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Colère, frustration et politisation du mouvement des chômeurs
Laghouat
Publié dans Le Temps d'Algérie le 07 - 04 - 2013

Colère et frustration, c'est la première impression que nous délivrent en brut les chômeurs lors de notre périple dans le sud au cours de notre première escale «laghouatie», la wilaya aux multiples potentialités, agricoles notamment, mais désertée par des projets porteurs et créateurs d'emplois.
Bien après pourtant, ce sont les contestations qui ont rythmé et rythment encore le quotidien de «la porte du désert», comme l'appellent jalousement ses habitants, même les moins jeunes, qui commencent à évoquer ici et là le passé historique de leur cité.
«On ne doit pas s'arrêter à cela, mais les manifestations doivent quand même un jour cesser. Mais pas avant d'arracher notre droit au travail», semble suggérer en substance Belkacem Khencha, coordinateur régional du CNDDC basé à Laghouat qui a bien voulu étaler au Temps d'Algérie ses «quatre vérités».
Mais avant tout, l'organisation et la structuration du mouvement semble être l'urgence et le credo de l'heure, selon ce qui ressort de ses propos. «Nous faisons un travail de sensibilisation. On nous appelle de partout», dit-il, avant de révéler le fond de sa pensée : une meliouniya à El Mouradia.
«Un grand rassemblement», dit-il, chargé de symbolique. La symbolique ne réside pas dans le fait d'aller battre le pavé à Alger. Ceci a déjà été fait par le passé. C'est surtout le fait que les coordinateurs comptent aller marcher à Tizi Ouzou, «très bientôt en réponse à l'appel de leur collègues», avant la marche prévue à Alger.
«C'est pour montrer à nos détracteurs que nous ne sommes pas des séparatistes», justifiera Belkacem. Il dira pour clore ce volet que le rassemblement d'Alger aura bien lieu une fois qu'ils auront achevé l'opération de structuration toujours en cours et assuré une mobilisation record de personnes pour le jour J. «Nous jaillirons de nulle part», ironise ce chômeur père de famille qui réside dans un logement social avec sa femme et ses quatre enfants en bas âge.
«On ne peut pas chasser Ali Belhadj»
Les mesures de Sellal ne semblent pas encore avoir porté leurs fruits et ce mouvement continue d'être pressé pour avoir «le jus». «Il ne veulent pas éradiquer le chômage. C'est nous qu'ils veulent éradiquer», juge Belkacem qui radicalise ses propos.
«Pour éradiquer le chômage, il faut cesser de dilapider les biens de l'Etat et du peuple.». Une incursion dans le champ politique qu'il assume volontairement tout en expliquant que la revendication sociale est aussi politique.
«On est des gens d'une seule cause et la nôtre est connue (emploi)», tempère-t-il, tout en rejetant les accusations «d'appartenance à El Qaïda» dont sont accablés certains membres du mouvement aux accoutrements il est vrai islamistes, ainsi que les tentatives de récupération de leur mouvement par certaines parties. «On ne peut pas chasser ceux qui veulent nous soutenir», fera observer Belkacem qui évoque notamment le FFS et… Ali Belhadj qui a été renvoyé aux portes de la ville par les forces de l'ordre, apprend-on lors de la dernière manifestation de Laghouat.
Quid alors des députés venus en délégation, et «chassés» des villes du sud ? «Ils ne sont même pas légitimes pour notre interlocuteur qui dit inscrire la cause des chômeurs de plain-pied dans la chose politique. Nous faisons la différence entre un discours et une action politique», argue-t-il.
En tous les cas, le mouvement qui s'appuyait à ses débuts sur le Snapap pour mener à bien ses premières actions se politise de plus en plus et revendique sa non-appartenance à une quelconque structure partisane ou autre. «La mobilisation grandissante des chômeurs en est la meilleure preuve et ce ne sont pas les cellules parasitaires que veut créer l'UGTA qui vont nous démobiliser».
