Des cadavres par centaines qui jonchent le sol de Tripoli. Une fois les insurgés arrivés à Syrte, ils pourraient se compter par milliers. C´est le triste spectacle qu´offre, aujourd´hui, la victoire des insurgés sur le régime de Mouamar Kadhafi. La chasse à l´homme«zenga zenga» La rébellion voit, partout, des partisans du régime déchu. Tout pauvre ressortissant africain qui passe par là où n´a pas trouvé de refuge pour sauver sa peau est un mercenaire. Tout civil qui a eu le malheur de se retrouver sur son chemin devient suspect. C´est la chasse à l´homme «chibr chibr, beit beit, dar dar, zenga zenga». Par les liquidations sommaires dont ils se sont rendus coupables, les groupes insurgés donnent l´impression de n´avoir rien à apprendre du régime déchu en matière de violations des droits de l´homme. Mais ces crimes de guerre commis jusqu´à preuve du contraire contre des innocents sans jugement par une révolution aveuglée par le sentiment de vengeance et avec la bénédiction des «alliés» est-elle de la seule responsabilité d´une insurrection aux objectifs souvent contradictoires ? Des djihadistes d´Irak et d´Afghanistan aux côtés des démocrates (pour le moment), tous agissant sous l´autorité d´anciens fidèles de Kadhafi, il sera difficile de faire sortir de ce mouvement populaire cosmopolite une direction politique homogène capable de conduire le pays vers la réconciliation, la stabilité, la sécurité et encore moins vers la démocratie. Le silence de la communauté internationale le silence de la coalition militaire internationale sur ces graves dérives humanitaires vaut complicité. Les «alliés», trop occupés à préparer l´après-Kadhafi et à négocier les contrats de reconstruction d´un pays en ruine et en deuil, ont laissé faire. La communauté internationale, le Conseil de sécurité de l´ONU, qui a donné son feu vert à la coalition militaire internationale au motif de porter secours aux populations civiles soumises aux bombardements intensifs des partisans de Kadhafi, appelle du bout des lèvres les chefs de la rébellion à neutraliser les «extrémistes» dans ses rangs. Une telle initiative, M.Ban Ki-moon le sait, est insuffisante, parce que sans effet sur le terrain. Elle consiste tout juste à donner bonne conscience à l´ONU de ne pas s´être tue. Même les organisations humanitaires internationales, scandalisées par le comportement brutal des régimes arabes, ont perdu la voix. Y-a-t-il donc des droits de l´homme à deux vitesses? Faut-il voter une nouvelle résolution qui viendrait compléter la 1973 sur la protection des populations civiles ? La résolution 1973 n´autorise-t-elle pas, de fait, le massacre de populations civiles de Tripoli et de Syrte au nom de la protection des populations civiles à Benghazi. C´est là que les intentions de départ de Nicolas Sakkozy deviennent encore plus suspectes. Une pays en ruine et en deuil La vie d´un africain immigré en Libye ou celle d´un partisan du régime de Kadhafi vaut celle d´un insurgé. La défense des droits de l´homme est un principe «un et indivisible» et un crime commis en période de conflit n´en excuse pas un autre. N´est-ce pas la leçon que les démocraties occidentales ont rabâchée à l´ONU pour aller faire la guerre à Kadhafi ! Trop d´intérêts et de calculs sont, hélas, en jeu dans le marché libyen où la phase de reconstruction permettra aux grandes entreprises occidentales, américaines, françaises, italiennes, anglaises et qataries, la plupart immigrées dans la crise économique et financière internationale, de pouvoir sortir la tête de l´eau. Les experts des alliés procèdent au montage financier de ce plan de reconstruction sur la base d´une première enveloppe de plus de 300 milliards d´euros. C´est-à-dire la somme placée par la famille Kadhafi dans les banques étrangères. C´est toutefois le prix du baril qui, curieusement, poursuit sa tendance à la baisse depuis l´entrée des insurgés à tripoli qui devrait permettre à la France et à ses amis de l´OTAN de réaliser les meilleures affaires pour pousser vers le haut une croissance économique qui peine à dépasser le 1%. Amis des arabes,dites-vous ? Les massacres à grande échelle des civils et des Africains dans la capitale libyenne qui renvoient certaines images de Kaboul, et à Syrte, lundi ou mardi, à l´arrivée des insurgés, n´inquiètent pas les «alliés». La priorité est aux affaires. Pendant ce temps, les Nations unies renvoient l´affligeante impression d´impuissance à laquelle elles ont habitué la planète des pauvres, comme en Palestine. La certitude est faite depuis 1947, date du partage criminel de la Palestine, que l´ONU n´est rien d´autre qu´un instrument aux mains des puissances occidentales et des intérêts d´Israël. Au diable les droits de l´homme ! Les insurgés libyens parmi lesquels, aucun doute là-dessus, il y a un grand nombre de vaillants patriotes et de démocrates sincères, ne doivent pas se raconter d´histoires. C´est une évidence historique que les occidentaux ne sont pas leurs amis. Les amis de leur pétrole oui. Les partisans d´Israël, sans doute ! Qu´ont-ils fait pour punir les crimes d´Israël, de Dar Yassine en 1947 à Ghaza en 2011 et la tragédie du peuple palestinien, sans avenir parce que sans histoire et sans terre? Au diable les droits de l´homme!