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La règle de trois de Hillary Clinton
Publié dans Le Temps d'Algérie le 26 - 02 - 2012

La visite de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, à Alger samedi dernier a fait son effet. Il est vrai que la qualité de l'hôte de l'Algérie, fut-il pressé, et les messages qu'il a délivrés ont laissé leur marque et suscité commentaires et interrogations.
Ses déclarations sur le rôle du privé, de la société civile et la responsabilité du gouvernement, sa «théorisation» de l'avenir de l'Algérie durant les cinquante prochaines années sont intéressantes. Mme Clinton est après tout dans son rôle, et elle fait son «job», comme diraient les Américains, en expliquant la feuille de route des concepteurs du nouveau monde, une feuille de route qui s'ébauche sous nos yeux dans le chaos et le vacarme des armes.
«L'Algérie, qui fête ses 50 années d'indépendance, doit occuper la place qui lui sied pour les 50 années à venir, avec un programme de développement en faveur de la société», a-t-elle dit à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger, devant la presse et des membres de la «société civile», notamment des diplômés d'écoles et universités américaines ? Un aréopage trié sur le volet, en terre américaine, selon le principe de l'extraterritorialité.
Ceci pour la forme, car la forme et le choix du lieu ont leur importance. Mme Clinton délivre en effet les lignes de force de cette stratégie devant un panel, proclamé société civile, formé et coopté par les Américains mais néanmoins Algériens, dont la mission est donc de s'imprégner de cette ligne de conduite afin de la promouvoir en Algérie. Soit. La maîtresse de cérémonie ne s'offusque pas de détails encombrants. Quid de cette société civile ?
Pour honorables qu'ils soient, et correspondant au profil arrêté par les Américains, cette société civile présentée samedi à la chancellerie a-t-elle un vécu, une présence sur le terrain social algérien ? Quelles réflexions ou actions, quelles contributions lui ont-ils donné une légitimité sur le terrain ? Nul n'a posé la question, et Mme Clinton n'a certainement, à aucun moment, songé qu'elle puisse se poser ou qu'elle requiert une quelconque explication.
Fallait-il en donner en Tunisie ou en Egypte, quand d'illustres inconnus, à l'image de Wael Ghonim, sont sortis de l'anonymat pour appliquer les bonnes leçons apprises en tant qu'élément de la «société civile» égyptienne ? Toujours dans le cadre de la chancellerie américaine, Mme Clinton soutient que les Etats-Unis doivent soutenir ce programme de développement qui «privilégie le dialogue entre le gouvernement, la société civile et le monde de l'économie».
Elle a indiqué que les Etats-Unis sont partenaires dans le dialogue avec le gouvernement, le secteur économique et la société civile pour «observer les changements et les progrès réalisés». Et d'ajouter encore plus loin : «Nous sommes au 21e siècle et je conçois la société comme un tabouret à 3 pieds ou 3 piliers.» Le premier pilier représente le gouvernement qui est «responsable», qui «rend des comptes et crée des opportunités pour la population».
Le secteur économique privé est le 2e pilier, selon la secrétaire d'Etat américaine, qui «doit être dynamique et ouvert sur le monde afin de créer des opportunités et de l'emploi». La société civile représente le 3e pilier qui travaille, a-t-elle encore expliqué, «sans relâche» pour «améliorer les conditions de vie de ses concitoyens».
Le tableau est donc complet et a le mérite d'être clair. Les convictions de Mme Clinton ne lui appartiennent pas, et sont partagées par une grande partie de l'opinion, convaincue que le libéralisme planétaire et la mondialisation imposent une autre lecture du monde. En ces temps où le concept de souveraineté nationale, au sens qui était le sien au 20e siècle, a vécu, de nombreux pays font un aggiornamento pour s'adapter, et négocier au mieux ce virage délicat.
Mis à part les irréductibles nord-coréens et l'alternative cubaine ou vénézuelienne, les rares tentatives de résistance à cette lame de fond sont réduites par la grâce d'une résolution au Conseil de sécurité et la voix des armes. Trois piliers d'un tabouret, ou trois fers d'un trident, c'est selon, mais il est connu que la politique ne s'embarrasse pas de sentiments. Certes, mais qu'en est-il alors de cette belle profession de foi dans des pays comme le Qatar ou l'Arabie saoudite ?
Un gouvernement qui rend compte, des privés qui se substituent à l'Etat en tant qu'acteur économique, et des sociétés civiles qui œuvrent pour le bien de la société, n'est-ce pas également une question d'une brûlante actualité à Doha par exemple ? Qu'importe, mais alors en Tunisie, ou sont les promesses du printemps alors que le pays, après avoir chassé un Ben Ali tombé en disgrâce auprès de ceux qui l'encensaient hier, découvre qu'il respire le même air, même sans Ben Ali. Le propos ici n'est pas de se prononcer sur la gouvernance Ben Ali, ni de remettre en cause les décisions souveraines des Tunisiens.
Ce pays frère est dans un cycle de décroissance, et les problèmes économiques graves des pays européens et des Etats-Unis hyperendettés, le laissent en rade et en quête des promesses d'aide formulées hier. Il n'est pas besoin de parler de la Libye, où le tabouret ne peut tenir sur aucun pied.
En somme, et madame Clinton ne l'a peut-être pas relevé, en termes de piliers, il s'agit là bien des grandes lignes de la politique adoptée par le gouvernement algérien depuis des années et qui a été confortée par des décisions plus qu'importantes durant ces derniers mois. Trois points cités par la hôte de l'Algérie ne sont pas étranges et nouveaux. Le secteur privé algérien joue un rôle déterminant occupant plus de 5 millions de salariés, impliquant le privé national et étranger.
Un privé étranger qui, dans sa majorité, commerce sans investir ni créer de richesse. Les transferts de devises est l'argument irréfutable des gains engrangés en Algérie, parfois au dépend de l'avenir du pays. La distribution de l'automobile, les banques privées, dont certaines sont au rouge en France ou ailleurs, affichent des résultats exceptionnels en Algérie et renflouent les bilans comptables macro de leur maison mère. Il est vrai que depuis la LFC 2009, l'Algérie sait ce que le mot pression recouvre.
Quant à la société civile, elle est assise réellement et représente toutes les franges de la société. Les actions parlent d'elles aussi bien en termes de mobilisation citoyenne qu'en termes de contestation, y compris dans certains corps constitués, la police communale a occupé pendant 15 jours la place des Martyrs d'Alger pour revendiquer son intégration dans le corps de l'armée nationale. Il est évident que la société civile algérienne ne peut être comme celle des Etats-Unis, sinon il serait aussi légitime de demander à la société civile américaine de prendre exemple sur notre expérience.
Une société civile américaine qui, soit dit en passant, a été évacuée manu-militari de Wall Street, au cours du mouvement dit «occupy Wall Street», sans que personne n'appelle la police américaine à la modération dans la répression et à laisser les gens manifester en toute démocratie. Soit dit en passant également, nul ne s'est offusqué de la décision britannique de couper les communications aux manifestants anglais à la City de Londres. Pas besoin d'être naïf,
ni de verser dans l'angélisme que de dire que les trois principes de Clinton, même s'ils sont à des années lumière de ceux du président Wilson, sont plus qu'intéressants. Dans la mesure où ils sont mus par la sincérité, l'esprit de responsabilité et la perspective d'un monde meilleur, d'Alger à Athènes en passant par Doha, ils sont les bienvenus.


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