Le bureau de l'Anem fermé depuis 8 jours
La ville de Laghouat est, ces jours-ci, plutôt calme, contrairement aux semaines précédentes. Mais les signes d'une reprise sont là. Le bureau de l'agence de wilaya de l'Anem est en effet fermé depuis une semaine. Des banderoles accrochées au portail de la structure renseignent on ne peut mieux sur le désespoir de ces jeunes désorientés qui se sont précipités dès qu'on a approché l'un d'eux pour en savoir plus.
La tension commençait à monter et certains ont même tenu à montrer leur colère en essayant, à l'aide de barres de fer, de défoncer le portail, alors que d'autres tentent d'appeler au calme. Aucune intervention des forces de l'ordre. «Nous allons fermer la wilaya s'il le faut.
Nous le ferons», menace un chômeur au teint mat visiblement excédé par la hogra. Nous restons quelque temps avec eux et l'un d'eux lâche : «Vous devez nous aider !» Certains de ces sans-emploi et ex-chômeurs arrêtés à l'occasion de précédentes manifestations viennent de sortir de prison et risquent d'y retourner (voir portrait). Ils se croisent souvent aussi au niveau du siège de la Ligue des droits de l'homme (Laddh) pour d'éventuelles actions à entreprendre.
De par l'assistance surtout juridique qu'elle leur fournit, notamment par le biais de ses avocats quand ils sont poursuivis en justice, comme nous l'explique Farouk Slimani, un de ses membres, la Laddh est «respectée» par les chômeurs. «C'est la seule avec le réseau Raddh de Me Ahmine qui défende la cause des chômeurs».
«Nous ne voulons pas tous travailler à Sonatrach»
Ces sans-emploi, contrairement à certaines accusations, ne veulent pas tous travailler à Sonatrach, avons-nous appris de plusieurs d'entre eux. Et ce n'est pas l'urgence de trouver un emploi qui leur dicte cela. «Une terre aussi fertile mais en jachère ne peut être travaillée que par les siens», nous dira Belkacem avec lequel nous avons fait la tournée de ces grands espaces où ont déjà poussé plusieurs sortes de plantes, y compris l'olivier.
De vastes terrains agricoles, soutiennent les chômeurs, ont été attribués au dinar symbolique aux «étrangers» et aux nantis, évoquant là aussi, comme pour la sous-traitance, «les lobbies» de l'Ansej qui verse dans le même type de pratique. A la direction de l'agriculture, c'est plutôt la sérénité et l'on nous a assuré que tout fonctionne normalement et que des moyens colossaux allaient être consentis pour aider ceux qui désirent s'y investir. «Des paroles en l'air», contestent les chômeurs, qui ne baissent donc pas les bras quant à la nécessité de «l'emploi pour tous».
Application des mesures Sellal : le silence de la wilaya
Pour en savoir plus sur les mesures prises par le premier ministre Abdelmalek Sellal, qui mieux que la wilaya destinataire d'une instruction «expresse» peut nous renseigner sur l'état d'avancement sur le terrain de ces «promesses» ? Nous nous y sommes rendus. Notre satisfaction quant à l'accueil chaleureux qui nous a été réservé et dont sont pourtant réputés les gens du sud a été de courte durée.
La réponse «froide» du chargé de communication de la wilaya vers lequel nous avons été orientés après avoir cherché à voir «pour dix minutes» le wali ou son chef de cabinet est décevante, d'autant qu'il reconnaît une manière de communiquer toujours trop bureaucratique propre à nos institutions. «Je vous comprends très bien, mais il aurait fallu, c'est la règle chez nous, prendre rendez-vous d'avance.
La direction de votre journal se devait de nous contacter», dit-il sèchement. En sortant, un peu déçus de la «non-communication officielle», d'autres jeunes étaient aux aguets devant le siège de la wilaya. Ces derniers accompagnés par quelques personnes âgées de certains quartiers de la ville en signe de soutien ne sont pas dans le groupe des chômeurs. Ce sont des demandeurs de logements déçus aussi des «promesses en l'air» du chef de daïra qu'ils venaient voir pour leurs dossiers de demande.
Cette coïncidence est le signe que la contestation tend à s'élargir de jour en jour et que la solution n'est ni dans la précipitation ni dans les beaux discours, mais dans la pratique. Notre escale «laghouatie» s'achève ainsi dans…l'essoufflement. Et pourtant, la route est encore très longue.


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