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Iskanderia la belle d'Egypte
Publié dans Le Temps d'Algérie le 01 - 08 - 2009

Le bruit des sabots sur l'asphalte et des clochettes accompagnent notre arrivé tardive à Alexandrie. Les calèches cherchent d'éventuels touristes avides de découvrir cette ville née sous les coups de crayon de l'architecte Dinocrates de Rhodes.
Des sons qui laissent votre imaginaire gambader et projeter des images en noir et blanc dessinant l'épopée du roi Farouk. Car c'est à Alexandrie que toute la cour et les hôtes du Roi passaient l'été. C'est à partir d'Alexandrie que Farouk, déchu par la victoire de la révolution du 26 juillet 1952, quittera le palais de Ras El Tine pour rejoindre son yacht Al Mahroussa. Son voyage vers l'exil avait commencé. Les effluves, pas trop agréables, émanant du cheval qui passe devant nous, obligent notre imaginaire à décrocher et à quitter la petite salle de cinéma.
La vie se déroule la nuit
Il est déjà 23 h, pourtant l'animation de la rue est telle que l'on se croirait en plein après-midi. Un étonnement pour les personnes comme nous habitués à une ville qui regarde ces boutiques affichaient portes closes avant l'entame de la soirée et dont les bus arrêtent leurs rotations vers 20 h.
Alexandrie est illuminée. C'est une ambiance particulière qui règne dans tous les quartiers. Les magasins, les cafés, les restaurants demeurent ouverts très tard dans la nuit, cette règle ne concerne pas uniquement les tables et le shopping mais également les artisans menuisiers, les forgerons ou les mécaniciens. Le bruit arraché par le marteau à l'enclume, la poussière que dégage le bois coupé animent à elles seules les anciennes ruelles d'Alexandrie. Rien n'est laissé au hasard et un touriste peut même trouver des agences de change après minuit.
La corniche, qui s'étend sur plusieurs kilomètres, a donné rendez-vous à la moitie d'Alexandrie. J'exagère un peu !
Main dans la main, les couples d'amoureux, flânent, les familles s'y installent aussi pour sentir la brise rafraîchissante après une dure journée chargée de soleil. Des piques-niques sont improvisés. Les marchands de glaces ou plutôt les vendeurs d'ice-cream s'en donnent à cœur joie, le thermomètre s'emballe, vire au rouge, et ça fait marcher leur business.
On s'arrête devant un café, d'où se dégage la voix chaude d'Oum Kelthoum et l'odeur diffusée par les narguilés (chicha). Ça sent la pomme !
Après avoir siroté un thé, je saisis enfin pour quelle raison le grand poète égyptien Ahmed Fouad Negm, en visite à Alger, était tout malheureux de ne pouvoir boire du thé bien de chez lui, en effet le thé y est servi fort. A l'angle du café, une salle abrite un mariage, par pure curiosité, on monte les escaliers qui séparent la rue des festivités et on dresse l'oreille, c'est un groupe de derviches qui anime la fête.
Soudain, une bagarre éclate, d'un balcon, une femme apostrophe le patron d'un magasin à qui elle demande de baisser la radio, c'est vrai, on ne s'entend même plus réfléchir. Déjà une heure du matin, les rues ne désemplissent pas. Il est temps pour nous de quitter les lieux, aucun stress à se faire au moment de rentrer, les moyens de transport suivent le rythme de vie de la cité. Les bus et taxis sont relayés par les minibus et les tuk- tuk (auto-pousse).
Le nom de ces derniers est donné en référence au bruit que fait le moteur. Leur forme se rapproche plus ou moins des pousse-pousse, ils sont fabriqués en tôle et motorisés. Les tuk-tuk existent dans les pays asiatiques (Thaïlande, Cambodge…).Non réglementaires, ils sillonnent et desservent exclusivement les ruelles, pour éviter de rencontrer le chawich. Le même moyen de transport existe à la Havane, les cocos taxis ont la forme de coquille jaune, en Alexandrie, ils sont rectangulaires et de couleur noire.
Kouchari et canne à sucre
Après des années et des années de séries égyptiennes diffusées par la télévision algérienne, je viens de découvrir le goût de certains plats traditionnels. Dans la plupart des mets égyptiens, on goûte les influences grecque, perse, libanaise et turque.Le fameux kouchari, accrochez-vous bien, pour ceux qui ne le savent pas, c'est un mélange de macaroni, de lentilles et de riz, arrosé de salsa pimentée. J'évite de rajouter des oignons.
