S. F., jolie femme, la trentaine à peine, était guichetière à la poste de Hamadi, dans la wilaya de Boumerdès. Sans problème particulier, nul ne pouvait la soupçonner de dilapidation ou de vol. L'affaire remonte au mois de janvier 2009, quand la victime G. A. s'est rendue au bureau de poste pour retirer 100 millions de centimes afin de financer un projet. Elle dépose une demande auprès du receveur 48 heures à l'avance, et se présente donc deux jours plus tard au préposé à la caisse. Mais qu'elle n'a été sa surprise de s'entendre dire : «Vous n'avez pas cette somme sur votre compte !» Heureusement muni de son carnet qu'il exhibe au responsable, il précise qu'aucun retrait n'a été effectué et que son compte s'élevait à 136 millions de centimes. Où est passé l'argent ? S'est-il envolé, évaporé ? Aucune réponse ne lui est fournie par le caissier, qui lui promet néanmoins de voir ce qui n'allait pas. Il demande au pauvre homme choqué de revenir deux jours plus tard. Et là, le responsable le renseigne : «Une de nos guichetières a détourné l'argent. Elle est entre les mains de la justice». Le vieil homme dépose alors plainte contre cette employée indélicate qui nie en bloc les griefs retenus contre elle, et ce, malgré l'enquête poussée des services de la police judiciaire qui ne laisse aucun doute sur son implication directe. Présentée au procureur de la République, elle a été placée dans un centre de rééducation en attendant sa comparution devant le tribunal de Rouiba, territorialement compétent. Hier, la magistrate du tribunal a interrogé l'accusée, comme pour la piéger : «Qu'avez-vous fait avec cet argent ? 366 millions de centimes, c'est beaucoup, non ?» L'accusée rétorque : «Je voulais soigner mon mari qui est stérile.» C'est un aveu de culpabilité incontournable. La magistrate la prend au mot : «Donc vous avez bel et bien pris cet argent ?», «oui», avoue-t-elle enfin. La jolie dame craque devant le juge et déclare : «Je veux me blanchir ici avant de rejoindre l'au-delà ; oui j'ai pris cet argent.» Avant d'ajouter avec beaucoup de regret : «J'ai pris aussi 230 millions du compte de Z. A., je l'avoue». La femme n'en pouvait plus, elle a levé le voile sur une autre affaire qui n'était pas encore connue, elle veut aider la justice, ce qui pourrait lui valoir un allègement de sa peine. Un silence religieux plane dans la salle d'audience. L'avocat de l'accusée ne trouve rien à dire, mais demande toutefois un allègement de peine au profit de sa cliente qui a apporté des éléments nouveaux à l'affaire. La magistrate interrompt l'avocat pour entendre le réquisitoire du représentant de la société civile qui requiert 7 ans de prison ferme et une amende de 100 000 DA. Quand la magistrate se tourne vers la victime pour qu'elle formule ses demandes à la cour, cette dernière demande uniquement le remboursement de la somme subtilisée. En fin de journée, le verdict tombe : 5 ans de prison ferme, 100 000 DA d'amende et le remboursement des 366 millions de centimes. L'accusée s'évanouit. Elle est transférée au secteur sanitaire de Rouiba, avant de rejoindre le centre de détention d'Alger pour payer sa dette à la société !