Le mal est en lui. Ou plutôt «c'est lui le mal», comme le qualifie le réalisateur Michael Moore qui lui prédit un mandat désastreux qui risque même de se terminer avant terme. Le président américain, Donald Trump, a réussi, quelques jours seulement après son investiture, à retourner tout le monde contre lui. En s'attaquant d'entrée à l'immigration, aux musulmans plus particulièrement, Trump croyait sûrement entamer son mandat de la meilleure façon possible en mettant à exécution une de ses promesses phares durant sa campagne électorale. Pondre une loi aussi impopulaire et controversée à l'heure où la crise migratoire en Europe préoccupe au plus haut point, relève de l'imprudence, voire d'un total manque de vision. Considérer la stigmatisation de certaines communautés, comme un élément qui va contribuer, à coup sûr, à la sécurité nationale des états-Unis ou comme une mesure destinée à protéger le peuple américain contre le terrorisme est aussi farfelu que l'idée d'ériger un mur entier à la frontière avec le Mexique longue de 3 200 kilomètres. La rue américaine est en colère et les capitales étrangères aussi. Mais Trump s'évertue à «tweeter» ses assurances et ses adresses à l'Amérique profonde, surtout pas raciste, comme il veut le faire croire. Ce 45e président qui veut «rendre sa grandeur à l'Amérique», comme le souhaite le groupuscule xénophobe Ku Klux Klan, risque justement de heurter cette Amérique profonde qui a, certes, voté pour lui, mais qui n'hésitera pas à défendre ses acquis. En voulant effacer les exploits de son prédécesseur, en s'attaquant, notamment, à l'emblématique «Obamacare», le milliardaire Trump risque de se retrouver dans une mauvaise posture et de subir, dans les mois à venir, un «printemps américain». L'historien Allan Lichtman qui a, lui aussi, prédit un mandat «écourté» pour Trump, pense que c'est ce dernier qui donnera lui-même des motifs pour lancer sa propre destitution. «Soit en faisant quelque chose qui met en danger la sécurité nationale, soit parce que cela va l'avantager financièrement», estime Lichtman auquel le temps semble avoir déjà donné raison. La procédure d'«impeachment» qui veut dire destitution, peut effectivement être enclenchée «pour trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs», selon l'article 2 de la Constitution américaine de 1787. Le «repli sur soi» que veut imposer Donald Trump est en lui-même, sommes nous tentés de dire, «une trahison» à l'Amérique, ce Nouveau monde fait par des émigrés de toutes les races et de toutes les couleurs et qui ont fait la vraie grandeur des états-Unis. Si les multiples réactions à l'étranger ne peuvent, en pratique, rien changer aux décisions de Trump ou à son avenir à la tête de la Maison-Blanche, il faut sûrement compter sur la «sensibilité» de la société américaine qui pourrait, à travers sa mobilisation, qui ne faiblit pas pour le moment, changer la donne ou sur les «checks and balances» (contre-pouvoir) dont est doté le système politique américain qui peuvent être mis en pratique pour sortir ce «resident evil» de la Maison-Blanche. Surtout si ce même système parvient à lui trouver un motif valable genre «watergate» pour lui montrer la porte de sortie.