Ces temps-ci, on ne peut pas dire que la Justice est en chômage technique. Son balancier fait le va-et-vient et, avant procès, d'appels en contre-appels, pas sûr qu'il prenne des vacances cet été. Et si le temps est nécessaire à la justice, comme l'affirment souvent les magistrats, il est des ordres, ajournements, pirouettes, renvois, contre-ordres, contradictions qui font que ce balancier dandine d'un pied à l'autre, en prenant son temps. Que ceux qui font le pied de grue, stationnés aux abords du tribunal de Sidi M'hamed par exemple, prennent leur temps aussi. Aussi, et sans défendre quiconque, toute une famille «décapitée», illico presto et mandat de dépôt aidant, ça n'est que pour amuser la galerie. La sentence finale des affaires liées à des ex-Premiers ministres, ministres et gros bonnets politiques, ça n'est pas demain la veille. Hé oui ! le temps de la justice tutoie l'éternité, histoire de ne pas salir le haut rang. Pour les autres, le menu fretin, ils auront droit à la comparution immédiate et se retrouveront sous les écrous avant même d'avoir pu comprendre ce qu'est la présomption d'innocence. Ça serait dérisoire si les petits malfrats, les gibiers de potence à la petite semaine payaient et revenaient repentis et sages à la vie normale. Mais non, il y a maldonne quand le judiciaire a été soigneusement constitué pour, finalement, ne trancher qu'à la date qui convient à un agenda politique. C'est comme ça, il y a des décisions prises dans l'instant, pendant que d'autres jouent les prolongations… Que ceux qui ferraillent pour qu'il y ait un Etat de droit dans notre pays prennent leur mal en patience. Entre butins, rentes ou clans partisans, un registre de commerce aurait été mieux adapté contre les gros prédateurs, en col blanc. Quant à la corruption en société, les exemples pullulent pour les choses qui fâchent. En fait, ce qui s'est passé dans les milieux du pouvoir, en termes de corruption et de clientélisme, était prévisible car, plus ou moins accepté ! Et, nul besoin de citer des noms, connus ou inconnus en société, pour affirmer qu'un grand «ghachi» est impliqué, impacté par le phénomène et ce, au vu et au su de magistrats, lestés aux directives dictées par téléphone. Aussi, cet appareil judiciaire vieillot se doit d'être épuré. Il constitue la base fondamentale de l'Etat de droit et, ce sont les jeunes recrues qui peuvent améliorer les choses, pas le rond-de-cuir balancier, dénoncé par le Syndicat national des magistrats, him self. Un syndicat qui se réveille enfin, mais mieux vaut tard que jamais. Il n'est pas dans la «contre-révolution», mais il est conscient que certains «collègues» préféreraient le temps bénis des ministres de pacotille, de la justice rendue par téléphone. Si le changement annoncé aboutissait, ces ripoux auraient beaucoup de mal à cacher et à préserver leurs acquis, immobiliers et autres, leurs intérêts, leurs ruses, leurs fraudes, leurs manigances. Alors surveillés, contrôlés, sanctionnés, mutés ou révoqués, ça serait un autre monde de perdants pour eux, les gagnants dont la cagnotte reste l'argent facile. Un argent synonyme de villa cossue et de biens venus d'ailleurs… On n'est pas dans le procès, mais sur la voie du mépris narcissique et arrogant. Une voie qui mène aussi à l'ironie envers un balancier qui en a marre de faire le va-et-vient soporifique, en dormant debout…