Le président de la Ligue Algérienne de la Défense des Droits de l'Homme (Laddh), Mustapha Bouchachi, regrette «l'inertie et le manque de militantisme des Algériens pour l'acquisition de leur liberté confisquée». Il a exhorté, lors d'une conférence qu'il a animée hier après midi à la maison de la culture de Tizi Ouzou, les Algériens, et plus particulièrement l'élite intellectuelle, à «militer davantage pour le changement pacifique dans le pays et l'édification d'un état démocratique».Il dira à ce propos: «nous ne militons pas suffisamment pour notre liberté confisquée depuis des décennies. Le silence chronique de l'élite intellectuelle Algérienne est une caution pour la pérennité du système en place que ne veut rien céder concernant l'ouverture démocratique et l'alternance au pouvoir. La pérennité du régime en place dépend de notre inertie !». Le conférencier est revenu une fois de plus sur les réformes politiques proposées par la commission Bensalah. «Les lois proposées par la commission Bensalah relatives aux réformes politiques sont plus dangereuses que celles existante déjà. En d'autres termes, les libertés individuelles et collectives seront encore restreintes. A l'avenir en Algérie, pour créer une association il faut toujours l'aval de wali, pour créer un journal ou bien agréer nouveau parti politique même les lois existantes ne sont pas appliquées ! «Tel est le constat de Mustapha Bouchachi. Le conférencier n'a pas été non plus tendre envers les responsables politiques qui dirigent le pays. «Les lois sont régies par ceux qui détiennent les armes», dira Bouchachi sans ambages. De sont côté, Sad Ali Salem, en sa qualité de secrétaire général du SATEF, est longuement revenu sur la situation actuelle politique en Algérie qu'il qualifie de désastreuse. «Je suis contre ceux qui prétendent que nous avons fait notre révolution démocratique en 1988 puisque le changement politique n'a pas eu lieu. Les jeunes Algériens de l'époque se sont révoltés, seulement et le but recherché n'a pas été atteint. Notre tour viendra et nous allons emboiter le pas à des autres pays du Maghreb», estime Sad Ali Salem. Ce dernier se demande «jusqu'à quand on continue à interdire les marches pacifiques et la création de nouveaux partis politiques ?». Des avocats sont intervenus lors de cette rencontre pour revenir sur les raisons qui les ont motivés à enclencher un mouvement de grève. «Je me demande comment un juge traite plus de 200 affaires par jour. Les droits de l'homme ne sont pas respectés dans notre pays», dira l'avocate Smaïl Nabila. Cette dernière regrette le peu d'importance que la presse accorde aux vrais problèmes du pays. «Je respecte les journalistes, mais ce n'est pas normal qu'ils accordent beaucoup plus d'importance par exemple aux insultes échangées entre le président de la JSK, Hannachi, et le député Aït Hamouda qu'aux droits de l'homme quotidiennement bafoués dans les tribunaux», fait remarquer maitre Smaïl. Notons que la conférence organisée hier par Laddh entre dans le cadre de l'élection d'un nouveau chef de bureau de la section locale de cette ligue de la défense des droits de l'homme.