Depuis l'été 2008, les habitants de l'immeuble sis au 7, rue Abdelkrim El Khattabi, à Alger-Centre, sont entrés en conflit avec le gérant du fast-food «Fatim» ouvert dans un rez-de-chaussée. Le conflit a débouché sur l'agression d'un habitant et un dépôt de plainte contre le gérant. Saisis dès septembre 2008, les services de l'APC sont entrés dans le conflit au côté des résidents. A partir de janvier 2009, le propriétaire a été mis en demeure de se conformer à la réglementation. Son refus a conduit, dix mois plus tard, à la fermeture administrative du local. C'est jeudi matin que les services de l'APC d'Alger-Centre ont fait fermer le fast-food «Fatim», ouvert au 7, rue Abdelkrim El Khattabi (ex-Blanchin), après un conflit qui aura duré plus d'une année et qui a opposé l'APC et les habitants de l'immeuble au gérant de l'établissement, Nacim El Kfel. L'arrêté de fermeture a été signé par le président de l'APC, Tayeb Zitouni, le 29 septembre dernier, mais son exécution n'a eu lieu que plus de deux mois plus tard. A ce sujet, le vice-président chargé du social, Hakim Bettache, a précisé, jeudi au Temps d'Algérie, qu'il avait fallu l'intervention de la justice (procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed) pour que la mesure de fermeture du fast-food devienne effective. Mais pourquoi cette mesure ? Dans l'arrêté du 29 septembre, il est noté que «l'établissement est scellé jusqu'à la levée des réserves administratives et sanitaires». L'APC reproche en effet au gérant de «Fatim» le non-respect de l'arrêté du wali délégué de Sidi M'hamed relatif à l'interdiction d'occupation des trottoirs, comme elle lui reproche de s'adonner à une activité sans autorisation administrative. Dans l'exposé des motifs, l'arrêté fait référence à une opération de contrôle dont l'établissement a fait l'objet entre le 13 et le 17 septembre 2009. Le contrôle a conclu au «non-respect des mesures sanitaires en fonction de la réglementation en vigueur», précise-t-on. Selon l'APC, le gérant a commis une infraction quand il a fait installer, sur les trottoirs, une terrasse de 10 tables avec des chaises sans qu'il y soit autorisé par ses services. Il en a commis autant, ajoute-t-on, quand il a placé notamment un four pour chawarma et un présentoir à l'extérieur du fast-food. Le conflit a commencé durant l'été 2008, selon un dossier de presse préparé par les services locaux. En fait, le 21 septembre de l'année dernière, les habitants de l'immeuble avaient déposé à l'APC une requête accompagnée d'une pétition (28 signatures) contre le gérant. A travers cette requête, les pétitionnaires ont porté à la connaissance des élus qu'une autre requête, contre la même personne, avait été adressée au procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed. Les plaignants ont ainsi exposé au procureur toutes les nuisances (odeurs, risques de maladies, absence d'hygiène, absence d'autorisation, attroupement au-delà de minuit) dont ils souffraient depuis l'ouverture du fast-food et ont demandé sa fermeture. Ils ont aussi fait état de l'agression et de l'hospitalisation, le 12 août, d'un des leurs qui avait protesté auprès du gérant contre les odeurs parvenant du restaurant jusqu'à son appartement. Dès janvier 2009, les services locaux sont intervenus dans le conflit en prenant fait et cause pour les habitants. Ils ont donc mis en demeure le gérant de retirer le présentoir et le four chawarma placés et exploités sans autorisation. M. El Kfel leur a répondu aussitôt par une «demande d'exploitation des trottoirs» afin d'installer une terrasse devant le magasin. L'APC n'a pas donné suite à cette demande pour cause de fait accompli. Cela n'a pas empêché pour autant le concerné d'aménager sa terrasse et de la maintenir jusqu'au jour de la fermeture administrative décidée par le tribunal de Sidi M'hamed. M. El Kfel s'est plié à la décision du tribunal sans l'accepter. Une fois scellé, des pancartes ont été affichées sur la devanture du magasin. Sur l'une d'elles on peut d'ailleurs lire : «Non à l'injustice !» Le gérant de «Fatin» a eu déjà affaire au procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed au sujet de la suspension de l'hebdomadaire Siri Lilghaya, dont il était le directeur de publication. Le journal a été suspendu, début novembre dernier, faute d'agrément, selon le tribunal. En réaction, M. El Kfel a affirmé que le président de l'APC d'Alger-Centre était impliqué dans affaire, ce que M. Zitouni a nié, et s'est dit «déterminé à aller jusqu'au bout pour recouvrer ses droits».