Overdose de féculents ! Quant à la taâmiya, elle a la forme d'une galette frite, de couleur verte, préparée à base de purée de fève. Obligée de faire honneur à l'ami égyptien qui nous a gentiment invités à déguster des plats que l'on ne sert pas dans les hôtels, je me jette dans le bain, enfin il n'a pas fallu trop me supplier pour goûter. L'expérience est loin d'être contraignante, c'était bon.
D'innombrables recettes consacrent el foul comme le véritable plat national. Au restaurant Althaalab, j'opte pour un foul moudammas, une salade de fèves qu'on laisse macérer dans de l'huile d'olive avant de presser dessus du citron. Je précise, juste en passant, que la dégustation du plat de foul Moudammas s'est faite un autre jour, impossible pour moi d'avaler quoi que ce soit d'autre après avoir avalé seulement quelques cuillères de kouchari.
Autre découverte savourée par mon palet, le jus de canne à sucre. Le roseau est introduit dans un extracteur de jus qui crache d'un côté les morceaux de bois mâchouillés et de l'autre un jus jaunâtre. Il est indiqué de le boire dès qu'il est vous est servi, car il fermente assez rapidement. Celui que j'adore, c'est le jus de goyaves, j'en boirai des litres, c'est tout simplement délicieux. Par contre et même s'il est populaire, je n'aime pas le goût du karkadé, une décoction de pétales d'hibiscus qui peut se boire chaude ou glacée.
On se rend compte que le pain est l'aliment essentiel des Egyptiens, il est depuis l'ère du raïs Nacer entièrement subventionné par l'Etat. C'est une enveloppe assez sucrée vu que l'Egypte ne produit que la moitié de sa consommation et sur environ 15 millions de tonnes de blé dont elle a besoin annuellement, elle en importe au moins 50%. Les grandes manifestations organisées en avril 2008 pour protester, contre l'augmentation du prix du pain demeurent dans les esprits.
El esch el baladi (galette molle) est utilisé constamment par les restaurateurs et les vendeurs ambulants dans la confection des sandwichs. J'aime particulièrement ces petites poissonneries qui, à la demande, s'occupent de nettoyer et faire cuire à la braise la pièce choisie sur leurs étals. Des accompagnements, essentiellement du riz, des aubergines frites, sont proposés dans des boîtes en plastique.
Raya et Skina
Haret El Sittat (rue des femmes) offre un espace entièrement dédié aux femmes, je dirais que la rue ressemble beaucoup à celle de Zenkat el Arayess (rue des mariés) de Bab Ejeddid. Un monde fou y déambule, je présume quelle ne doit pas désemplir toute l'année.
A cette ruelle se rattache une veille histoire datant des années 1920, qui vous donne des sueurs froides. C'est exactement là que sévissaient les célèbres tueuses Raya et Skina.
Ces deux sœurs ont participé, avec 4 hommes, dont leurs 2 maris, au kidnapping et à l'assassinat de 17 femmes. Raya et Skina partaient guetter leur proie à l'intérieur de Harat El Sittat et posaient leur choix sur celles arborant au cou et aux mains de nombreux bijoux.
Elles abordaient alors ces femmes et excellaient à mettre en œuvre des subterfuges pour les attirer chez elles. Après le déjeuner, leurs acolytes étranglaient les pauvres malheureuses avant de les délester de leurs bijoux et d'ensevelir les corps sous leurs maisons.
Un scénario qui se reproduira durant plusieurs mois entre les années 1919 et 1920. Un cadavre et un squelette découvert rapprochent la police du dossier des femmes disparues à Alexandrie et des lieux où habitaient les deux sœurs. Interrogées, Raya et Skina accusent leurs 4 compères. Dans un procès sensationnel, tout ce beau monde est condamné à la peine capitale et exécuté.
Voyage au bout de l'histoire
Après avoir vu en rêve Homère lui parlant de l'île de Pharos, Alexandre le Grand donnera l'ordre de la construction de la cité. Les chercheurs ont dénombré 32 villes portant le nom d'Alexandrie, en référence au Macédonien, à travers le monde. Il mourra avant de pouvoir admirer Alexandrea adgyptum, celle qui deviendra la capitale d'Egypte sous Ptolémée Ier, l'un de ses anciens généraux.
