Le PDG de l'institut privé Insim, Abdelhak Lamiri, a animé hier une conférence à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, sous le thème «Crise pétrolière et conséquences sur l'économie algérienne». Une occasion pour ce spécialiste en management d'aborder, devant une assistance composée essentiellement d'universitaires et d'opérateurs économiques, les raisons ayant fait de l'Algérie un pays sous-développé en dépit de l'embellie financière des dix dernières années non sans évoquer les différents scénarios qui attendent notre pays suite à la chute vertigineuse des recettes pétrolières. Pour le conférencier, même si l'incertitude plane sur l'avenir de l'économie algérienne en raison de la chute des prix du pétrole, passé de 122 dollars en 2011 à 52 dollars seulement en 2015, il n'en demeure pas moins, ajoute-t-il, qu'une lueur d'espoir persiste encore, pourvu que le gouvernement fasse l'effort «d'aller vers le scénario de l'émergence». Un scénario qui reste, pour lui, l'unique fenêtre d'espoir pour le pays face à la crise économique et financière. Pour Abdelhak Lamiri, «aucun expert ne peut prévoir ce qui va se passer sur le marché pétrolier mondial surtout avec le retour de l'Iran et de la Libye». Selon lui, «c'est une erreur de penser que l'Arabie saoudite va réduire sa production pétrolière pour faire remonter les prix pour la simple raison que les pays du Golfe qui ont actuellement 6000 milliards de dollars d'investissement dans les plus grand pays industriels, tirent des bénéfices de loin supérieurs à ceux perdus par la chute des prix du pétrole». C'est pour cette raison que l'Algérie, ajoute-t-il, doit réfléchir à planifier son économie sur un prix moyen de 20 dollars le baril pour les vingt prochaines années tout en effectuant des réajustements économiques. «C'est la meilleure attitude à prendre au lieu d'espérer une embellie du marché pétrolier à court ou moyen terme». Pour lui, l'erreur a été commise au début des années 2000, lorsque l'Etat aidée par l'embellie du marché pétrolier commençait à injecter de l'argent pour la réalisation des infrastructures avec l'assentiment de l'élite algérienne qui avait applaudi, relève-t-il, la politique de l'Etat. «Nous aussi en tant qu'élite nous sommes responsables de la situation en applaudissant la politique de l'Etat qui injectait de l'argent dans l'infrastructure. Tous les économistes, syndicats, chefs d'entreprises applaudissaient le gouvernement dans sa politique keynésienne.» Pour Abdelhak Lamiri, en dépit des sommes colossales injectées dans les trois plans de relance économique durant ces dix dernières années, le pays reste toujours sous-développé car, estime-t-il, «la croissance durable, dans les pays développés et émergeants, est tirée des profits des entreprises alors que chez nous, la croissance provient de la rente». C'est pour cette raison qu'Abdelhak Lamiri plaide pour une économie basée sur le management et l'entrepreneurship dans un système de gouvernance et de transparence avec à la base un système éducatif performant. «Ce qui fait la puissance d'un pays, c'est la qualité de son système éducatif. Il faudra créer l'industrie du savoir afin de parvenir à la modernisation managériale et changer ainsi la méthode de gestion et le mode de fonctionnement des institutions. C'est de cette manière que l'on parviendra à booster le climat des affaires et arriver à créer 2 millions d'emplois», plaide le conférencier. Selon lui, notre pays, qui connaît une crise de chômage, accuse un retard énorme en matière de PME/PMI. «Nous disposons de 700 000 PME/PMI alors que nous devons en avoir 2 millions.» C'est en encourageant la création de ce genre d'entreprises, ajoute-t-il, que l'Algérie pourra sortir de la dépendance pétrolière, créer des emplois et surtout réduire la facture des importations. «C'est le moment ou jamais de revoir notre politique économique», insiste le patron de l'Insim.