La rentrée scolaire est imminente. Des millions d'élèves se rendront demain à l'école. Parmi eux, les tout petits nouveaux qui découvriront un nouvel espace qu'on leur a différemment décrit. Les parents, bien sûr, auront mis le paquet et redoublé d'imagination pour dire à leurs rejetons combien l'école est belle, comment on y apprend toutes sortes de choses mystérieuses et utiles, pourquoi il faut y aller sérieusement pour préparer son avenir. L'école est sûrement un endroit magique et l'enfant y va d'abord avec les images qu'on a incrustées dans sa petite tête. Le prof est gentil et surtout, il sait tout. Normal, sinon il aurait été difficile d'expliquer à un mioche de six ans qu'il aura affaire à un homme méchant, mais qu'il faut y aller quand même. Pas question non plus d'introduire le moindre doute quant aux connaissances de l'instit. Et il n'y a pas meilleure manière de faire simple sur la question que le «maître» sait tout et reste la référence absolue en matière de savoir. S'il ne «savait» pas, il n'aurait pas été chargé d'«apprendre» aux autres. Il faut surtout que l'enfant parte avec cette certitude. Bonne ou mauvaise, il n'y a pas de solution alternative, sinon, dit-on, il serait problématique pour un élève de croire en un prof qui ne répond pas à toutes les questions qu'il se pose. Ou pire encore, un prof susceptible de se tromper. Sans transition, et sans nuance, d'autres ont pourtant «préparé» le nouvel écolier en lui présentant les choses de façon si différente qu'il aura du mal à choisir. Le prof ne serait donc pas si gentil que ça. Il n'est pas gentil du tout, puisqu'il distribue des gifles à tout va, il lui arrive même de se servir d'une règle pour donner des coups sur la tête, quand il ne donne pas des coups de pied. Le maître vocifère et punit en mettant ses élèves à genoux. Le maître n'explique pas bien parce qu'il n'a pas été à la bonne… école. Il ne sait pas tout, et pas seulement parce que personne ne peut tout savoir. Il ne se trompe pas parce que les choses qu'il apprend à ses élèves sont trop simples et il suffit de l'interroger «en dehors du programme» pour le voir caler. Les nouveaux élèves voudraient bien confronter les deux «visions» de l'école en affrontant leur professeur pour la première fois. Mais ils ont découvert que le maître n'est ni gentil ni méchant. Il est en grève. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir