Le président de la Fédération algérienne d'athlétisme Yacine Louail présente sa démission    Cyclisme: une coopération algéro-égyptienne débattue mardi au Caire    Rencontre à Rome entre une délégation du groupe d'amitié Algérie-Italie et son homologue du Parlement italien    Chlef: Arrivée au port de Ténès d'un 2e bateau chargé de plus de 12. 000 têtes d'ovins en provenance d'Espagne    Foires: la Safex lance un podcast médiatique pour exposer les expériences algériennes réussies et promouvoir le produit national    Le Général d'Armée Chanegriha préside l'ouverture des travaux d'un Séminaire international intitulé "Géopolitique du terrorisme à l'ombre des nouvelles mutations mondiales"    Agression sioniste: la famine à Ghaza est l'expression d'une "cruauté absolue"    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste s'élève à 52.653 martyrs et 118.897 blessés    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie auprès d'Antigua et Barbuda    Algérie-Oman: Construire un partenariat économique prometteur gagnant-gagnant    Le Premier ministre s'entretient à Freetown avec le vice-président sierra-léonais    Pluies orageuses sur plusieurs wilayas de l'Est mercredi et jeudi    Le 1er vol depuis Ghardaïa vers les Lieux Saints de l'Islam prévu le 22 mai    La famille d'un illustre artiste-peintre anglais fait don à l'Algérie de plusieurs de ses œuvres    Oran: ouverture du 2e Salon du cosmétique et des produits de beauté avec la participation de 70 exposants    Ligue arabe: l'Algérie élue présidente du Comité artistique de la propriété intellectuelle    Mohamed Arkab annonce le lancement d'un vaste programme    Le criminel Netanyahou se présente pour la 28e fois devant le tribunal pour corruption    Sphère informelle et écart croissant entre le cours du dinar algérien sur le marché officiel et celui du marché parallèle    Saadaoui s'engage à incarner une école moderne et des conditions de scolarisation décentes    La Bourse d'Alger séduit de plus en plus d'entreprises ambitieuses    La FAF averti, des supporters s'interrogent    Le PSG espère le retour d'Ousmane Dembélé pour faire mal à Arsenal    Célébration du 66e anniversaire de la mort du colonel Si M'hamed Bougara    Entre barbouillage pictural et maquignonnage culturel    Une œuvre bouleversante sur la naissance du théâtre algérien    Le rôle de la communication est "primordial" dans la mobilisation de la société civile    Foot/Sélection nationale U17 : début du stage de présélection pour les joueurs des régions Centre et Sud du pays    La vente des moutons roumains et espagnols lancée    Mourir de l'hypothétique Covid viral ou vivre sous l'hypnotique servitude du capital ?    Bruno Retailleau a contribué à répandre la haine anti-musulmans    L'Algérie sacrée championne avec 53 médailles, dont 18 en or    Israël torture les employés de l'UNRWA    Une pratique démocratique à l'abri de toute forme de dérive    L'intérêt national, avant tout    Le projet de loi présenté à l'APN    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Souvenirs de Club-des-pins
Point Net
Publié dans Le Temps d'Algérie le 25 - 06 - 2012

De toutes ses «années de plage», Kader n'a pratiquement connu que Club-des-pins. Il habitait et habite toujours Chéraga et cette plage était comme qui dirait un choix arbitraire, avant de se transformer au fil du temps en tenace habitude. Ses premières trempettes de gamin, c'était pourtant à La Madrague que son défunt père affectionnait particulièrement, mais quand on habite Chéraga, on vole très tôt de ses propres ailes.
A dix ans donc, Kader partait déjà avec les enfants du quartier passer de longues journées à partager entre de périlleuses baignades et d'interminables parties de foot au bord de l'eau. Il avait horreur de s'allonger sur le sable brûlant pour offrir son corps aux rayons du soleil mais il fallait bien bronzer. Sinon, il deviendrait la risée du quartier et plus tard à la rentrée scolaire, la curiosité des élèves de sa classe.
