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«La solution au problème Azawad ne peut être résolue que dans le cadre d'un dialogue»
M'hend Berkouk, directeur du Centre de recherche sécuritaire et stratégique (Crss) :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 02 - 04 - 2012

M'hend Berkouk, spécialiste des questions sécuritaires et géostratégiques, nous livre son point de vue sur la situation au Mali, après la progression de la rébellion touareg et des groupes islamistes qui se sont emparés des principales villes du Nord, notamment Kidal, Gao et Tombouctou. Pour cet expert, les événements se déroulant au Mali menacent la stabilité régionale d'où l'intérêt de lancer une initiative de paix et de négociations impliquant les pays voisins du Mali, dont l'Algérie, qui pourra jouer, selon lui, un rôle déterminant.
Le Temps d'Algérie : Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle du Mali à la lumière de la progression des rebelles touaregs et des groupes islamistes au Nord ainsi que du coup d'Etat militaire du 22 mars dernier ?
M'hend Berkouk : La situation du Mali s'aggrave de jour en jour et cela pour plusieurs raisons. La première est la dynamique des rebelles qui dépasse territorialement la présence militaire officielle au nord de ce pays. La deuxième est aussi la progression du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) sur le plan politique au dépend de l'Alliance démocratique du 23 mai. Nous constatons que le MNLA radicalise de plus en plus ses revendications.
La troisième raison inquiétante est la montée de l'islamisme radical militarisé qui, pour la première fois dans un territoire peuplé, essentiellement, par des Touaregs, réclame l'instauration d'un régime islamique au Mali. Ce qui risque de créer des imbrications triangulaires entre islamistes, le Mouvement des Azawad, qui se dit laïque, et les groupes terroristes liés à Aqmi et aux groupes criminels. Quatrième point grave, c'est l'affaiblissement de la structure malienne de gestion de la situation sécuritaire après le coup d'Etat du 22 mars.
Cela concourt à affaiblir les capacités de garder des garnisons au Nord pour résister aux attaques éventuelles de la rébellion des Azawad.
Comment voyez-vous la résolution du conflit des Touaregs et la situation politique au Mali ?
Il faut dire que le conflit malien s'est encore compliqué davantage après le coup d'Etat de la junte militaire le 22 mars dernier.
Et vu la défiance politique de la nouvelle junte et de son manque d'expérience en termes de gestion politico-sécuritaire et les risques d'affaiblissement des conditions opérationnelles de l'armée malienne au Nord, je crois que toute solution au problème Azawad ne peut être priorisée qu'autour d'une table de négociations sur trois principes fondateurs des Etats post-coloniaux, à savoir l'intégrité territoriale, l'unité du peuple et la justice intercommunautaire.
Peut-on placer un espoir sur la mission menée actuellement par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ?
La Cédéao a de l'expérience en termes de résolution de conflits ou de leur gestion comme cela a été le cas du conflit nigérien, de la Cira Lionne et de la Côte d'Ivoire. Mais, j'estime que le cas malien est un peu différent. Car, seulement 10% de la population vit sur les deux tiers du territoire et qui se sentent aujourd'hui lésés sur le plan socio-économique et marginalisé sur le plan politique.
Et c'est pour la première fois qu'une rébellion au nord du Mali, depuis 1963, réclame l'autodétermination. Ce qui est grave non seulement pour le Mali mais pour toute la région, si l'on prend en considération le fait qu'un nombre d'intellectuels et de politiques touaregs, du Mali et du Niger, notamment, avaient annoncé en septembre 2007 à Paris leur création d'une République sur la base des décrets français de 1957 instituant l'Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) pour le Grand-Sahara.
Les risques de contagion au-delà du Mali, notamment au Niger, sont possibles. Ce qui pourrait affaiblir la stabilité régionale.
Est-ce qu'on peut compter sur l'intervention du Conseil de sécurité de l'ONU, d'autant plus que la France veut le saisir officiellement ?
