Il est vrai que des gens sensés ont toujours soutenu qu'un homme qui crache par terre est désagréable. Alors, que penser d'une femme qui en fait autant ? Dans cette affaire, ce n'est pas un homme qui est inculpé, une veuve, une veuve seule. A la barre, à l'aide d'arguments larmoyants, elle est vachement aidée par son jeune avocat qui a fait un boucan digne d'une criminelle et tout ce tableau face à une juge plus que tolérante, laissant les antagonistes s'exprimer à leur aise, pourvu que la vérité soit sous la lumière de la justice. Sinon, les débats animés avaient réussi à montrer la voie à suivre à la juge, qu'il faut saluer bien bas pour sa manière de conduire les débats et sa capacité d'écouter qui ne laissent aucun doute que cette affaire est examinée avec beaucoup de souplesse et surtout d'intégrité. Maître Krimo Djellal défend en opposition une veuve qui a largement dépassé la quarantaine. Elle avait écopé par défaut d'une peine d'emprisonnement ferme de six mois pour faux et usage de faux, fait prévu et puni par l'article 222 du code pénal, outre le second délit, l'escroquerie, punie par l'article 372 du même code. Saïda R. est complètement abattue face à Inès Kouhil, la présidente de la section correctionnelle de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger). Elle a heureusement à sa gauche l'avocat qui aura l'occasion de mieux expliquer à la juge les tenants et aboutissants de ce dossier qui n'en est pas un, selon le défenseur qui aura le loisir de jouer seul car l'adversaire, lui, n'en a pas. De quoi s'agit-il ? Simple. Saïda est mise à l'index sur du vent de l'air pollué lâché par des proches affreux. On lui impute d'avoir usé d'un faux qu'elle aurait elle-même fabriqué. Or, durant les chauds débats animés par une juge trop calme, on apprendra que l'inspecteur a dit ses regrets d'avoir «brûlé» Saïda sur le bûcher des convocations qu'elle n'a jamais reçues. «Madame la présidente, c'est faux, elle n'a jamais bougé de chez elle depuis la mort de son époux, un handicapé moteur qui était brouillé avec son père qui avait divorcé en 1972. C'est pourquoi Saïda ne connaît pas le beau-père. C'est clair non ?», s'est exclamé maître Djellal, dont l'élégance est à mettre en valeur. Ce n'est que justice. Bouacha Akila qui occupe jeudi le siège du ministère public va requérir du bout des lèvres une peine de prison ferme de six mois, et ce, même si elle a une autre vue du dossier, à l'issue des débats, mais Bouacha est esclave de l'indivisibilité du siège du ministère et donc... Visiblement remonté par cette flagrante injustice, maître Krimo Djellal va de suite crier à la machination au complot mis en branche par des forces occultes, celles du mal. «Madame la présidente, ma cliente n'a rien à voir dans ce brasier, il n'y a ni fausses déclarations, ni escroquerie, ni faux et encore moins usage de faux. C'est un ayant-droit qui n'a reçu que ce que la loi lui a offert. Un point, c'est tout, et pour cela nous réclamons la relaxe pure et simple», a dit, excité à juste titre, ce jeune avocat qui ne fait jamais les choses à moitié. Il s'était véritablement démené pour démêler l'écheveau, car tout dossier introduit pour faux et usage de faux est une véritable toile d'araignée dont on ne peut sortir indemne. Et le dilemme pour le défenseur, c'est de convaincre le tribunal d'abord et le parquet ensuite ou l'inverse, c'est une véritable gageure.