Le FLN a enfin dévoilé les noms de ses candidats aux législatives du 10 mai 2012, créant comme à l'accoutumée du mécontentement, de la colère, de l'émotion et beaucoup de déception parmi ses militants. La commission chargée de la confection des listes a mis beaucoup de temps et a attendu jusqu'aux dernières heures, voire même les dernières minutes pour annoncer les noms des candidats. La grande surprise a été constatée, comme nous l'avons annoncé auparavant, sur la liste d'Alger confectionnée dans la discrétion totale. Mohamed Larbi Ould Khelifa, président du Haut-Conseil de la langue arabe, sera en tête de liste à Alger, son dauphin est l'ancien député Salah Eddine Bourezak. Méconnu de tous et même au sein du parti, Mohamed Larbi Ould Khelifa ne fait vraiment pas l'unanimité. «Belkhadem a toujours prôné le rajeunissement, voilà qu'il opte encore une fois pour des vieux et des personnes que nous ne connaissons même pas dans le parti», ont dit les cadres militants d'Alger. Pour eux, «Belkhadem a ainsi grillé toutes ses chances de remporter ces élections et de maintenir sa place de première force politique». Les noms de Wahid Bouabdellah ou encore d'Asma Ben Kada, l'ancienne épouse de cheikh Youssef Al Qaradaoui, ne plaisent pas aux militants et cadres du parti. «Le premier a été à l'origine de grands scandales, voilà qu'il est récompensé au FLN, et la deuxième n'est même pas militante au FLN. On écarte les compétences pour mettre n'importe qui. C'est une honte», ont-ils dit. Sur les critères de ces choix, les cadres de l'ex-parti unique disent que «cela ne répond ni à l'esprit de changement ni encore à celui de partir gagnant». Selon eux, «les têtes de liste ont été choisis par le secrétaire général du parti. Les membres de la commission de confection des listes ont poussé leurs amis, leurs proches et leurs enfants. Le parti a également favorisé les candidats de l'argent sale au détriment de ses enfants honnêtes et militants». Sur l'interdiction de présentation des ministres, des membres du bureau national et des mouhafadhs, les cadres disent que «c'est la règle du deux poids, deux mesures qui l'a emporté en fin de compte. Il y a quatre ministres candidats et têtes de liste alors que les autres sont écartés, il y a des membres du bureau national conduits et certains mouhafadhs aussi». Des militants lâchés Abdelaziz Belkhadem a ainsi lâché ses cadres militants les plus proches, connus aussi pour être ses hommes et ses intimes. Outre ces anciens cadres proches qui ont créé un mouvement de redressement qui a sérieusement secoué les rangs du parti, Belkhadem a de nouveau écarté les siens, dont Abdelaziz Ziari, président de l'APN, Hamid Si Afif et Dâadouaâ, tous les deux députés à l'APN, à moins d'un compromis conclu dans la discrétion. «Abdelaziz Belkhadem travaille pour la présidentielle de 2012. Il n'a plus besoin des siens car l'ambition dépasse le cadre du FLN. Il a d'autres appuis et d'autres forces qui vont le propulser pour réaliser son rêve de bâtir un Etat islamiste.» L'annonce des listes définitives a soulevé la grogne dans plusieurs wilayas où les militants tiennent à exprimer leur colère contre la marginalisation de ces législatives. A Tlemcen, la liste conduite par Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, secondé par les députés Mohamed Bekhchi et Mohamed Belkacemi, est fortement contestée par les militants. Hier, une centaine de militants et un membre du comité central ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya. «Cette action vise à empêcher la tête de liste ou son représentant de se rendre au bureau des élections de la direction de la réglementation et des affaires générales de la wilaya», ont-ils expliqué. La situation est encore tendue. Les contestataires tiennent à exprimer «le rejet total de cette liste par l'ensemble des militants et des kasmas de la wilaya». Même situation à Chlef où le siège de la mouhafadha s'est transformé en structure sans âme après l'annonce des noms d'Abdelkrim Medouar, président du club de football de ligue I professionnelle, l'ASO Chlef, et d'Abdi Moussi, deux premiers candidats de la liste FLN. Cette liste a suscité l'indignation des militants du parti et les a poussés à quitter le siège car, pour eux, la liste ne fait pas l'unanimité. Ces derniers avertissent que la campagne électorale va dans le sens contraire.