Quand on habite Chéraga, il est interdit de se la ramener en septembre la peau blanche comme un cachet d'aspirine. A moins de supporter un statut de «cave» auquel Kader préférait la mort. Ses parents n'étaient ni riches ni pauvres, mais Kader allait se baigner à Club-des-Pins chaque été.
Et parfois avant, quand la chaleur décide de se moquer du calendrier, ou quand la bande de joyeux lurons qu'il fréquentait a l'idée de faire un pied de nez à l'habitude.
Le socialisme, d'Algérie et d'ailleurs, n'était pas un exemple de bonheur, il y avait les riches et les pauvres, le pays était sclérosé mais tout le monde pouvait piquer une tête à Club-des-Pins.
Il se rappelle des gros sandwiches aux poivrons et aux œufs durs qu'il allait avaler avec ses copains dans un coin isolé de façon à échapper au regard d'estivants plus prospères mais il se rappelle aussi qu'avec eux, il partageait quand même le même sable et se faisait soulever par les mêmes vagues. Comme tous les enfants dont les parents ne sont ni riches ni pauvres, Kader a grandi. Un peu plus lentement que les pauvres et beaucoup moins rapidement que les riches.
Il ne manque pas d'intelligence mais il a fait des études courtes au grand dam de son père qui a toujours cru que son rejeton était un génie qui pouvait aller très loin dans le savoir. Kader est «technicien supérieur», un diplôme qu'on pouvait préparer sans le bac et qui offrait l'avantage d'être tout de suite «opérationnel».
On faisait son stage de fin d'étude dans une entreprise nationale, administrativement sommée de vous garder pour y travailler. Oui, le socialisme n'était pas un exemple de bonheur, mais on pouvait se baigner à Club-des-pins et avoir du boulot par injonction politique. Kader a travaillé sur un chantier pétrolier perdu entre In Amenas et Bordj Omar Driss. Il n'est toujours ni riche ni pauvre mais il est de ceux qui ne sont pas mécontents de leur parcours.
Il y a une phrase qu'il aime particulièrement répéter : «J'ai bien gagné ma vie.» Un bon salaire qui lui a permis d'agrandir la petite maison familiale de façon à se faire un étage à lui tout seul, une charmante épouse, médecin, d'adorables enfants et une santé éclatante qui lui permet de «bricoler» maintenant qu'il a pris sa retraite.
Cela fait longtemps que Kader n'a pas été à la plage en Algérie. Il ne sait pas si c'est vraiment le cas mais il répétait toujours la même chose à ses enfants qui le suppliaient de les accompagner : «Pourquoi, il reste des plages dans ce pays ?» Pourtant, quand Kader disait cela, il ne pensait jamais à la plage de son enfance, depuis longtemps inaccessible aux Algériens «normaux». Il devait même penser qu'au vu du niveau de savoir-vivre des gens qui la squattent, elle doit être encore plus pourrie que les autres !
Kader fait toujours trempette. A Tunis ou à Izmir. C'est souvent une semaine ou dix jours mais c'est suffisant pour lui, même si c'est trop court pour les enfants. «Une poignée d'abeilles vaut mieux qu'une ânée de mouches», est l'une de ses citations préférées. Jeudi passé, alors qu'il se prélassait sur son fauteuil en face de la télé, les enfants sont venus «lui parler». Concertation dans la cuisine, désignation de la petite dernière comme porte-parole, ton solennel et tout ce qui sied aux situations graves étaient de la partie.
«Papa, demande à ton copain ministre de nous faire des cartes d'accès à Club-des-Pins !» Tel était le message exprimé par la petite dernière au nom de toute la «délégation». Quand les enfants ont regardé leur papa dans les yeux, ils ont tous compris la même chose : ils ne l'ont jamais vu aussi malheureux. Ils ont compris. «Pourtant, ils ne savent pas que dans une autre vie, mon copain ministre partageait avec moi les sandwiches aux poivrons et aux œufs durs.»


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.