La réception des traitements pour les malades cancéreux par le CPMC d'Alger ne signifie guerre la fin du calvaire pour les patients. Après plusieurs semaines de rupture de stock, le centre a réceptionné une quantité des «drogues» et autres traitements nécessaires pour les séances de chimiothérapie. «Pour l'instant, les choses sont rentrées dans l'ordre et les séances se fassent de façon presque normale. Ceci n'empêche qu'on craint un retour à la crise à n'importe quel moment», affirme Hamida Kateb, présidente de l'association El Amel des malades cancéreux. L'épineux problème qui continue de menacer la vie des patients est le traitement par la radiothérapie. Le programme des séances est saturé. Les patients sont contraints d'attendre six mois voire une année pour pouvoir faire une séance en dépit de l'urgence de tous les cas. «Pour décrocher un rendez-vous de radiothérapie du cancer du sein, il faut attendre janvier 2012 et plus, pour le cancer du col c'est à partir de mars 2012. En principe, la séance intervient 21 jours après celle de chimiothérapie mais il se trouve que les malades sont contraints d'attendre plusieurs mois pour pouvoir y accéder. Cela pénalise le malade et beaucoup risquent de mourir entre-temps», a-t-elle expliqué. Les dernières statistiques relèvent que 28 000 patients sont en attente de la radiothérapie. «On risque d'en perdre beaucoup si la situation continue à ce rythme», a-t-elle souligné. La saturation du programme est due à la forte demande. Le manque de centres de radiothérapie est crucial et fait que les malades des 48 wilayas viennent à Alger pour subir ce traitement. Pourtant, la stratégie de lutte contre le cancer établie en 2001 par le ministère de la Santé a prévu la réalisation d'un centre au niveau de chaque wilaya. Dix ans après, cet objectif n'est toujours pas atteint. «Le ministre avait annoncé l'ouverture de sept centres dont ceux de Sétif, Batna et Annaba pour juin 2010 mais cela n'a pas encore été fait. Le centre de Ouargla, dépourvu de matériel et de manipulateurs, ne reçoit plus de malades en raison de son programme saturé», nous explique Mme Kateb, affirmant que «L'entrée en service de ces centres nécessite trois ans au minimum». La réception de ces structures n'est pas une fin en soi dans la mesure où il y a nécessité et urgence de former un personnel qualifié pour les manipulations. Lors de la séance de travail tenue en juin dernier avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, l'association El Amel a proposé d'établir des conventions avec les hôpitaux des pays étrangers pour la prise en charge des séances de radiothérapie à la période indiquée, en attendant la réception de ces centres. Une proposition qui n'a pas eu de suite. Pas de «drogues» à Batna Si le problème de pénurie de médicaments a été réglé à Alger, il n'en est pas le cas ailleurs. A Batna, les cancéreux ne trouvent pas les «drogues» pour faire la chimiothérapie. «La rupture est récurrente, elle dure depuis l'ouverture du service d'oncologie en 2008», affirme Fouzia Chabani, représentante de l'association à Batna. Cette situation trouve son origine dans la non-structuration du centre au niveau du ministère de la Santé, «ce qui fait que lorsque le PCH ne nous réserve pas un quota systématiquement lors de la distribution des médicaments. On nous laisse les miettes», a-t-elle souligné. Les requêtes faites au niveau du ministère n'ont toujours pas abouti au règlement de ce problème épineux. Cette situation fait que des centaines de malades sont en attente de l'arrivée des drogues. «Lorsque les traitements sont disponibles, les malades font une première séance puis restent en attente de l'arrivée d'un autre quota pour pouvoir faire une deuxième. Ils dépassent les 21 jours prescrits par les médecins. Qu'on trouve une solution à ce problème ou qu'on ferme et oriente les malades vers d'autres centres au lieu de les maintenir en souffrance», a-t-il ajouté. En dépit du manque des traitements, ce petit service de 16 lits au CHU de Batna reçoit les malades de la région des Aurès et ceux du Sud vu que le centre d'Ouargla connaît des arrêts permanents en raison du manque de médecins. Actuellement, plus de 500 malades sont en attente d'une prise en charge.