L'ex-milieu de terrain des Verts des années 1980 et 90, Djamel Amani, croit dur comme fer dans les chances des Verts face aux Pharaons. Il estime que le public de Tchaker a un rôle important à jouer pour booster les coéquipiers de Karim Ziani. Vous qui êtes ancien joueur de l'équipe nationale des années 1980 et 90, que pourriez-vous nous dire au sujet des confrontations entre l'Algérie et l'Egypte ? Les rencontres qui ont opposé l'Algérie à l'Egypte ont de tout temps été chaudes. Car il s'agit du grand derby de l'Afrique du Nord par excellence, qui oppose deux équipes au style de jeu très différent. Les Egyptiens appréhendent toujours leurs sorties face à notre équipe nationale, ce qui explique leur hostilité a chaque fois qu'ils nous reçoivent chez eux au Caire. Comme ils connaissent parfaitement le tempérament des Algériens, ils ont souvent cherché à nous énerver en employant des méthodes extrasportives. Que gardez-vous comme souvenirs de vos matches contre les Pharaons ? J'ai joué trois ou quatre matches contre l'Egypte, mais c'est incontestablement le match retour des qualifications pour la Coupe du monde 1990 qui s'est joué au Caire qui m'a le plus marqué. Ce jour-là, nous avions surclassé les Egyptiens sur tous les plans. Malheureusement, l'arbitre tunisien, le fameux Benaceur, nous a barré ce jour là la route du Mondial en validant le but égyptien qui a été marqué en début de match sur une position flagrante de hors-jeu. Mais il nous a surtout privés d'un penalty indiscutable suite à une tête de Oudjani qui a été déviée de la main par un défenseur égyptien qui se trouvait sur la ligne de but. Les interventions intempestives de Benaceur avaient pour but de casser notre jeu. Et il a réussi à rendre un énorme service aux Egyptiens, même si j'avoue que nous avions laissé filer la qualification lors du match aller à Constantine en concédant un nul vierge. L'année d'après, soit lors de la CAN 1990, vous avez marqué un but face à ces mêmes Egyptiens qui restera dans les annales. Ça doit être un bon souvenir pour vous... Oui, je me rappelle, c'était lors du dernier match du groupe. On les avait battus 2 à 0. Mais à l'époque, les Egyptiens ont ramené à la CAN une équipe composée essentiellement de joueurs espoirs. Ils avaient peur de représailles que pouvaient susciter les incidents qui ont eu lieu en 1989. Mais comme moi, j'attendais ce match avec impatience, à l'instar d'ailleurs de mes coéquipiers, j'ai marqué avec une grande rage l'un des deux buts devant 80 000 spectateurs avides de revanche. Et je peux assurer qu'on attendait l'Egypte de pied ferme au point où même s'ils avaient ramené le Brésil ce jour-là à leur place, ils auraient pris une raclée. L'EN est une nouvelle fois à l'épreuve de l'Egypte qui a dominé l'Afrique ces dernières années en remportant les deux dernières éditions de la CAN. Selon vous, qu'est-ce que nos joueurs doivent faire pour battre l'Egypte ? Pour espérer battre l'Egypte, nos joueurs ne doivent pas rester zen et ne pas surtout se laisser gagner par l'énervement. Car l'adversaire possède une très grande expérience dans ce genre de confrontation. Il gagne souvent ses matches de manière intelligente. Il a un bloc soudé qui joue en mouvement sous forme d'un 3-5-2, qu'appliquent ses joueurs avec une grande rigueur. J'ai remarqué que les Egyptiens utilisent beaucoup les couloirs pour faire la différence devant. A mon avis, si Saâdane donne comme consignes de bloquer ces couloirs en incorporant Ziani à droite et Bouazza à gauche, tout en demandant à Belhadj de ne pas trop s'aventurer devant, on peut les contrer facilement. Abou Trika et Ahmed Zaki seront certainement privés de ballons et leur champ de manœuvre sera du coup très réduit face aux gabarits de l'axe central algérien. On dirait que l'Egypte ne vous impressionne pas… Certes, l'Egypte est une équipe très solide avec des joueurs redoutables. Ils sont capables de jouer avec un rythme élevé durant tout le match. Cela dit, cette équipe est loin d'être imbattable. On l'a vue contre la Zambie où elle a failli perdre à domicile. Je suis convaincu que les joueurs ont la trouille rien qu'à l'idée d'affronter l'Algérie qui les a éliminés en 2004 durant la CAN. Il faut se rendre à l'évidence que notre équipe nationale commence à faire peur à ses adversaires, surtout après avoir sorti le Sénégal au premier tour. En plus, des joueurs comme Bougherra, Bouazza et Belhadj qui jouent dans le championnat britannique ont de quoi rivaliser avec les Egyptiens dans leur propre domaine, à savoir le physique. Enfin, je pense qu'avec la volonté des joueurs, on a largement les moyens de battre l'Egypte, je le dis encore une fois, à condition de garder la tête froide et se concentrer durant les 90 minutes de la partie. Le rôle du public algérien peut-il être déterminant dans ce genre de match ? Le soutien du public est très important dans ces matches. Car il donne encore plus de courage aux joueurs dès qu'ils rentrent sur le terrain. Mais ça peut être aussi une arme à double tranchant si on met trop de pression sur nos joueurs, notamment si par malheur l'adversaire arrive à marquer le premier. C'est pourquoi je demande aux supporters des Verts d'être patients et d'encourager leur équipe jusqu'au bout. C'est leur match à eux aussi, alors qu'ils soient réellement ce douzième homme sur le terrain. Propos recueillis par Ouassel Mounir