Ça y est, il est parti ! Oui, Nicolas Sarkozy est bien parti, et cette fois pour de vrai. Gageons qu'il ne manquera pas à grand monde, en France comme ailleurs. L'enfant terrible de la politique française, connu et reconnu pour ses saillies assassines, sa gestuelle nerveuse, son ton incisif et ses piques corrosives, va devoir rentrer chez lui la queue entre les jambes. Sarkozy, qui se voyait en Napoléon des Temps Modernes, est politiquement mort. Il a été balayé par celui qu'il désignait avec condescendance par le vocable de «mon collaborateur». Ironie du sort, c'est ce «collaborateur» qui l'a «tué» et l'a placé dans le «Sarko…phage». En le battant presque par le double des suffrages, (44% contre 21,4%), François Fillon a donné une gifle sonore à Sarkozy. Imbu de sa personne, qui plus est développant un ego hypertrophié, ce dernier n'a jamais imaginé être écrasé par son ex-Premier ministre. Eh oui, il se croyait si indispensable à la France et aux français ! Illusion d'optique. C'est le péché originel de Nicolas Sarkozy et de tous ceux qui réduisent la grandeur de leur pays à leur petite personne. C'est que le plus américain des présidents français est d'une arrogance qui confine à la schizophrénie. Il ne voit jamais plus loin que le bout de son nez ni n'imagine plus haut que lui, même avec sa taille pas très longiligne… Sarko privilégie le paraître à l'être, la parole à l'acte. Il adore montrer sa force, mordre et cogner ses adversaires. C'est un animal politique sans pitié, capable du meilleur, mais surtout du pire. De ce point de vue-là, il va laisser sur leur faim les médias français et même internationaux pour qui il était un très bon client. Pour ses faits et ses méfaits. C'est tout de même bizarre que, si intelligent qu'il est, il n'ait pas compris qu'il a fait son temps. Que les français n'aiment pas spécialement le réchauffé. Ils l'ont essayé en 2007 puis l'ont rapidement rejeté en 2012. La victoire de François Hollande - un homme sans relief et sans projet - fut davantage le résultat d'un vote-sanction contre Sarkozy qu'un coup de foudre pour un président «normal», qui s'est avéré incroyablement anormal même dans son propre camp. Givré par le résultat, l'ex-maire de Neuilly prit alors la sage décision de débarrasser le plancher politique. Pas pour longtemps puisque, comme un drogué, il a rechuté en pleine crise de l'ex-UMP dont il a pu récupérer les rênes, changer le nom - Les Républicains - pour faire plus américain. C'est comme cela qu'il a pu se (re) mettre sur orbite et se présenter comme un recours à droite face aux querelles de chiffonniers entre Fillon et Copé, ses deux concurrents à la primaire. Le voilà revenu sous de nouveaux habits de «rassembleur» ! Mais l'homme de la «rupture» ne réussira pas cette fois à mener en bateau le peuple de droite. Fillon, Juppé, Copé Maurizet l'ont forcé à subir l'épreuve de passage. Et c'est lamentablement raté … «The revenant» (le revenant) Nicolas Sarkozy a vécu une soirée plus cauchemardesque que celle de mai 2012. Battu à plate couture par Fillon et sensiblement par Juppé, il est prié par les électeurs de regagner son sarcophage. Un petit tour puis s'en est allé sur la pointe des pieds, l'homme agité et prétentieux qui rêvait de prendre sa revanche sur Hollande. Sur le sort. Il n'y aura pas de prolongations pour lui. Sarko a fait du mal en France, et en Libye surtout. Vu d'ici, nul ne regrettera ce va-t-en-guerre qui traîne des casseroles de plus en plus bruyantes qui ont fini par causer des migraines à ses supporters les plus engagés. «Je ne suis pas parvenu à convaincre la majorité des électeurs», reconnaît-il sobrement. Sans doute que dans son for intérieur, il doit se dire lui aussi : «Je me suis trompé de société ; ils ne me méritent pas». A 63 ans, Nicolas Sarkozy doit se résigner à prendre sa retraite à l'âge légal. Pas si mal pour un homme qui va se recycler dans les conférences internationales vachement bien tarifées. Lui qui est un mordu du pognon, il va désormais travailler moins et gagner plus. L'exact contraire d'un de ses slogans de président. Rideau.