Nous n'avons pas de porc, mais l'hôpital de Bouira nous rappelle que nous n'en avons pas besoin pour avoir la grippe porcine. Et c'est un médecin qui exerce dans cet établissement qui a attrapé la maladie, comme le confirme le «laboratoire de référence de la grippe» de l'Institut Pasteur d'Algérie, ce qui suppose que le malade a dû être contaminé sur son lieu de travail. Même si le jeu de probabilités est aléatoire en l'occurrence, on peut cependant supposer que le brave médecin de Bouira devait avoir plus de «chance» de chopper la saloperie en consultant un patient qu'en faisant ses emplettes au marché de la ville. La chose n'a peut-être pas besoin d'être confirmée, tant elle confère à l'évidence, mais elle sera confirmée quand même : le résultat des analyses de deux autres cas qui présentent les mêmes symptômes sont attendus dans les prochaines heures. Ce sont deux chirurgiens du même établissement hospitalier. ça fait trois malades de la grippe H1N1 dans un seul hôpital. Et quand il y a trois cas qui partagent le même espace de travail et en partie de vie, ça en cache généralement beaucoup plus. D'abord parce que médecins, ils doivent être quand même d'un niveau d'hygiène et de vigilance supérieur à la moyenne, ce qui permet une certaine rapidité de détection de la maladie chez eux, comparativement aux autres. Ensuite, dans un espace aussi fermé qu'un hôpital, avec les caractéristiques de la maladie et la faiblesse des capacités immunitaires, il est difficile d'imaginer, même en étant le plus maladif des optimistes, que le nombre de personnes atteintes en reste là. A propos d'immunité, donc de prévention, il est curieux de constater que la révélation de «ce» cas de grippe porcine annoncée dans la foulée d'un bulletin médical qui fait état de décès causés par la grippe saisonnière, intervient de manière quasi synchronisée avec une vieille histoire de vaccins qu'on pensait terminée. On aura remarqué d'abord que c'est «un cas confirmé» de grippe H1N1 qui retient l'attention plus que plusieurs morts de la grippe ordinaire. L'ordre de gravité est ainsi inversé, comme pour nous rappeler qu'il y a quelque chose de vraiment malsain dans ce qui entoure cette maladie. Les malades font l'événement et les morts passent inaperçus. Tout comme l'incinération de 4,5 millions de doses de vaccin semble poser plus de problèmes aux autorités sanitaires que le scandale de leur acquisition inutile. Dans la maladie et la mort, dans les achats inutiles et les incinérations problématiques, on établit l'ordre d'importance qui fasse oublier l'essentiel, c'est-à-dire le plus scandaleux. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir