Après El Khabar et la chaîne TV KBC, c'est au tour du quotidien francophone El Watan de subir les foudres des autorités algériennes. Hier, le nouveau siège d'El Watan a été encerclé par la police sans aucune justification. Le quotidien a affirmé jeudi sur son site web que les forces de police ont fermé l'entrée et ont encerclé l'immeuble sans donner d'explications, se contentant de dire qu'ils «ont reçu des instructions». Alors que les employés du quotidien s'affairaient à déménager depuis leur ancien siège sis à la maison de la presse Tahar-Djaout vers leurs nouveaux locaux, ils ont été surpris par la présence de policiers au niveau de l'entrée de leur immeuble, précise encore la même source. Arrivé sur les lieux en apprenant la nouvelle, le directeur du journal, Omar Belhouchet, a tenté de s'informer auprès des policiers sur place sur les motifs de leur présence sur les lieux, en vain. Les policiers se sont contentés de répondre qu'ils ont été instruits, sans plus, toujours selon El Watan. D'après une source policière, les policiers se sont déplacés sur les lieux pour vérifier si le bâtiment possède le certificat de conformité pour permettre son exploitation. «Ce n'est pas un encerclement. Les policiers sont sur place pour vérifier si le bâtiment en question possède le certificat de conformité», se défend une source policière. Selon une autre source proche du dossier, la direction de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat (Duch) a refusé de délivrer un certificat de conformité de l'immeuble pour deux raisons : la construction de deux étages supplémentaires et une extension qui a «débordé sur un terrain appartenant à l'Etat». Cette mesure intervient dans un climat tendu entre certains médias et le pouvoir qui a entrepris une procédure judiciaire pour faire annuler la cession du groupe El Khabar à une filiale de Cevital, le groupe d'Issad Rebrab. La situation s'est aggravée et a pris une tournure dramatique avec le placement en garde à vue du directeur de la chaîne de télévision KBC, Mehdi Benaïssa, et la directrice des programmes au sein du ministère de la Communication. Ils avaient été entendus par la gendarmerie, à Bab Jedid à Alger, durant toute la soirée de mercredi. Les autorités reprochent au directeur de KBC (groupe El Khabar), le fait d'avoir enregistré l'émission «Ki hna ki nass» et «Nas stah» dans un studio mis sous scellés, dans le sillage de la fermeture de la chaîne Atlas TV en 2014. La gendarmerie a stoppé jeudi le tournage de l'émission de «Nass stah», l'autorisation de tournage lui a été retirée. Le journal El Watan, qui devait boucler l'édition d'aujourd'hui au nouveau siège, a dû revenir hier à la maison de la presse où il ne restait encore qu'un minimum de matériel, apprend-on, pour «un bouclage laborieux». Nous n'abdiquerons pas, nous diront des confrères du quotidien.