsable du matériel du Groupe ETRHB à Tizi-Ouzou. Il est à préciser que pas moins de 2 300 travailleurs exerçant au niveau de ce groupe au niveau local qui risquent de se retrouver sans poste de travail et qui seront confrontés au fléau du chômage. «C'est un climat très difficile. Les ouvriers ne sont donnent pas à fond car ils ne savent pas quoi faire par rapport à l'état actuel qui patauge au sein de l'entreprise. Alors il est temps de penser au devenir de ces personnes», dira Abderrahmane Adjmout, responsable du service des ressources humaines au niveau de la Direction générale du matériel du groupe au niveau local. Ce qui a attiré notre attention, c'est bien le climat statut quo qui plane au niveau de cette base, puisque les engins étaient à l'arrêt au niveau du parking. 13 heures. Direction vers l'Unité chaudronnerie et pièces métalliques spéciales implantée à la zone industrielle de Oued Aïssi. Cette fois-ci, le climat est différent, puisque l'activité était en marche et les ouvriers étaient en plein exercice. Pour les responsables, cette dynamique ne pourra pas perdurer dans le temps en cas où la situation d'incertitude et de flou sera de mise. «Je dirais qu'à l'heure actuelle, nous avons sensibilisé les employés de faire leur travail d'une manière convenable. Mais il faut savoir que cette unité puisse continuer le travail, elle doit être alimentée en matière première et en consommable. Mais si la situation perdure, nous ne pouvons pas continuer à travailler dans l'avenir», dira Abdelmadjid Hamadou, directeur de l'Unité de chaudronnerie et de pièces spéciales. Séparation des conflits politiques du secteur économique A la fin de notre virée, il est à retenir que les travailleurs et les responsable sont bien déterminés à défendre le Groupe, quel que soit ce que l'avenir qui leur soit réservé. Cette situation qui prévaut au sein de l'ETRHB a suscité l'intérêt des spécialistes en économie qui font appel aux pouvoirs publics de sauvegarder les emplois des travailleurs de ce groupe qui devra être un chemin de bataille, mais aussi d'éviter de confondre entre l'entreprise en tant que direction et en tant qu'une actrice économique, c'est le point de vue de Belkacem Boukherouf, spécialiste en économie et enseignant au département des sciences économiques de l'Université de Mouloud Mammeri (Ummto). «Si on reproche des choses à l'entreprise, elle a ses responsables et des dirigeants pour se présenter devant la justice». Boukherouf a insisté à ce que l'entreprise reste telle qu'elle est et c'est un objectif fondamental. En se référant aux lois, le même spécialiste a indiqué que l'erreur fondamentale serait si on crée un conflit économique pour résoudre un conflit politique. «L'intérêt national est de mettre en avant la protection des acquis de cette entreprise et préserver les emplois». «Je pense que l'isolement de ce groupe ETRHB serait un arbre qui cache la forêt». Pour lui, les questions économiques doivent être réglées d'une façon douce, de sorte à ne pas casser la fragilité du secteur économique, conclut-t-il.