Ce conflit doit être résolu dans le cadre de dialogue. Malgré les grandes différences sur les points de revendications et les modes d'expressions violentes, j'estime que des pressions concertées des pays voisins et de la Cédéao et ainsi que des pays du Sahel, notamment de l'Algérie peut pousser les rebelles à redéfinir leur priorité en termes de négociations dans le cadre de l'unité du Mali et dans le cadre d'un nouveau partage et des opportunités politiques et économiques dans ce pays.
Ce qui veut dire essentiellement que le Mouvement devrait adresser leurs revendications socio-économiques légitimes, redéfinir un nouveau cadre de régionalisation et surtout travailler avec les pays voisins dans une stratégie de co-développement. Le Mali est un pays moins avancé sur le plan économique, faible sur plan militaire et vulnérable sur le plan stratégique.
L'apport de l'Algérie est important pour la stabilisation de ce pays. Mais, j'estime qu'il serait intéressant de réfléchir sur un cadre sous-régional de coopération économique, politique et sécuritaire qui dépasse le seul seuil de coopération de lutte contre le terrorisme pour les quatre pays du champ, avant de saisir le Conseil de sécurité.
Justement, comment voyez-vous l'avenir de l'action des pays du Sahel dans ce contexte de crise malienne ?
La situation sécuritaire au nord du Mali est difficile étant donné que cette région est au service des groupes terroristes et des groupes de crimes organisés. Avec l'affaiblissement des structures de gestion sécuritaire et militaire du Mali au Nord, on sera malheureusement face à une aggravation de la menace terroriste et criminelle. Il serait encore plus difficile sans le Mali stable de contrer ces deux menaces transnationales. Et c'est pour cela, la logique du CIMOC est intéressante à conforter et encore plus importante dans un schéma multiforme comprenant l'action militaire, le renseignement, l'action économique et politique.
C'est la création d'une logique de sécurité régionale sous des angles militaires, économiques et politiques sans ingérence et en préservant l'esprit sur lequel les pays du champ se sont rencontrés, à savoir l'initiative régionale.
Certains observateurs et parties accusent les autorités françaises d'être responsables de la situation actuelle du Mali, en établissant des liens avec le MNLA. Ce qui est contraire à la position officielle de Paris appelant à l'intégrité territoriale du Mali et au retour à l'ordre constitutionnel. La France a-t-elle une responsabilité directe ou indirecte dans la situation du Mali ?
Certains analystes considèrent que les 14 pays de l'Afrique francophone qui avaient accédé à leur indépendance durant les années 60 demeurent une zone d'influence de l'ancienne puissance coloniale française. Cinq d'entre eux sont toujours liés à ce jour par des accords militaires considérés contraignants comprenant, entre autres, le maintien de bases militaires et des facilités logistiques à l'ex-métropole.
Le Mali, à titre d'exemple, est toujours dépendant de la France sur le plan monétaire et aussi sur le plan politique malgré la révision des accords de 1960 et 1974. La France avait forcé la main à l'ex-président malien Amadou Touré pour libérer l'agent de renseignement Pierre Camette en contrepartie de la libération de quatre terroristes arrêtés au Mali. La France avait déjà conduit deux opérations de lutte contre le terrorisme sur le territoire malien. Ce qui est contraire à la logique de la stratégie des pays du Sahel.
Il ne faut pas oublier aussi que dans les pays voisins, le Niger, la compagnie Areva, était accusé en 2007, par les autorités nigériennes de financer des mouvements touaregs afin de mener une rébellion au Nord. Certains estiment donc que l'esprit de dominance de la France est encore présent dans des pays africains. Il ne faut pas oublier que des accusations ont été portées par l'ex-président ivoirien Gbagbo contre ce pays lors de son arrestation en 2011. La France avait mené aussi une intervention en 2009 au Tchad pour sauver le régime.
Mais, objectivement parlant, malgré ces antécédents, il serait scientifiquement impossible de dire que la France est pour quelque chose dans ce qui se passe au nord du Mali, en l'absence d'indices corroborant une telle hypothèse d'ingérence.


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