La clôture du mois du patrimoine placé cette année sous le thème «le patrimoine culturel, vecteur du développement du territoire» interviendra, mercredi et jeudi prochains, à l'issue d'une cérémonie qui se tiendra à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Deux principaux thèmes sont retenus pour cette clôture. On notera que le mercredi, il sera question de la «Reprise des fouilles archéologiques dans la wilaya de Tizi Ouzou, cas de Tigzirt», et le jeudi sera développé le thème de la «Préservation du paysage culturel rural : vecteur du développement durable du territoire». La directrice de la culture de la wilaya, Mme Nabila Goumeziane, estime que «pour faire la jonction entre la préservation du patrimoine et le développement du territoire, il est de facto impératif de mettre en valeur le patrimoine de manière scientifique et étudiée, tout en assurant sa promotion et sa rentabilité sur le plan économique». Et d'ajouter en substance que «patrimoine et territoire ont en commun de donner du sens et de la valeur à des objets. Ils participent à l'émergence d'un espace commun, dans lequel le groupe se reconnaît, dont il se revendique, et autour duquel il se construit. Cette dynamique se déroulant sur le long terme, patrimoine et territoire font tous deux référence au temps et, donc, à la mémoire ; ce rapport commun au temps se retrouvant également dans les liens qu'ils tissent à l'espace. Si la matérialité du territoire l'inscrit de fait dans cette dimension, le patrimoine possède aussi, quasi systématiquement, une assise spatiale et une référence géographique». Un patrimoine à sauvegarder Considérant le patrimoine culturel au niveau local, avec toutes ces richesses culturelles matérielles et immatérielles, comme une «prévalue» et comme des «témoins archéologiques et historiques de différentes périodes, des pratiques et des traditions culturelles ont survécu au temps et qui sont encore vivantes à travers tout le territoire de la wilaya et du territoire national, d'une manière générale», la directrice de la culture informera que c'est ainsi que lors de cette première journée, il sera fait le point sur le sujet relatif aux stèles et inscriptions libyques, et démontrer la profondeur de l'élément amazigh dans notre histoire lointaine et de notre identité millénaire. Dans l'un de ses exposés, la responsable du secteur a estimé que la wilaya de Tizou-Ouzou «regorge d'importants et riches biens culturels patrimoniaux, légués par les différentes civilisations ayant occupé son sol». Les vestiges et autres témoins que recèle la wilaya remontent jusqu'aux premières ères de l'humanité : industrie lithique pour la période de la préhistoire ; gravures et peintures rupestres pour le néolithique ; les monuments mégalithiques (les allées couvertes) pour la période de la protohistoire ; stèles iconographiques et à inscriptions libyques, sites et monuments, thermes, basiliques, temples… pour la période antique (libyques, romains et byzantins) ; forts et mosquées remontant à la période médiévale, ainsi que des monuments, ponts, hôtel de ville, reste de murailles, églises, casernes, pour la période contemporaine. Tous ces biens culturels et historiques, contiennent du mobilier : industrie lithique, éléments architectoniques, statuettes, stèles, pièces de monnaie, panneaux de mosaïque et autres. Ces biens se trouvent dans leur substrat archéologique ou dans des propriétés privées, ou même dans les archives des services de sûreté, découverts lors de différentes investigations et enquêtes. Aujourd'hui, la wilaya de Tizi Ouzou compte, selon l'inventaire des biens classés, 26 sites et monuments historiques, archéologiques et culturels. Les démarches de classement, qui s'inscrivent dans le cadre de la préservation du patrimoine culturel matériel et immatériel dans toute sa richesse et sa diversité à travers tout le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou compte d'autres dossiers portant propositions de classement de deux bâtisses, à savoir la maison des frères Khorsi à Beni Douala et l'ancien hôpital d'Aïn El Hammam, qui sont actuellement en phase de finalisation à la direction de la culture. Un mois d'intenses activités Durant tout ce mois du patrimoine, plusieurs manifestions culturelles ont eu lieu à travers le territoire de la wilaya. Ces manifestations sont été marquées par des expositions, des conférences, une valise patrimoniale et une caravane du patrimoine. Après demain et le jour suivant, on notera l'organisation d'une journée d'étude sur la «Reprise des fouilles archéologiques dans la wilaya de Tizi-Ouzou : cas de Tigzirt», en collaboration avec l'Institut national d'archéologie, l'université d'Alger, et le laboratoire d'archéologie, patrimoine et archéométrie d'Alger. Il y aura également une sortie pédagogique afin d'effectuer un atelier de fouille archéologique au profit des écoliers. Cet atelier se tiendra sous la direction du Pr Filah Mohamed-El-Mostafa, et d'autres enseignants de l'institut d'archéologie. La maison de la culture Mouloud-Mammeri abritera aussi une exposition d'anciennes photographies du site archéologique de Tigzirt, ainsi que des photographies sur le patrimoine archéologique en Algérie (photographies appartenant respectivement au laboratoire d'archéologie, patrimoine et archéométrie d'Alger et à l'Institut national d'archéologie d'Alger). On notera également la tenue d'une journée d'étude portant sur «La reprise des chantiers de fouille dans la wilaya de Tizi Ouzou, cas des travaux de fouilles effectués dans la ville de Tigzirt». Des spécialistes aborderont des thèmes aussi importants les uns que les autres. On citera Filah Mohamed-El-Mostafa, professeur enseignant à l'institut d'archéologie d'Alger, spécialisé dans l'Antiquité, la restauration et la conservation qui abordera le thème «Histoire et topographie urbaine d'Iomniu» (nom romain de Tigzirt, ndlr), Dahmani Mohamed, CES au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, directeur national du programme Cap DEL, «Projet Cap DEL à Tigzirt» ; Farida Djattit, conservatrice et chef de service à la direction de la culture, sous le thème «A propos du mobilier archéologique découvert lors des sondages effectués à la petite plage de Tigzirt, 1999-2000» et bien d'autres encore. La journée de clôture, soit jeudi, sera particulièrement riche. On a mis sur les tablettes une journée de réflexion autour de «La préservation du paysage culturel rural : vecteur du développement durable du territoire». Cette rencontre, qui sera organisée en collaboration avec le département d'architecture de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, portera sur la préservation du territoire rural dans sa dimension plurielle qui est une question fondamentale dans la promotion du développement local durale. Elle se présente sous forme d'une journée de travail et d'échanges entre des acteurs divers, soucieux de la promotion de la ruralité et son corollaire le développement local durable. En plénière, universitaires, chercheurs... exposeront leurs expériences théoriques et pratiques relatives au milieu rural et cela, à travers des approches à la fois anthropologiques, sociologiques, économiques, écologiques, historiques, gouvernances et architecturales. En fin d'après-midi, il y aura une séance-débat, recommandations entre les participants en vue de définir les critères de valorisations du monde rural pour construire une attractivité territoriale et promouvoir le développement local durable.