Riche en sites, datant de l'antiquité et des différentes civilisations l'ayant traversée et dont elle s'est imprégnée, Alexandrie est une histoire à ciel ouvert. Les vestiges et monuments, sur terre ou engloutis, sont d'origine grecque, romaine, pharaonique et islamique. Ils sont très nombreux, mais dans les chemins de visite tracés pour les touristes, on n'entrevoit que les plus connus d'entre eux.
Le phare d'Alexandrie est considéré comme une des 7 merveilles du monde antique avant d'être détruit par les multiples tremblements de terre. Pharos, Pharus, il donne son nom aux phares du monde entier. Il aura illuminé, à 50km à la ronde et pendant des siècles le port de la ville, l'un des plus grands ports de la région et un important carrefour commercial. Cette ouverture a permis à Alexandrie d'être une ville cosmopolite, réalisant des progrès dans divers domaines.
A la place de ce monument disparu, trône la citadelle mamelouke construite, au moins 1000 ans après sa destruction, par le sultan Qaït Bey. Le musée de la marine, retraçant entre autres les batailles navales de César et Napoléon, est aujourd'hui hôte de ce fort. Depuis plus de 10 ans, des fouilles ont découvert dans les profondeurs de la mer d'innombrables vestiges attribués au Phare. L'une d'entre eux représentant la statue de Ptolémée II, repêchée qui a pris place devant l'entrée de la bibliothèque d'Alexandrie.
La bibliothèque, idée de Démétrios de Phalère, philosophe grecque, a été conçue au troisième siècle avant J.-C. et fut considérée comme un pôle de rayonnement avec ses milliers d'ouvrages. Dommage, toute cette connaissance a disparu lors de l'incendie qui a détruit cette source de connaissance. Jusqu'à présent, l'origine de l'incendie provoque les débats. Brûlée par César ? Par les Arabes ? Au moins 700 000 ouvrages ont disparu en fumé. Deux mille ans plus tard, cet édifice reconstruit face à la mer a l'apparence d'un cylindre en verre et en aluminium.
Planétarium, salles de lecture, salle de conférences, 7 instituts de recherche, musées (histoire des sciences, antiquité, manuscrits), des colonnes en forme de papyrus, des galeries d'exposition, des expositions permanentes, les Egyptiens n'ont pas lésiné, en collaboration, avec l'Unesco, pour faire revivre la Bibliotheca Alexandrina (le nom officiel).Toutes les explications autour de cet illustre monument sont fournies par les guides alors que des milliers d'anciens manuscrits, numérisés, peuvent être consultés dans les salles de lecture.
Les amoureux des objets précieux et des joyaux peuvent se délecter devant ces pièces uniques appartenant à la famille royale en allant visiter Kasr El Megawharat. La magnificence des lieux égale le scintillement de couronnes serties de milliers de diamants, de perles et de rubis. Les vitraux, les peintures au plafond ainsi que tous les portraits accrochés aux murs, représentant Chwikar, l'épouse du roi Fouad 1er, Mohamed Ali Pacha, le roi Farouk, Khediwi Ismaïl racontent l'histoire de la royauté égyptienne.
Et la splendeur est contée par chaque coin et recoin de cette ville théâtre des civilisations. Les siècles d'existence d'Iskandaria sont traduits entre autres par les jardins d'Anoniados et d'El Montazah, dont la visite ne ferait pas de mal à vos poumons, l'amphithéâtre romain à Kom El Dekka (le seul en Egypte), la «Villa des oiseaux», les ruines de bains romains, le musée gréco-romain et son taureau sacré Apis, le Palais royal Ras El Tin, Sôma (tombeau d'Alexandre le Grand), le temple d'Isis, les catacombes de Kom El Chouqafa (site funéraire romain), la mosquée Abou El Abbas Al Mursi (construite par les Algériens), la nécropole Tegran, la colonne Pompée avec 27 m de haut (vestige du Sérapeum, temple de Sérapis) et tant d'autres …
La mer garde aussi dans ses abysses des milliers de constituants de la ville antique. Obélisques, statuts, colonnes, sphinx servent d'habitation aux poissons. A côté de ses voyages au centre de l'histoire, Alexandrie organise aux mieux le tourisme balnéaire grâce à toutes les commodités mises à la disposition des estivants et ses plages au sable fin. En selle, les plages d'El Agamy, de Ma'amoura et de Hannoville nous attendent.


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